Alors que la grève sur la réforme des retraites bat des records de longévité, s’est ouvert ce matin un nouveau round de négociations. Ce qu’il faut retenir de la multilatérale qui s’est tenue ce mardi matin au ministère du travail. Les réactions des partenaires sociaux, les annonces du gouvernement.
Au 34e jour de la grève dans les transports publics en France, gouvernement et partenaires sociaux ont renoué le dialogue ce mardi 7 janvier au ministère du Travail pour tenter de dégager le “compromis rapide” souhaité par Emmanuel Macron dans un calendrier très contraint. Le Premier ministre a annoncé qu’il réunirait les partenaires sociaux vendredi à Matignon pour décider du contenu de la “conférence de financement” du futur système de retraites par points. Une idée avancée dimanche par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Edouard Philippe a par ailleurs précisé le calendrier législatif de la réforme.
Les réactions des partenaires sociaux
Laurent Berger (CFDT) : “On note la volonté d’ouverture sur le financement”
“On note la volonté d’ouverture des discussions sur la question du financement des systèmes de retraite. Cette ouverture doit maintenant aller plus loin en rejetant du projet de loi la question de l’âge pivot” a déclaré Laurent Berger à sa sortie. “Si l’objectif de cette conférence de financement ou de la réunion de vendredi c’est de recycler l’âge pivot ou de négocier autour de l’âge pivot, la réponse est ‘non’ pour la CFDT”, a-t-il prévenu.
François Hommeril (CFE-CGC) : “il n’y a aucune avancées“
“il n’y a strictement aucune avancée” dans les négociations”. “C’est l’écran de fumée depuis 2 ans” a indiqué François Hommeril à l’issue de cette première réunion. Le président de la CFE-CGC, a regretté une “opération un peu cousue de fil blanc”. “Nous n’avons pas d’étude d’impact sur la réforme des retraites, c’est obligatoire, c’est écrit dans la Constitution”, a-t-il souligné.
Michel Beaugas (FO) : “Nous irons aux réunions, mais on ne nous fera avaler la réforme des retraites”
Tout en souhaitant que le gouvernement “arrête la pendule au vu du nombre et de l’ampleur des dossiers sur lesquels s’ouvrent les concertations“, Michel Beaugas qui a rappelé l’opposition de sa centrale au projet de réforme des retraites dont elle exige le retrait, a précisé que son organisation participerait aux discussions au ministère du Travail avec Agnès Buzyn, au secrétariat d’Etat à la Fonction publique avec Olivier Dussopt, tout comme chez le Premier ministre. ” Nous irons vendredi matin à la réunion à Matignon, mais ce n’est pas pour ça qu’on nous fera avaler la réforme des retraites” a expliqué Michel Beaugas.
#reformedesretraites "FO a pris connaissance des annonces du #PremierMinistre ce matin. Elle appelle solennellement le gouvernement à arrêter le processus législatif et réaffirme son opposition résolue au régime unique par points" indique la confédération dans un communiqué pic.twitter.com/ZQsRwYkMIC
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 7, 2020
Laurent Escure (Unsa) : “Je ne veux pas mélanger les revendications qu’on porte, avec des revendications jusqu’au boutistes”
Au sortir de la réunion au ministère du Travail, le secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure, a de nouveau demandé le retrait de l’âge pivot du projet de réforme des retraites. ” D’ici là on reste mobilisé pour continuer à dénoncer l’ajout d’une mesure punitive à la réforme” a-t-il ajouté. Interrogé sur la participation de l’Unsa à la mobilisation du samedi 11 janvier , à l’appel de la CGT, FO, la CGC, la FSU et de Solidaires, le syndicaliste l’a exclu, indiquant : “Je ne veux pas mélanger les revendications qu’on porte, très claires avec des revendications de certains jusqu’au boutistes”, visant sans le nommer le secrétaire général des cheminots CGT, Laurent Brun. Et d’ajouter : “On reste mobilisés, par toutes les formes d’action pour dénoncer ces mesures d’équilibre, tant que les clarifications n’auront pas lieu.”
