Le compte à rebours est lancé. Dans sept jours, les électeurs américains choisiront leur 46e président. Une élection parfois complexe vu de l’autre côté de l’Atlantique. Le recours à un collège de grands électeurs est une des particularités du vote yankee. Décryptage de la mécanique électorale.
Donald Trump le républicain ou Joe Biden le démocrate ? Ce sera aux Américains de choisir, le 3 novembre prochain. Pour élire leur président, les Etats-Unis ont adopté un mode de scrutin bien différent de celui de la France : le suffrage indirect.
Si les “ballot“, les fameux bulletins de vote, portent bien le nom des candidats à la présidence, les américains votent en réalité ce jour là dans chacun des 51 états, pour élire leurs représentants : les grands électeurs. Une fois le scrutin du 3 novembre passé, ce sera à ces derniers de confirmer le vote populaire le 14 décembre prochain. Autrement dit, les électeurs élisent des “grands électeurs“, qui à leur tour composent le collège électoral qui élit par la suite le président et le vice-président.
Une particularité inscrite dans la Constitution américaine (art. 2 Section 1), qui remonte aux origines. En 1787, au moment de la rédaction de la Constitution, les Pères fondateurs des États-Unis ont fait le choix d’une élection indirecte du Président des États-Unis, redoutant les distorsions qu’un poids démographique aurait donné au vote, en favorisant les États les plus peuplés.
538 grands électeurs
Créé par le 12e amendement de la Constitution, le Collège électoral se compose de 538 grands électeurs, répartis dans les 51 états. Le nombre de ces grands électeurs dans chaque état est égal au nombre de députés que cet chacun élit à la Chambre des représentants, augmenté de deux sénateurs envoyés à Washington.
Ce nombre varie donc en fonction de la population de chaque état et suit l’évolution démographique que mesure tous les dix ans le recensement national. Le total reste lui invariable. Il est fixé à 538 : les 435 députés, plus les 100 sénateurs, plus trois grands électeurs pour Washington DC.
Il découle de ce système que les Etats les plus peuplés déterminent largement le cours du scrutin présidentiel. Selon le recensement de 2010 qui sert de référence pour les élections de 2020, le gros lot de cette présidentielle demeure la Californie, forte de 55 grands électeurs. En deuxième position avec 38 élus, le Texas qui a détrôné New York depuis la présidentielle de 2016, partage la troisième place avec la Floride (29). Suivent ensuite, la Pennsylvanie et l’Illinois (20), l’Ohio (18), la Géorgie et le Michigan (16), la Caroline du Nord (15). Les 7 États les moins peuplés comme l’Alaska, le Wyoming, le Montana ou le Vermont… ont quant à eux chacun, 3 grands électeurs.
La règle du “Winner Takes It All“
Chacun des 51 états est libre de déterminer le mode d’attribution des grands électeurs, entre les différents candidats à la Présidence. Mais, dans la plupart d’entre eux, c’est toutefois la règle du “Winner take all“ (Le vainqueur remporte tout) qui prévaut. Cela implique qu’un état peut basculer dans un camp ou l’autre, même pour une seule voix. Le candidat arrivé en tête du scrutin rafle en effet tous les Grands électeurs de l’État. Et ce, quel que soit le nombre de votes obtenu par le parti adverse. Ainsi par exemple, un candidat reçoit au moins 22 votes du Collège électoral de la Floride, il récupèrera les 29 votes de cet état crucial.
Seuls les états du Maine et du Nebraska ont adopté un système différent basé sur la proportionnelle. Depuis 1992 pour le premier et 1972, pour le second, ils utilisent ce qui est considéré comme un système de vote par division pour l’attribution de leurs voix électorales
Des états rouges et bleus
Certains états qui élisent massivement des démocrates aux bureaux nationaux et fédéraux, sont considérés comme des “états bleus“ et ceux qui votent largement pour le Parti républicain sont appelés “états rouges“. Les candidats du Parti démocrate, au moins au cours des deux ou trois dernières décennies, ont ainsi presque toujours remporté la Californie (55 voix), le Connecticut (7), le district de Columbia (Washington, DC; 3), le Delaware (3), Hawaï (4), Illinois (20), Maine (4), Maryland (10), Massachusetts (11), Minnesota (10), New Jersey (14), Nouveau-Mexique (5), New York (29), Oregon (7 ), Rhode Island (4), Vermont (3) et Washington (12).
Les républicains, en revanche, ont tendance à recueillir les voix électorales de l’Alabama (9), de l’Alaska (3), de l’Arkansas (6), de l’Arizona (11), de la Géorgie (16), de l’Idaho (4), de l’Indiana (11), du Kansas (6), Kentucky (8), Louisiane (8), Mississippi (6), Missouri (10), Montana (3), Nebraska (5), Dakota du Nord (3), Oklahoma (7), Caroline du Sud (9) , Dakota du Sud (3), Tennessee (11), Texas (38), Utah (6), Virginie-Occidentale (5) et Wyoming (3).
L’addition des votes électoraux de tous ces États montre que, à quelques jours de la fin du scrutin présidentiel, que le candidat du Parti démocrate Joe Biden a probablement déjà 201 voix électorales à son nom, tandis que le président Trump peut probablement revendiquer 191 votes électoraux. En grande partie, sans qu’aucun des candidats n’ait eu à faire campagne dans l’un ou l’autre de ces des États.
Un chiffre à retenir : 270
Chaque candidat a besoin de la moitié du total des voix de grands électeurs, plus une, pour remporter l’élection. Concrètement, il doit donc avoir recueilli 270 voix. En cas d’égalité des voix entre les deux candidats, il reviendra à la Chambre des représentants de désigner le nouveau président (et au Sénat de choisir le vice-président).
La carte interactive des prévisions
Mise à jour trois fois par jour, cette carte interactive suit le décompte des voix pour l’élection présidentielle de 2020 en fonction des sondages . La marge électorale de 2016, arrondie au 1% près, est utilisée lorsqu’il n’y a pas de scrutin.
La couleur “bronze“ est placée là où aucune des parties n’a actuellement 60% ou plus de chances de gagner. Les dégradés colorés sont utilisés pour montrer des probabilités plus élevées, s’approfondissant à mesure que la probabilité de gagner augmente: Faible (60% +), Probable (75% +), Sûr (95% +). Utilisez la fonction de chronologie pour afficher la carte en fonction de la mise à jour finale chaque jour. Cette carte peut être aussi utilisée pour créer et partager vos propres prévisions électorales pour la présidentielle américaine 2020.
Une victoire ou une défaite qui peut se jouer dans un seul état ?
Ce système de grands électeurs implique t-il que la victoire ou la défaite d’un candidat à la Présidence puisse se jouer dans un seul État ? Loin d’être hypothétique, cette situation s’est présentée plusieurs fois dans l’histoire. Cela a d’abord été le cas avec la Floride. Le 7 novembre 2000. le républicain, George W. Bush, obtient 500.000 voix de moins que le démocrate Al Gore après une campagne très disputée. En janvier 2001, le Texan s’installe pourtant à la Maison Blanche. Seize ans plus tard, le scénario se reproduit. En dépit d’une avance de près de 3 millions de voix sur l’homme d’affaires américain, Hillary Clinton perd en 2016 la présidentielle. Donald Trump devenant le 45e président des États-Unis.