Sénatoriales 2020 : ce qu’il faut savoir

Comme tous les trois ans, la moitié des sièges du Sénat va être renouvelée, ce dimanche 27 septembre. Quelques 87.000 grands électeurs, principalement les délégués des des conseillers municipaux, sont appelés à élire 172 sénateurs. Les deux tiers sont élus à la proportionnelle, les autres au scrutin majoritaire. Mode d’emploi, enjeux, “points chauds“ : ce qu’il faut savoir sur cette élection atypique.

C’est une élection particulière qui se tient ce 27 septembre. Elle va permettre le renouvellement de la moitié des membres du Sénat, dominé par l’opposition de droite. Cette année, 172 sièges sur 348 sont remis en jeu, dans 59 départements et quatre collectivités d’Outre-mer.

Une élection au suffrage indirect

Les sénatoriales disposent d’un mode d’élection original. Les sénateurs ne sont pas élus comme les députés au suffrage universel direct, c’est-à-dire par les Français, mais au suffrage universel indirect. Seuls les “grands électeurs“, au nombre d’environ 87.000, sont concernés par ce scrutin qui se tient sur une seule journée. Les sénateurs sont ainsi élus par les députés et sénateurs de la circonscription, les conseillers régionaux et départementaux et surtout les délégués des conseils municipaux, qui représentent 95 % du collège électoral.

Le nombre de ces délégués dépend de la taille de la commune : de 1 délégué pour les conseils municipaux de 7 à 11 membres à 15 délégués pour ceux de 27 à 29 membres. Dans les communes de plus de 9.000 habitants, tous les conseillers municipaux sont délégués de droit. Dans les communes de plus de 30.000 habitants, des délégués supplémentaires sont désignés. Les sénateurs représentant les Français de l’étranger sont, eux, élus par un collège spécifique.

63 départements concernés

Le Sénat est renouvelable par moitié tous les trois ans. Elus pour six années, les sénateurs sont répartis en deux séries. Ce dimanche 27 septembre, 172 sénatrices et sénateurs de la série 2 seront élus ou réélus. Parmi les sièges à pourvoir, 112 sont occupés aujourd’hui par des hommes et 60 par des femmes.

Soixante-trois départements au total sont concernés par le renouvellement.

  • 58 départements métropolitains allant de l’Ain (01) à l’Indre (36) et du Bas-Rhin (67) au territoire de Belfort, hors Ile-de-France,
  • un département d’outre-mer : la Guyane ;
  • 4 collectivités d’outre-mer : les îles Wallis et Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et la Polynésie française

Six des douze sénateurs représentant les Français à l’étranger, présents dans la série 2, feront ultérieurement l’objet d’une élection complémentaire, en raison du report des élections consulaires lié à l’épidémie de covid-19.

1453 candidats en lice

Un total de 1.453 candidats est en lice. Avec une moyenne d’âge d’un peu plus de 55 ans, le candidat le plus jeune est Rémi Berthoux, en dernière position sur une liste RN dans le Rhône : il aura 24 ans le jour des sénatoriales, âge minimum requis pour ce type d’élections. Le plus âgé est Pierre Laffitte (95 ans et 8 mois), en avant dernière position dans les Alpes-Maritimes. Les femmes représentent 43,8 % du total des candidats. Sur les 200 listes au scrutin proportionnel, 55 (soit 27,5 %) ont une femme comme tête de liste. Pour le scrutin majoritaire, 65 titulaires sont des femmes (27,3 %).

Deux modes de scrutin

Cette élection atypique combine deux modes de scrutin, proportionnel et majoritaire.

Le scrutin à la représentation proportionnelle

Le scrutin proportionnel est appliqué dans les départements élisant trois sénateurs et plus, selon la règle de la plus forte moyenne (sans panachage ni vote préférentiel). Il s’agit des départements les plus peuplés. Trois sénateurs sur quatre sont élus via ce mode de scrutin. Pour les élections de 2020, il concerne 29 circonscriptions, soit 113 sièges. Chaque liste doit être composée alternativement d’un candidat de chaque sexe. Sur les 200 listes au scrutin proportionnel, 55 (soit 27,5 %) ont une femme comme tête de liste.

Le scrutin majoritaire à deux tours

Ce scrutin s’applique dans les circonscriptions élisant un ou deux sénateurs au plus. Il s’agit des départements les moins peuplés. En général, un seul nom, avec un(e) suppléant(e) est présenté. Mais il est théoriquement possible de présenter un binôme. Trente quatre circonscriptions sont concernées en 2020 par ce mode de scrutin, soit 59 sièges. Depuis 2014, le candidat et son suppléant doivent être de sexe différent.

