Situation humanitaire, sécurité et défense, énergie : les enjeux du Conseil européen

Ce jeudi et vendredi, Bruxelles accueille trois sommets d’importance centrés sur la guerre en Ukraine, dont un Conseil européen auquel assistera le président américain Joe Biden qui sera aux côtés des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept. Situation humanitaire, sécurité et défense, énergie : les enjeux de ce sommet.

C’est une séquence diplomatique d’exception qui s’ouvre ce jeudi à Bruxelles, avec trois sommets internationationaux  : un Conseil européen les 24 et 25 mars, et une réunion extraordinaire de l’OTAN et du G7 ce jeudi. Au programme de ces rencontres internationales, l’agression militaire russe contre l’Ukraine. L’aide à apporter au pays, mais aussi les questions d’autonomie stratégique et énergétique de l’UE, la défense et le renforcement de ses capacités militaires, occuperont aussi une large part de l’ordre du jour du Conseil européen qui s’inscrit dans le prolongement du sommet exceptionnel qui s’est tenu le 11 mars à Versailles.

La participation du président Joe Biden

Le président américain, Joe Biden, participera au sommet du Conseil européen des 24 et 25 mars, “pour discuter de nos préoccupations communes concernant l’Ukraine, y compris les efforts transatlantiques visant à imposer des coûts économiques à la Russie, à fournir une aide humanitaire aux personnes touchées par la violence et à répondre à d’autres défis liés au conflit“, a indiqué Jen Psaki, la porte-parole de la Maison Blanche. “Son objectif est de rencontrer en personne, face à face avec ses homologues européens et de parler et d’évaluer où nous en sommes à ce stade du conflit, dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie“, a-t-elle déclaré. “Nous avons été incroyablement alignés jusqu’à présent. Cela n’arrive pas par accident. Le président est un grand partisan de la diplomatie en face à face, c’est donc une opportunité de faire exactement cela“. 

En parallèle, le président américain participera à un sommet extraordinaire de l’Otan le même jour consacré à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont annoncé Bruxelles et Washington.

“En ces temps difficiles, notre action transatlantique est plus importante que jamais. Le président américain Joe Biden se joindra aux dirigeants de l’UE le jeudi 24 mars pour discuter du soutien à l’Ukraine et à son peuple et du renforcement de la coopération transatlantique en réponse à l’agression de la Russie contre l’Ukraine“ a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel, en réponse à la confirmation par la Maison Blanche du voyage de M. Biden en Europe.

L’ordre du jour

Lors de cette réunion seront évoqués les efforts visant à imposer des “coûts économiques à la Russie, fournir une aide humanitaire à ceux qui sont touchés par la violence et répondre à d’autres défis“, a indiqué Jen Psaki.

Situation humanitaire et accueil des réfugiés

Le Conseil européen évaluera l’évolution récente de la situation sur le terrain, notamment en ce qui concerne la situation humanitaire et les réfugiés. Au-delà du matériel, l’UE va être mobilisée pour l’accueil des Ukrainiens fuyant leur pays. Selon l’ONU, le nombre de départs a désormais dépassé la barre des trois millions d’habitants. Actuellement, l’essentiel des personnes ayant fui les zones de combat se trouve dans les pays limitrophes de l’Ukraine dont deux millions sont pour la seule Pologne.

En Europe de l’ouest, les arrivées sont encore limitées, même s’il est difficile d’en évaluer le nombre avec précision. “Ce sont à l’évidence au moins plusieurs dizaines de milliers de personnes que nous nous préparons à accueillir en France“, a mis en évidence, Clément Beaune, secrétaire d’état aux affaires européennes. Les Vingt-Sept envisagent-ils une procédure de répartition ? Plus le conflit s’enlisera, plus le besoin de coordination se fera sentir. “Je ne crois pas à ce stade – et ce n’est pas la demande d’ailleurs qui est formulée par les pays d’accueil principaux – à un mécanisme organisé de répartition“, a estimé le secrétaire d’État.

Sécurité et défense

La défense et le renforcement des capacités militaires de l’Union européenne occuperont aussi une large part de l’ordre du jour de ce conseil européen. Annoncée de longue date, la boussole stratégique, c’est-à-dire les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes pour les années à venir, devrait être adoptée par les vingt-sept, lors de ce sommet. L’initiative vise à renforcer les politiques de l’UE en matière de sécurité et de défense autour des thèmes de la gestion des crises, des capacités de défense, de la résilience et des partenariats. Clément Beaune estime que ce document stratégique comporte des “avancées importantes, en matière de mobilisation de forces de réaction rapide, en matière d’engagement de l’investissement miliaire, et d’articulation de notre effort de défense européen avec l’Otan.

Indépendance énergétique

Lors de leur sommet à Versailles, les dirigeants de l’UE sont convenus de se défaire progressivement de leur dépendance aux importations de gaz, de pétrole et de charbon russes, et ce dès que possible. Le Conseil européen discutera des moyens de faire en sorte que les prix de l’énergie soient abordables et de garantir la sécurité d’approvisionnement. La Commission européenne fournira une base pour cette discussion. Elle prépare actuellement des propositions pour reconstituer les stocks stratégiques. Clément Beaune a évoqué une “obligation réglementaire forte et harmonisée“. Le scénario pourrait être celui de réserves remplies à 90 % dans chaque État membre au 1er octobre.

L’adhésion de l’Ukraine à l’UE

Les “perspectives européennes“ de l’Ukraine pourraient enfin être à nouveau évoquées lors du Conseil européen. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a présenté le 28 février une demande officielle pour permettre à son pays d’obtenir une adhésion “immédiate“ dans le cadre d’une procédure spéciale accélérée. Lors du sommet de Versailles, les vingt-sept ont pour l’heure exclu l’idée d’une adhésion rapide de Kiev, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits. “Nous voulons dire à nos amis ukrainiens qu’ils sont pleinement membres de la famille européenne. Nous allons nous engager pour renforcer les liens avec le peuple ukrainien“, a déclaré Charles Michel en clôture du sommet.

Clément Beaune rappelle qu’une telle décision ne peut “pas être prise à la légère“. “Il faut construire les étapes avec prudence et dire que la solidarité concrète que l’on doit à l’Ukraine, celle qui sauve des vies, c’est l’aide humanitaire et militaire, qui pourra se renforcer dans les jours qui viennent“, insiste t-il.

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