Grève du 19 janvier : transports, écoles, énergies, fonction publique… : à quoi s’attendre ce jeudi

A 24 heures de la grève du 19 janvier contre la réforme des retraites, les annonces des syndicats se multiplient et les perturbations prévues dans les différents secteurs, se précisent. Trafic SNCF, RATP, ouverture des écoles, fonction publique… Le point sur ce qu’il faut attendre de la mobilisation de ce jeudi.

Les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) et cinq organisations de jeunesse, ont appelé ce jeudi 19 janvier, à une journée de manifestations et de grèves contre le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement. Quelle devrait être l’ampleur des blocages dans les différents secteurs. Tour d’horizon à la veille de la mobilisation.

jeudi noir en perspective dans les transports

Clément Beaune avait annoncé la couleur tôt mardi matin. “Ce sera une journée difficile, à l’évidence. […]. Télétravaillez ou retardez vos déplacements si possible“, avait alerté Le ministre délégué aux transports. Non sans raison. Car voyager en transports en commun sera très compliqué sur tout le territoire à compter de ce mercredi soir, 19 heures.

SNCF : la menace d’un mouvement illimité

Les quatre organisations syndicales de la SNCF (CGT Cheminots, CFDT Cheminots, UNSA Ferroviaire et Sud Rail) vent debout contre le projet de réforme des retraites, ont appelé à  “une grève puissante“, laissant même planer la menace d’un mouvement illimité. La circulation des trains sera ainsi “très fortement perturbée“, notamment pour les trains régionaux, mais aussi pour les TGV, a prévenu SNCF Voyageurs mardi.

Selon les prévisions de trafic dévoilées dans l’après-midi, comptez 1 TGV sur 5 sur l’axe Atlantique, 1 TGV sur 4 sur l’axe Est, 1 TGV sur 3 sur l’axe Nord, 1 TGV sur 3 sur l’axe Sud-Est et 1 Ouigo sur 3. Les liaisons internationales Eurostar et Thalys circuleront quasi normalement, mais le trafic sur les lignes Lyria (vers l’Italie) sera “fortement perturbé“. Aucune autre liaison internationale ne sera assurée. Concernant les TER, en moyenne 1 train sur 10 sera en circulation. Attention, contrairement à ceux des TGV, les usagers de ces trains ne seront pas avertis personnellement,  De nombreuses perturbations sont également annoncés sur le réseau Transilien, avec 10 % des trains en circulation.

RATP : un trafic très perturbé

Métro

En Île-de-France, tous les syndicats représentatifs de la RATP appellent à participer au mouvement interprofessionnel. Avec pour conséquence un trafic des transports en commun très perturbé. Dans le métro parisien, seules les lignes 1 et 14 assureront un trafic normal, du fait de leur automatisation. Trois lignes de métro seront totalement fermées (8, 10, 11) et dix autres (2, 3, 3bis, 5, 6, 7, 7bis, 9, 12 et 13)  seront “exploitées partiellement“ ou ne fonctionneront qu’aux heures de pointe (entre 7h-9h et 16h30-19h30), selon les modalités suivantes :

  • ligne 1 : malgré un trafic normal, les stations suivantes seront fermées sur la 1 : Reuilly-Diderot, Bastille, Hôtel de Ville et Champs Elysées Clémenceau. La station Concorde sera ouverte uniquement aux heures de pointe.
  • ligne 2 : 1 train sur 5 aux heures de pointe et uniquement entre Nation et la Chapelle. 
  • ligne 3 : 1 train sur 2 aux heures de pointe et uniquement entre Pont de Levallois et Pereire.
  • ligne 3 bis  : 1 train sur 2 aux heures de pointe.
  • ligne 5 : 1 train sur 2 aux heures de pointe et uniquement entre Bobigny et Gare du Nord.
  • ligne 6 : 1 train sur 4 aux heures de pointe et uniquement entre Nation et Denfert. Station fermée : Place d’Italie.
  • ligne 7  : 1 train sur 5 aux heures de pointe. Stations fermées : Gare de l’Est, Cadet, Opéra, Jussieu et Place d’Italie, Tolbiac.
  •  ligne 7 bis : 1 train sur 2 aux heures de pointe. Station fermée : Place des Fêtes.
  •  ligne 9 : 1 train sur 2 aux heures de pointe. Stations fermées : Michel-Ange Molitor, Michel Ange Auteuil, Trocadéro, Miromesnil, Richelieu Drouot, Grands Boulevards, Strasbourg St Denis, République, Oberkampf.
  • ligne 12 : 1 train sur 3 aux heures de pointe. Stations fermées : Pigalle, Pasteur, Montparnasse Bienvenue, et Sèvres Babylone. 
  •  ligne 13 : 1 train sur 3 aux heures de pointe et uniquement entre Saint-Denis Université et Saint-Lazare. Station fermée : Place de Clichy.

