Grève du 7 mars : la France à l’arrêt ?

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La mobilisation sociale contre la réforme des retraites reprend de plus belle avec, pour l’intersyndicale, un objectif clair : “Mettre la France à l’arrêt“. Une 6ème journée d’action qui pourrait être le point de départ d’une grève reconductible. Transports, Énergie, écoles, raffineries… A quoi s’attendre ce mardi 7 mars.

C’est un mardi noir qui se profile pour les français.  De fait, les principaux syndicats entendent envoyer un signal fort au gouvernement lors de cette 6ème journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites. “Ensemble, le 7 mars, mettons la France à l’arrêt.“ Tel est le mot d’ordre lancé par l’intersyndicale dans un communiqué daté du 21 février. Objectif : faire de cette journée une “date marquante.“ Alors à quoi s’attendre ?  “A ce que les mobilisations continuent et s’amplifient jusqu’à ce que le gouvernement entende les salariés“, comme l’a déclaré le patron de la CGT, Philippe Martinez, dans une interview au JDD.

Même si aucune fédération n’est à ce jour en mesure de prédire avec précision l’ampleur des grèves, toutes s’attendent à une mobilisation de très grande ampleur. Pour cette sixième journée de mobilisation, les renseignements attendent plus d’un million de personnes dans toute la France, dont entre 60 000 et 90 000 manifestants dans la capitale. Le ministre des Transports, Clément Beaune, invité de France 3 dimanche 5 mars, prévoit “une des journées les plus difficiles qu’on ait connues“. “Les choses ne s’arrêteront sans doute pas le 7 mars au soir ou le 8 mars au petit matin“, a t-il renchéri.

SNCF : une grève reconductible par période de 24 heures

Des perturbations massives et durables sont à craindre sur le rail. A la SNCF, les cheminots ont annoncé que leur mobilisation ne se limiterait pas à une seule journée d’action. La CFDT-Cheminots a ainsi rejoint la CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire et SUD-Rail dans un appel à une grève reconductible.

A l’issue d’une réunion jeudi 2 mars , les cinq branches syndicales de la CGT se sont accordées pour durcir leur lutte contre la réforme des retraites. Laurent Brun de la CGT-Cheminot a souligné qu’un accord a été trouvé pour “une grève reconductible par période de 24 heures.“ Un mouvement qui commencera dès le lundi 6 mars dans la soirée.

Les prévisions de trafic

La SNCF a donné dimanche ses prévisions détaillées pour la journée de mardi. Sur le réseau TGV Inoui, il faudra compter 1 train sur 5 en moyenne mardi. Le trafic sera très perturbé sur les axes Nord, Est et Atlantique avec 1 train sur 5 en moyenne (1 train sur 2 sur l’axe Paris-Lille). 1 TVG sur 3 sera opérationnel sur l’axe Sud-Est mais seulement 1 train sur 10 pour les trajets de province à province. Enfin, 1 train sur 4 devrait circuler sur le réseau OUIGO. Sur le réseau TER, le trafic sera également très perturbé. La SNCF table sur 1 train sur 5, dans toutes les régions. Il n’y aura enfin aucun Intercités sauf, deux Paris-Clermont, un Paris-Brive et un Toulouse-Hendaye en journée. Côté international enfin, 2 trains Eurostar et Thalys sur 3 seront en circulation.

Concernant le Transilien, 1 train sur 3 est annoncé sur les lignes H, K et U. Le trafic sera porté à 1 train sur 5 sur les lignes J, L, N et R. Sur la ligne P, 1 train sur 10 est annoncé. Il n’y aura aucune circulation sur les axes Meaux La Ferté – Milon, Meaux – Château Thierry, Tournan – Coulommiers et Gretz – Provins.

RATP : un appel à la grève reconductible

En Île-de-France, les difficultés devraient être accrues sur le réseau RATP. Tous les syndicats de la Régie se sont liés dans un appel à la grève “reconductible“ pour “peser encore plus fort et gagner le retrait de ce projet de loi.“ Les organisations syndicales ambitionnent une grève sur une dizaine de jours. “L’objectif est de bloquer Paris au moins deux week-ends de suite“ indiquait au Figaro le secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire, Didier Mathis.

