Le centriste, Yaïr Lapid, chef de l’opposition israélienne, a indiqué mercredi soir qu’il disposait d’une coalition pour former un nouveau gouvernement, et déloger ainsi Nétanyahou, le Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël. Reste désormais à obtenir la confiance du Parlement.
L’annonce est tombée trente-cinq minutes avant la “dead line“ fixée mercredi 2 juin à 23h59. Elle a pris corps dans une photo historique sur laquelle apparaissent les trois nouveaux hommes forts d’Israel, à la tête de la coalition destinée à faire tomber le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, au pouvoir depuis 2009. A gauche, Yaïr Lapid, le chef de l’opposition israélienne, leader du parti centriste Yesh Atid. Au centre, Naftali Bennett, leader de l’extrême droite religieuse nationaliste, qui a fait de l’annexion de parties de la Cisjordanie, son mantra politique. A droite enfin, le Palestinien de citoyenneté israélienne, l’islamiste Mansour Abbas.
Après de “haletants pourparlers“, Yaïr Lapid, a appelé mercredi le président Reuven Rivlin pour lui dire être en mesure de pouvoir former un gouvernement “écartant Benyamin Nétanyahou du pouvoir“. “Ce gouvernement sera au service de tous les citoyens d’Israël, respectera ceux qui s’y opposent et fera tout en son pouvoir pour unir les différentes composantes de la société israélienne”“ a déclaré l’ancien journaliste au président Rivlin, selon le communiqué publié.
Le communiqué officiel de Yair Lapid publie sobrement l'accord de gouvernement signé par les huit partis engagés. pic.twitter.com/X1XJHSgpQt
— Frédéric Métézeau 📻 (@FredMetzo) June 2, 2021
Une coalition historique contre Nétanyahou
La coalition de partis d’opposition au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est “un amalgame de partis de tout l’éventail politique“ et “sonne la fin de douze années de Benyamin Nétanyahou au poste de Premier ministre“, relève Ynetnews. Une alliance qui va de la gauche aux nationalistes, et comprend un parti arabe. Elle est signée par les chefs de huit partis israéliens : deux de gauche, deux du centre, trois de droite et un arabe. Une première dans l’histoire d’Israel, comme l’écrit le quotidien Ha’Aretz, notant que “c’est la première fois depuis la naissance d’Israël qu’un parti arabe israélien a signé un accord pour faire partie d’un gouvernement” de l’État hébreu.
Naftali Bennett est pressenti comme futur Premier ministre dans le cadre d’une rotation au pouvoir prévue dans le projet de coalition. Le chef de file de la droite radicale, Naftali Bennett, sera Premier ministre jusqu’en septembre 2023, date à laquelle Yaïr Lapid lui succéderait jusqu’à la fin de la législature de la Knesset (le Parlement israélien), en novembre 2025.
En Israël, une coalition inédite capable de renverser Benyamin Nétanyahou, après douze ans de règne sans interruption https://t.co/i7vDTJvoMe
— Le Monde (@lemondefr) June 3, 2021
Un vote de confiance à la Knesset
Reste maintenant à “transformer l’essai“. Le futur “gouvernement de changement“ doit en effet encore faire l’objet d’un vote de confiance à la Knesset. Et “il n’est pas certain qu’il franchisse la ligne d’arrivée”, comme le note The Times of Israel. La coalition formée représentant 61 des 120 membres de la Knesset, c’est-à-dire une majorité très fragile.
🇮🇱Israël : le chef de l'opposition israélienne #YairLapid va devoir obtenir la confiance de la #Knesset après avoir réussi son pari en arrachant un accord pour un gouvernement de coalition.https://t.co/8K2Lf3hJoO
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) June 3, 2021
Tout n’est donc pas fini pour Netanyahou. Face au camp Lapid, l’actuel Premier ministre, son parti de droite, le Likoud, et ses avocats sont à la manœuvre pour tenter d’empêcher qu’un tel accord ait l’approbation de la Knesset. Alors qu’on ignore la date exacte de réunion du Parlement pour le vote de confiance, la presse israélienne a affirmé que le président de la Knesset, Yariv Levin (Likoud), pourrait être tenté de faire traîner de quelques jours supplémentaire l’organisation du vote, espérant dans cet intervalle des défections dans le camp anti-Netanyahou.
Ce gouvernement de coalition, s’il réussi à obtenir le vote de confiance du Parlement, pourrait alors mettre un terme à plus de deux ans de crise politique en Israël, avec à la clé quatre élections n’ayant pas jusque-là débouché sur un gouvernement stable.