RER

Concernant le RER A, en moyenne un train sur 2 circulera aux heures de pointe et 1 train sur 4 aux heures creuses, avec un dernier passage à Châtelet prévu à 21h00. S’agissant du RER B, il faudra compter sur 1 train sur 2 aux heures de pointe et 1 train sur 3 aux heures creuses avec une interconnexion interrompue à Gare du Nord.

Pour les RER C, D et E, seulement un train sur 10 circulera. Sur le RER C, les trains circuleront uniquement sur la branche Sud au départ d’Austerlitz et il n’y aura pas de RER D entre Châtelet et Gare de Lyon. Un changement de train sera nécessaire à Gare du Nord.  Enfin, seulement un train sur 10 est annoncé pour les RER C, D et E. Sur le RER C, les trains circuleront uniquement sur la branche Sud au départ d’Austerlitz et il n’y aura pas de RER D entre Châtelet et Gare de Lyon.

Tramway et bus

Le trafic sera perturbé sur l’ensemble des lignes du tramway avec en moyenne 3 tramways sur 4 mais des disparités selon les lignes. Le trafic sera notamment normal sur les lignes T6 et T8. Il sera légèrement perturbé sur les lignes T1 et T3a avec respectivement en moyenne, 4 trains sur 5 (T1) et 3 trains sur 4 (T3a). Le trafic sera enfin perturbé sur les lignes suivantes : T2, T3b, T7 : avec en moyenne 2 trains sur 3. Et T5, avec en moyenne 1 train sur 2.

Les bus seront eux moins touchés : deux sur trois rouleront à Paris et en petite couronne selon les prévisions de la régie parisienne.

Des perturbations des transports en commun  en région surviendront également dans de nombreuses autres villes. Ce sera le cas à Lyon, où un préavis regroupant les principaux syndicats des TCL a été déposé, explique Lyon Capitale. A Nice, toutes les lignes de tramways et de nombreuses liaisons de bus devraient être à l’arrêt, selon Nice Presse. La circulation des métros et des bus devrait également être sensiblement perturbée à Rouen, note Actu Normandie.

Une journée moins chaotique dans les aéroports

Si la situation s’annonce moins compliqué dans les airs que sur les rails, le trafic aérien devrait toutefois être également perturbé, comme le note dans un communiqué publié mardi après-midi, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui indique que le préavis de grève nationale interprofessionnelle dans le public comme dans le privé “a été relayé par plusieurs syndicats représentatifs des contrôleurs aériens“.

Pour l’heure, aucun préavis de grève n’est à signaler du côté du syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, le SNPL France ALPA, et des syndicats de pilotes. Côté personnels navigants, le SNPNC-FO a appelé à la grève, alors que le syndicat UNPNC-CFDT appelle simplement à “participer massivement à cette manifestation “ afin d’envoyer “un message fort et sans ambiguïté“ au gouvernement. Au sol enfin, le syndicat UGICT-CDG a appelé chez Air France a “une interruption de travail“, mais ne semble pas avoir déposé de préavis de grève. Difficile de savoir quel impact cela aura dans les aéroports.

Mais, un vol sur cinq annulé à Orly

Les premières prévisions transmises pour l’aéroport d’Orly font cependant état d’un vol sur cinq annulé, en raison d’une grève de contrôleurs aériens. “ Les compagnies aériennes doivent réduire de 20 % leur programme de vols initialement prévus à l’aéroport de Paris-Orly de 5 heures à 22h30 le 19 janvier“, est-il indiqué dans une note publiée mardi après-midi par la DGAC. Les vols vers l’Outre-mer, nombreux au départ d’Orly, ne sont toutefois pas concernés par les annulations, au nom de la continuité territoriale.

Nouvelle mobilisation des secteurs de l’énergie

Le scénario d’un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l’énergie, où la CGT Energie se dit “en ordre de bataille“ et prête à une grève reconductible pour “taper fort“.

