Candidat à sa réélection, Emmanuel Macron a levé le voile ce jeudi sur son programme lors d’une conférence de presse. Baisse d’impôts, travail, chômage, sécurité, santé, école… Tour d’horizon des principales mesures annoncées par le président-candidat.
Quittant son costume de président pour celui de candidat, Emmanuel Macron a dévoilé ce jeudi son programme lors d’une conférence de presse. Une centaine de mesures résumées en 24 pages, présentées devant 300 journalistes – dont environ 70 médias étrangers . “Le projet que je souhaite vous présenter aujourd’hui, est à la fois le fruit d’une cohérence, d’émancipation, de progrès pour chacun, qui se nourrit des crises que nous avons traversées. C’est un projet avec ce qu’on veut faire et il faut ensuite affronter le monde tel qu’il vient“, a déclaré le chef de l’Etat en préambule.
Un projet présidentiel qui représente “un effort supplémentaire“ de 50 milliards d’euros, dont une baisse d’impôts de 15 milliards, a indiqué le locataire de l’Elysée. De nouvelles dépenses qui seront compensées selon l’aveu même du président candidat, par 15 milliards financés par le plein emploi et la réforme des retraites, 15 milliards par des réformes de simplification et 20 milliards de réduction de coût de fonctionnement.
Emmanuel #Macron précise que son projet représente un effort budgétaire de 50 milliards d'euros par an d'ici 2027 . Il s'engage à 15 milliards de baisse d'impôts à la même échéance, moitié ménages (travail, redevance) moitié entreprises (CVAE)
— Grégoire Poussielgue (@Poussielgue) March 17, 2022
Une baisse d’impôts de 15 milliards
Emmanuel Macron a annoncé une baisse d’impôts de 15 milliards d’euros, correspondant à la suppression de la redevance audiovisuelle et de la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. “Pour les cinq années qui viennent, je m’engage sur 15 milliards d’euros de baisses d’impôts moitié ménage, moitié entreprise“, a t-il précisé. “7 milliards avec la suppression de la CVAE et un peu plus de 7,5 milliards pour les ménages entre les différentes baisses d’impôt ménages que j’évoquais sur le travail, la redevance audiovisuelle et les différents aménagements que je viens de rappeler“.
Les baisses d’impôts vont donc se poursuivre, mais à un rythme moins soutenu, si le président sortant est réélu. Alors qu’en 2017, il envisageait une baisse de 32 milliards d’euros des prélèvements obligatoires, celle de 2022 est plus timorée. Il représente plus de trois fois moins, que les baisses effectives du précédent quinquennat.
A noter que les droits de succession seront modifiés pour “prendre en compte l’évolution des prix de l’immobilier“, a indiqué le candidat. En ligne directe, l’abattement passera de 100.000 à 150.000 euros. En ligne indirecte, un abattement sera créé pour les neveux, nièces, petits enfants et enfants de conjoints.
Plein emploi : un objectif à 5 ans
En “condition de l’indépendance“ de la France, Emmanuel Macron estime que “nous devons travailler plus“. Un enjeu qui sera, selon lui, possible grâce à l’objectif “atteignable du plein-emploi“ dans 5 ans. Le président candidat affirme viser cet objectif en continuant à simplifier et déconcentrer le dialogue social , mais aussi en continuant “la réforme de l’assurance chômage pour l’adapter à la conjoncture“.
Face à la “grande segmentation par public“ des institutions consacrées au retour à l’emploi, Emmanuel Macron souhaite mettre en place un “guichet unique“, intitulé “France Travail“, qui serait appelé à remplacer Pôle Emploi. “La volonté, c’est d’avoir un lieu où on accompagne toutes celles et ceux qui ont vocation à revenir à l’emploi avec des formations et de l’accompagnement“, explique t-il.
Minima sociaux
Une réforme des dispositifs d’aides sociales
A l’image du prélèvement à la source, Emmanuel Macron souhaite verser directement les minima sociaux. “ Tous ces dispositifs qui sont très segmentés et n’incitent pas à la reprise de l’activité, nous allons les réformer, les simplifier“, a-t-il annoncé. Une réforme qui bénéficierait aux “20 millions de Français“ qui touchent le RSA, la prime d’activité, des aides au logement ou des allocations familiales.