Pour être élu au premier tour, il faut obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix égal au quart des électeurs inscrits. À défaut, un second tour est organisé, où la majorité relative suffit. En cas d’égalité des suffrages, le plus âgé des candidats est élu

Le premier tour se tient entre 8h30 et 11 heures, le second entre 15h30 et 17h30.

Les “points chauds“

Paris n’est cette année pas concerné par le renouvellement de ses sénateurs. Pour autant, le scrutin sera scruté à la loupe dans d’autres départements, dans lesquels de grandes villes ont basculé lors des municipales. C’est le cas notamment dans les Bouches-du-Rhône, le Rhône ou encore dans le département de la Gironde, où Marseille, Lyon et Bordeaux ont viré au vert.

L’attention se portera également sur le sort de plusieurs personnalités candidates à un nouveau mandat : les présidents du groupe LR Bruno Retailleau en Vendée ou celui du groupe LaREM François Patriat, en difficulté en Côte d’Or. Deux ministres sont par ailleurs en lice : Sébastien Lecornu (Outre-mer), tête de liste divers centre dans l’Eure, et Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme), sous l’étiquette la République en Marche (LaREM), dans l’Yonne.

Les enjeux

Les résultats des dernières municipales laissent présager une stabilité des grands équilibres au Sénat. Actuellement, la droite contrôle l’hémicycle, grâce à l’alliance entre les groupes Les Républicains (144 sièges) et Union centriste (51 sièges).

Un rapport droite-gauche inchangé ?

Avec 75 sièges sur 143 renouvelables, Les Républicains (LR), groupe majoritaire avec les centriste (24 renouvelables sur 51), devrait assurer sa prééminence, fort de son implantation territoriale. Selon une source interne au parti, LR table sur une fourchette de 138 à 148 sièges dans le nouvel hémicycle. “Le résultat des municipales peut nous mettre en difficulté dans deux ou trois départements comme la Gironde, mais vu la masse de petites et moyennes villes, le corps électoral n’a pas beaucoup changé pour nous“,  déclare le sénateur LR Roger Karoutchi.

A gauche, le Parti socialiste qui compte aujourd’hui 71 sièges, espère rester le deuxième groupe en nombre, avec 35 sièges renouvelables sur 71. Sur l’ensemble du territoire, il pense perdre 5 à 10 sièges et en gagner entre 5 et 8, soit une prévision de 66 à 74 sièges.

Un groupe “vert“?

C’est la grande inconnue de ce scrutin. Forts de leur bon score aux municipales, les écologistes, peuvent-ils espérer pouvoir reformer un groupe, après sa disparition en 2017 ?  Europe Ecologie Les Verts (EELV ) doit atteindre pour cela le seuil minimum prévu de 10 élus.

Dans ce but, les Verts peuvent d’ores et déjà compter sur une poignée de sénateurs dispersés dans plusieurs groupes, et dont les sièges ne sont pas remis en jeu. En Gironde, où neuf listes s’affrontent, les écologistes espèrent aussi emporter un siège avec Monique de Marco (EELV). Parmi les autres départements cibles : l’Ille-et-Vilaine et la Haute-Savoie. “On n’ira pas à quinze sénateurs, mais on va être entre 10 et 15“, résume Hélène Hardy, déléguée aux élections chez EELV et membre du bureau exécutif.

Un challenge compliqué pour les macronistes

Après des législatives partielles catastrophiques, dimanche dernier, et une crise de gouvernance interne, La République en marche (LaREM) aborde ces élections sénatoriales dans une position délicate (10 sièges renouvelables sur 23).

Pour le parti présidentiel qui a raté a raté le Grand chelem dans la foulée des élections législatives lors du précédent renouvellement sénatorial de 2017, la situation s’annonce compliquée.  Tous lui prédisent une déroute, au vu des mauvais résultats enregistrés par les macronistes lors des municipales. Le parti présidentiel pourrait toutefois grappiller quelques sièges auprès des macron-compatibles, au sein des autres groupes : centriste, RDSE à majorité radicale, Indépendants, voire chez Les Républicains ou les socialistes.

Le RN bouté du Sénat ?

Depuis la démission en 2017 du maire de Fréjus, David Rachline, pour cause de cumul des mandats et du départ de sa remplaçante qui a quitté le parti, le Rassemblement National (RN) ne dispose plus au Sénat que d’un siège, celui du maire du 7e secteur de Marseille, Stéphane Ravier, fortement menacé après la contre-performance de l’élu aux municipales. Le Rassemblement national pourrait donc disparaître du paysage du Sénat lors de ce renouvellement, même s’il ne désespère pas de récupérer le siège jadis conquis par David Rachline dans le Var, ou d’une bonne surprise dans les Alpes-Maritimes.

 

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