Raffineries : un plan en 3 étapes

La branche Pétrole de la CGT a appelé le 12 janvier dans un communiqué à un premier arrêt du travail de 24 heures, ce jeudi 19 janvier, suivi d’une grève de 48 heures le 26 janvier, puis d’une grève de trois jours à compter du 6 février. Un plan en trois étapes qui laisse la voie ouverte à une reconduction du mouvement social et même “si nécessaire, à l’arrêt des installations de raffinage“. S’il faut s’attendre ce jeudi à des arrêts dans l’expédition des carburants, comme l’a précisé Eric Sellini, coordinateur national du syndicat CGT pour TotalEnergies, l’impact sur l’approvisionnement des pompes devrait être limité. Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique, s’est voulue rassurante. “Les stocks [de carburants] existent, ils ont été reconstitués depuis le mouvement de l’automne“ a-t-elle affirmé le 13 janvier . “Cette fois-ci, nous ne sommes pas dans une grève continue“.

Secteur de l’électricité et du gaz : un plan de bataille

La CGT Mines-Energie a présenté vendredi dernier un “plan de bataille” pour obtenir le “retrait pur et simple” du projet du gouvernement, qui pourrait entraîner des complications ce jeudi. Parmi d’autres mesures, ce plan prévoit en effet une “reprise en main de l’outil de travail sous toutes ces formes“ : rétablissements de l’électricité et du gaz aux personnes précaires, mises à disposition gratuites d’énergie, coupures de courant ciblées, baisses de production, ou encore blocage du redémarrage de réacteurs nucléaires.

70% de grévistes prévus dans les écoles

Les fermetures de classes devraient être nombreuses ce jeudi. Deux jours avant la mobilisation,  le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a annoncé mardi 70% de grévistes dans le premier degré (écoles maternelles, élémentaires et primaires). À Paris, le syndicat prévoit ce 19 janvier “au moins un tiers des écoles complètement fermées“, a-t-il indiqué ce mardi 17 janvier dans un tweet. Le 19 sera massif, il y aura beaucoup de collègues dans le monde de l’éducation et dans la fonction publique en grève et dans les manifestations“, prévoit Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, le principal syndicat enseignant.

La jeunesse mobilisée

La Fage, l’Unef, le Mouvement national lycéen et d’autres syndicats de jeunes appellent à se mobiliser contre la réforme des retraites par différents modes d’actions, ce jeudi 19 janvier. “Ni 65, ni 64, ni 63 ans“, écrit la Fage, principale organisation étudiante, dans un communiqué. “Notre avenir et nos retraites ne sont pas à marchander“, peut-on lire.

Dans les lycées, plusieurs organisations lycéens vont aussi rejoindre le mouvement. Le Mouvement national lycéen (MNL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et la Voix lycéenne (VL) appellent à se mobiliser. Le MNL appelle notamment les lycéens à bloquer leurs établissements ce jeudi 19 janvier.

Fonction publique : une potentielle menace de grève jusqu’au 31 janvier

Une large intersyndicale a appelé dans un communiqué commun, “à se mobiliser pour obtenir le retrait de la modification de l’âge légal porté à 64 ans“ et “à s’inscrire massivement dans la première journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles“. Difficile de dire quel impact aura ce mot d’ordre sur l’ampleur de la mobilisation et le fonctionnement des services. La CGT Fédération des services publics menace pour sa part de prolonger le mouvement en déposant un préavis de grève jusqu’au 31 janvier 2023, interpellant “l’ensemble des salariés et agents des Villes, Départements, Régions, établissements publics, métropoles, offices de l’habitat, services et entreprises de l’eau et de la thanatologie“.

Les policiers appelés à rejoindre le cortège

Les syndicats Unsa Police FASMI et Alliance Police Nationale annoncent dans un communiqué vouloir “faire bloc“ et appellent à rejoindre le cortège ce jeudi. Le bloc syndical majoritaire de la police (13 syndicats de policiers et personnels techniques, scientifiques et administratifs) mené par Alliance-CFE-CGC et Unsa police a appelé à la participation à la manifestation avec comme slogan : “On ne touche pas au statut spécial des policiers”Les autres syndicats défileront sous la bannière de leur centrale.

Hôpital : une journée synonymes de difficultés

Dans un secteur déjà sous tension, ce jeudi 19 janvier devrait aussi être synonyme de difficultés dans les services hospitaliers et aux urgences. Le deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, FO-Santé, avait déjà appelé à une “grève illimitée, dès le 10 janvier. Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a appelé dans un communiqué le 17 janvier, “toutes les infir­miè­res sala­riées de tous les sec­teursà faire grève contre “l’abjecte réforme des retrai­tes“. Le service à l’hôpital restera toutefois dans la continuité, de nombreux professionnels de santé continuant de travailler lors de ces journées de mobilisation. “Si nous tra­vaillons, nous pou­vons des­cen­dre dans le hall pour une minute de silence, dépo­ser 1 heure de grève, réduire l’acti­vité“, écrit le SNPI dans son appel.

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