Des “devoirs“ pour les bénéficiaires du RSA
Emmanuel Macron souhaite que les bénéficiaires du RSA aient “une obligation de 15 à 20 heures d’activité par semaine“, en vue d’une insertion professionnelle, et de transformer le dispositif en “revenu d’activité“. Avec cette proposition, le président candidat suit celle, similaire, de Valérie Pécresse. “Celui qui touche le RSA donnera chaque semaine 15 heures d’activité à la société“ promet la candidate LR depuis plusieurs semaines.
Des aides rehaussées pour les mères célibataires
Le chef de l’Etat promet, s’il est réélu, une “augmentation de 50% de l’allocation de soutien pour les mères célibataires“, de 116 à 174 euros par enfant, et de créer un “droit à la garde d’enfants opposable“.
Réforme des retraites : le retour
“Nous sommes dans une société qui vieillit. Il est donc normal, surtout compte tenu de la nature des comptes publics, que nous travaillions plus“, a indiqué le président sortant. “C’est l’une des deux grandes réformes que je n’ai pas pu mener à terme pendant ce quinquennat“, a t-il reconnu, avant de confirmer son intention d’augmenter l’âge légal “progressivement“ jusqu’à 65 ans. Cette réforme prendra en compte “les carrières longues, les questions d’invalidité et la réalité des métiers et des tâches“, a promis le candidat.
Sécurité intérieure, armée
Renforcer la sécurité au quotidien
Après la création de “10.000 postes de gendarmes“ et la simplification des procédures avec les amendes forfaitaires, Emmanuel Macron veut à travers une loi d’orientation et programmation du ministère de l’Intérieur : renforcer la présence des forces de sécurité dans certains quartiers, doubler la présence des forces de sécurité intérieure, tripler l’amende anti harcèlement, étendre les amendes forfaitaires, mettre en place une stratégie cyber massive avec le recrutement de 1500 cyber patrouilleurs.
En parallèle, le président candidat veut continuer à “investir dans la justice“ en embauchant 8 500 magistrats et personnels de justice “pour porter une refonte du code de procédure pénale“ et “pouvoir mettre en œuvre les États généraux de la justice“ qui seront clôturés au printemps.
Une défense forte
Rappelant qu’il avait engagé un réinvestissement dans la défense, Emmanuel Macron a promis que le budget dédié (41 milliards) atteindrait 50 milliards en 2025. Objectif : faire de notre pays une nation plus indépendante dans une Europe plus forte. Le président sortant a également annoncé un réinvestissement dans le fonds européen de défense. “Nous devons continuer à gagner en flexibilité et en adaptabilité face à de nouveaux types de conflictualité : spatial, cyber, conflits civils“, a t-il indiqué.
Vers une généralisation du SNU
Emmanuel Macron veut également “remobiliser les différents leviers de l’engagement“. Dans cette optique, le candidat entend réformer le Service National Universel (SNU). “Nous devons repenser ce pacte et réfléchir à comment lui redonner de la vitalité“, a indiqué le président, évoquant la généralisation du dispositif, et le doublement du nombre de réservistes pour les militaires.
Immigration : réduire la lourdeur des procédures, pour les demandes d’asile
Emmanuel Macron veut “une refonte de l’organisation de l’asile et du droit de séjour“. Il garantit que “le refus d’asile fera l’obligation de quitter le territoire français“. Le président sortant entend ainsi “réduire la lourdeur des procédures“, pour en finir avec “l’inefficacité du système“.
Santé et vieillesse
Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures concernant le secteur de la santé. Face au problème des déserts médicaux, le président sortant veut “aider les médecins“ à mettre en place un système de “référents“: des infirmiers ou des pharmaciens pourraient ainsi renouveler eux-mêmes des ordonnances, afin de gagner du temps. Le chef de l’Etat s’engage également à organiser “un renfort massif dans les déserts médicaux avec des permanences ponctuelles dans les territoires les moins dotés, le développement des téléconsultations, réguler davantage l’installation et “flexibiliser la relation entre hôpitaux et médecins libéraux“.
Le président candidat a promis l’embauche de 50 000 aides-soignants et infirmiers en Ehpad, ainsi qu’une “prime adapt“ sur le modèle prime renov. Il a également annoncé une une grande conférence sur le système de santé avec comme objectif de renforcer “la politique de prévention, la simplification de l’hôpital et de sa gouvernance“ et l’amélioration de “l’accès aux soins en urgence“. Sur le sujet de la fin de vie, Emmanuel Macron a estimé qu’une convention citoyenne serait le format le plus adapté pour trancher ce débat de société.