Catherine Perret (CGT) : “Les propositions ne sont pas de nature à arrêter la grève“
La CGT, fer de lance avec FO de deux nouvelles journées de mobilisation interprofessionnelle jeudi et samedi, continuent pour sa part de réclamer le retrait pur et simple du projet. “Les propositions du gouvernement ne sont pas de nature à arrêter la grève”, a réagi Catherine Perret, membre du bureau confédéral de la CGT chargée des retraites “Quelques soient les modalités retenues cela conduit à travailler plus longtemps et à des retraites plus basses”. La CGT décidera si elle participe ou pas à la réunion de vendredi ” a t-elle ajouté à sa sortie du ministère du travail.
FO et Solidaires : “un boycott de la réunion sur la pénibilité”
#Fonctionpublique Les syndicats FO et Solidaires ont décidé de boycotter la réunion de demain sur la pénibilité avec @olivierdussopt et @pietraszewski_l a-t-on appris cet après-midi #Retraites pic.twitter.com/6dzZuElX6w
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 7, 2020
Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : “Non à un système en deux temps“
A la question d’une conférence de financement vendredi, le patron du Medef a répondu “Pourquoi pas”, mais “à deux conditions.” La première est que “tous les chiffres soient sur la table“, a t-il indiqué. La seconde position posée est que “le calendrier soit court”, c’est-à-dire que la solution d’équilibre soit contenue dans le projet de loi quand il sera voté au Parlement, fin avril-début mai, a indiqué M. Roux de Bézieux. “Nous ne sommes pas favorables à un système en deux temps où on aurait d’abord la réforme (les dépenses) et ensuite on discuterait à l’été ou après l’été des recettes“, a t-il insisté.
Les annonces du gouvernement
Edouard Philippe annonce une réunion vendredi sur le financement des retraites
“Reprenant l’idée qui avait été évoquée par Laurent Berger (CFDT), j’ai proposé à l’ensemble des organisations syndicales et patronales de nous retrouver vendredi matin, pour réfléchir ensemble à ce que pourrait être cette conférence du financement”, a indiqué le Premier ministre.
Le Premier ministre précise le calendrier législatif de la réforme
A l’issue de la réunion, le chef du gouvernement a également précisé le calendrier législatif. La présentation du texte en Conseil des ministres aura lieu dès le 24 janvier. Comme l’a révélé Le Parisien la veille, le projet de loi a été envoyé au Conseil d’État, compte tenu du calendrier resserré. Édouard Philippe a également indiqué avoir rappelé aux partenaires sociaux la manière dont le gouvernement pourrait prendre en compte d’ici le 24 janvier, tout comme dans toute la séquence parlementaire les points d’accord qui pourraient se nouer.
L’examen en séance publique à l’Assemblée nationale débutera le 17 février et deux semaines seront réservées aux débats en hémicycle, ce qui suppose un examen en commission spéciale dès la première quinzaine du mois. “Ce qui nous permettra après un examen ultérieur au Sénat et peut-être une deuxième lecture dans les deux chambres, de respecter l’engagement que j’avais pris d’un projet de loi adopté avant l’été par le Parlement », a rappelé le Premier ministre.
Plus tôt dans la journée, le locataire de Matignon, invité de la Matinale, avait indiqué sur les ondes de RTL : “J’assume de prendre mon temps… le calendrier sera respecté… le texte sera adopté au mois de mars à l’Assemblée nationale”
#reformedesretraites : @EPhilippePM "J'assume de prendre mon temps… le calendrier sera respecté… le texte sera adopté au mois de mars à l'Assemblée nationale" #RTLMatin pic.twitter.com/3YN7UlwNj0
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Avant l’ouverture de cette réunion, Edouard Philippe a fait un pas vers la CFDT en se disant sur RTL “ouvert à des discussions sur beaucoup de sujets” dont celui de la “conférence de financement” proposée par la centrale de Laurent Berger.
Muriel Pénicaud “Nous allons voir comment améliorer les mécanismes prenant en compte la pénibilité”