Il ne manquait que les votes de l’Autriche et de la Pologne pour ratifier définitivement “l’historique“ plan de relance européen de 672 milliards d’euros. C’est chose faite depuis jeudi. L’UE va ainsi pouvoir démarrer sa première émission de dette commune. Les premiers paiements, qui doivent permettre aux états membres de financer des projets d’investissements, sont attendus au mieux fin juillet.
Souvent critiqué pour la lenteur de sa mise en place, le plan de relance de l’UE pour surmonter les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, va enfin pouvoir être mis en oeuvre. Les deux derniers pays qui ne l’avaient pas encore fait, la Pologne et l’Autriche ont approuvé ce plan, permettant ainsi de conclure le processus de ratification de ce projet historique. “Avec les votes positifs des parlements autrichien et polonais aujourd’hui, les 27 Etats membres ont finalisé le processus parlementaire d’approbation“, a salué le commissaire européen au Budget Johannes Hahn sur Twitter.
With the successful votes in the #Austrian 🇦🇹and #Polish 🇵🇱Parliaments today, all 27 Member States have finalised now the parliamentary process of the #OwnResourcesDecision approval! 1/2
— Johannes Hahn (@JHahnEU) May 27, 2021
Ce plan conclu en juillet 2020, après de difficiles négociations est financé par un recours commun à l’emprunt, inédit, qui incarne la solidarité européenne face à la crise du Covid-19. Au total, 672 milliards d’euros de subventions et de prêts doivent être accordés aux pays membres de l’UE, dans le cadre d’un plan de relance global de 750 milliards d’euros. La ratification des Vingt-Sept était indispensable pour emprunter l’argent nécessaire sur les marchés. D’où l’importance du feu vert tardif de la Pologne et de l’Autriche. L’absence de signature d’un seul de ces deux pays, pouvait en effet faire “dérailler“ le projet.
Une première émission de dette commune
Avec l’accord des vingt-sept, l’UE va pouvoir démarrer en juin le processus historique d’émission de dette commune pour financer son plan de relance destiné à surmonter les conséquences économiques de la pandémie, a annoncé lundi 31 mai le Conseil européen dans un communiqué. Le plan de relance, baptisé “Next Generation EU“, “démarre demain (mardi) ! L’Union européenne est désormais en mesure d’obtenir le financement nécessaire“, s’est réjoui le premier ministre portugais, Antonio Costa, qui assure la présidence tournante de l’UE depuis janvier.
With the adoption also today by #Poland of the Decision on the system of own resources of the #EU, the ratification process is complete. The @EU_Commission can now borrow on the markets to finance the European Recovery Plan. It’s time to deliver!
— António Costa (@antoniocostapm) May 27, 2021
Concrètement, la Commission lance dès ce 1er juin “le processus d’émission de dette en réunissant des grandes banques internationales et européennes, et l’émission de titres aura lieu ce mois-ci“, a précisé lundi Clément Beaune, dans une interview aux Échos . Selon le le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, montant de la première émission de dette européenne se situera “autour de 10 milliards d’euros.“
Clément Beaune : « L'Europe est prête à lancer sa première dette commune » https://t.co/dduuyzeW9N
— Les Echos (@LesEchos) May 31, 2021
Des paiements fin juillet
Désormais chaque pays de l’UE a la possibilité de déposer à Bruxelles un plan d’investissements associés à des réformes structurelles. Dix-neuf Etats sur 27 ont déjà soumis le leur à la Commission, qui a deux mois pour les examiner et les approuver. Le Conseil européen aura ensuite un mois pour donner son feu vert. Les premiers paiements qui doivent financer des projets d’investissements des États membres ne sont prévus au mieux, que pour la fin juillet. Il s’agira de préfinancements représentant 13% des subventions totales. Les déboursements s’étaleront sur plusieurs années.
Afin de bénéficier d’un soutien financier, il est demandé aux pays de l’UE de définir un ensemble cohérent de projets, de réformes et d’investissements dans six domaines d’action:
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la transition écologique
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la transformation numérique
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la croissance intelligente, durable et inclusive et l’emploi
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la cohésion sociale et territoriale
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la santé et la résilience
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les politiques pour la prochaine génération, y compris l’éducation et les compétences
“L’objectif est que les fonds commencent à être versés cet été“, a déclaré le 22 mai le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, lors d’une réunion à Lisbonne. Il a promis que ses services allaient “essayer d’accélérer un peu“ leur processus d’évaluation. “Nous travaillons aussi vite que possible, mais ce sont des évaluations complexes“, a-t-il cependant prévenu. L’Espagne et l’Italie devraient être les principaux bénéficiaires avec près de 70 milliards d’euros chacune, devant la France (près de 40 milliards). L’argent doit permettre de financer la rénovation thermique de bâtiments, des projets ferroviaires, des bornes de recharge pour véhicules électriques, des réseaux de télécommunications à haut débit ou encore des infrastructures de stockage des données.
L’Europe souffre toutefois de la comparaison avec les Etats-Unis où des aides plus massives ont été débloquées plus vite, en raison d’une campagne de vaccination massive qui a permis au pays de prendre un temps d’avance. Présenté vendredi 28 mai, le budget du nouveau président des Etats-Unis pour 2022 atteint 6.000 milliards de dollars. Du jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale. Un budget hors normes, pour “réinventer“ l’économie américaine, comme l’a présenté Joe Biden.
Plan de relanceEtats-Unis : Avec un budget de 6.000 milliards pour 2022, Biden veut « réinventer l’économie américaine » https://t.co/faSGmuQHLs
— La Tribune (@LaTribune) May 29, 2021