Politique énergétique
“Nous pouvons être première grande nation à sortir de la dépendance au gaz et au charbon“, a plaidé Emmanuel Macron. Pour le candidat à sa réélection, “l’objectif zéro carbone“ passe par l’alliance d’une forte relance du programme nucléaire français et d’un plan massif de développement des énergies renouvelables, qu’il s’agisse de l’éolien en mer, et du solaire sur terre. “C’est le seul mix qui permet de réduire de manière efficace rapide et souveraine nos émissions de carbone“, a affirmé le président sortant.
Emmanuel Macron promet un grand bond en avant dans les énergies renouvelables, avec “une puissance solaire multipliée par dix et 50 parcs éoliens“ d’ici 2050. En parallèle, un nouveau plan de construction de réacteurs nucléaires sera mis en oeuvre “immédiatement“. Cela passera notamment par la “reprise du contrôle capitalistique par l’Etat de plusieurs entreprises du secteur“ : en clair, une nationalisation de tout ou partie d’EDF semble au programme, car l’électricien chargé de construire les nouveaux réacteurs EPR, est aujourd’hui en grande difficulté financière
En parallèle, une stratégie sera mise en place pour consommer moins. Le président sortant entend poursuivre les investissements visant à réduire la consommation, en visant la rénovation thermique de 700.000 logements par an. Il souhaite aussi proposer “une offre abordable de véhicules électriques“, notamment par des “mécanismes de leasing pour les ménages les plus modestes“.
École : un changement de méthode
“Ce que je veux faire c’est changer de méthode“, a-t-il prévenu. “Je souhaite que le chantier puisse débuter par une large consultation pour savoir comment atteindre les objectifs. Je veux qu’on puisse mobiliser et associer toutes les parties prenantes pour changer notre mode de fonctionnement“, a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron souhaite lancer une action territorialisée et organisée en trois leviers, pour s’attaquer au chantier de l’école.
Premièrement, fixer une meilleure rémunération des enseignants “sur la définition de nouvelles missions“, comme le suivi “plus individualisé“ des élèves ou encore, le remplacement des enseignants absents. Ensuite, donner davantage de “libertés“ aux établissements, de manière à “valoriser l’expertise de terrain, donner plus de liberté aux équipes pédagogiques et leur permettre de porter un projet“. Enfin, offrir “plus de transparence pour les élèves et les parents“.
Plus de moyens et plus de liberté pour notre école. pic.twitter.com/s6y6m8bf0k
— Emmanuel Macron avec vous (@avecvous) March 17, 2022
Le candidat ambitionne également de mieux “planifier les besoins en termes de compétences de la nation“ et veut à ce titre réformer le lycée professionnel “pour en faire une voie d’excellence“. “Nous formons des gens qui ne correspond pas aux besoins du marché du travail“, a assuré Emmanuel Macron, qui souhaite les “ouvrir davantage aux entreprises, en changeant totalement la logique de formation.“
Culture : mieux défendre les informations libres et indépendantes
Le projet passe selon le candidat Macron, par trois objectifs. Le premier : “protéger l’information libre face aux ingérences“. Pour cela, le chef de l’Etat propose le lancement d’“Etats généraux pour le droit à l’information“. Second objectif : parvenir à une économie viable pour les secteurs de l’information et pérenniser le financement de la production d’information libre et indépendante et poursuivre l’aide aux artistes. Enfin, Emmanuel Macron veut “bâtir un métavers européen“ face aux acteurs anglo-saxons et chinois.
Réforme des institutions
“Je n’ai pas réussi à porter la réforme des institutions, parce qu’il n’y a pas eu d’accord politique. Je n’ai pas changé de convictions. Si les français(es) me font confiance, je lancerai une commission transpartisane pour rénover nos institutions“, a indiqué le chef de l’État.
🗣Emmanuel Macron
"Je n'ai pas réussi à porter la réforme des institutions, parce qu'il n'y a pas eu d'accord politique. Je n'ai pas changé de convictions. Si les français(es) me font confiance, je lancerai une commission transpartisane pour rénover nos institutions" pic.twitter.com/hHHFL1Ycw3— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) March 17, 2022