Les prévisions de trafic

Métros

Plusieurs lignes de métros ne fonctionneront qu’aux heures de pointes élargies et plusieurs stations seront fermées. C’est le cas des lignes 2,7, 7 bis, 9 , 10, 11, 12 et 13. Sur la ligne 3, la circulation se fera uniquement entre Pont de Levallois et Havre–Caumartin de 6h30 à 9h30 avec un train sur quatre et de 16h30 à 19h30 avec un train sur trois. Sur la ligne 3 bis, un train sur trois circulera le matin sur la ligne entière. Sur la ligne 8, un train sur trois circulera entre Créteil-Pointe du Lac et Reuilly-Diderot de 7 heures à 9h30.

Côté RER, la RATP prévoit un train sur deux aux heures de pointe et un sur quatre aux heures creuses, pour le RER A. Pour le RER B, il faudra compter sur un train sur 2 aux heures de pointe et un sur trois aux heures creuses. Sur les lignes ou portions de lignes exploitées par la SNCF, il faudra compter sur un train sur trois sur les RER A et B. Un train sur 5 sera en circulation sur la ligne D et seulement un sur dix sur la ligne E.

Tramways

En moyenne 3 trains sur 4 circuleront sur l’ensemble du réseau tramway. Le trafic sera normal sur la ligne T6, 4 trains sur 5 seront assurés sur les lignes T3b et T8, 3 trains sur 4 sur les lignes T1 et T2, 2 trains sur 3 sur les lignes T3a et T7 et 3 trains sur 5 sur la ligne T5. Le trafic des bus sera enfin perturbé sur l’ensemble du réseau, avec en moyenne 3 bus sur 4 en circulation.

Aérien : des vols annulés

Dans les airs, la situation devrait être également très compliquée avec des avions qui resteront cloués au sol. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) française prévoit “des perturbations et des retards“ les mardi 7 et mercredi 8 mars. Les difficultés sont attendues à partir du 6 mars au soir, jusqu’au “jeudi 9 mars à 6h du matin“, précise l’administration. A noter également que les avitailleurs chargés d’alimenter les avions en carburant doivent eux aussi se mettre en grève reconductible dès lundi soir contre le projet de réforme des retraites.  La CGT, premier syndicat du secteur, anticipe un impact “immédiat“. 

Les prévisions de trafic

La DGAC a demandé aux compagnies aériennes de renoncer les 7 et 8 mars à une partie de leurs vols. Dans le détail, un vol sur cinq sera annulé à Paris Charles-de-Gaulle, et 30% seront annulés dans les aéroports de Nice, Beauvais, Orly, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier et Toulouse. Outre ces annulations demandées par l’administration, “des perturbations et des retards sont à prévoir“, précise l’aviation civile dans un communiqué. Les autorités demandent donc aux passagers qui le peuvent de “reporter leur voyage“ ou de s’informer auprès de leur compagnie, pour savoir si leur avion est maintenu.

Énergie : une mobilisation en amont

Comme lors des dernières mobilisations, le secteur de l’Énergie prévoit des actions. Elles ont débuté débuté en amont, vendredi 3 mars, avec des baisses de production d’électricité dans plusieurs centrales nucléaires, représentant près de 3000 mégawatts au total, soit l’équivalent de trois réacteurs nucléaires. Le mouvement durera “a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne“, a indiqué un syndicaliste. La production de gaz est également impactée par l’arrêt d’une partie de la centrale thermique de Martigues, dans les Bouches-du-Rhône.

Carburant : une mobilisation des raffineries

La fédération CGT de la chimie (Fnic-CGT : pétrole, caoutchouc, plasturgie, industries de santé) appelle à une grève reconductible à partir du lundi 6 mars au soir. Un appel à la mobilisation qui concerne donc également les raffineries, avec à la clé un risque de blocage. La volonté affichée est en effet de “Bloquer l’ensemble de l’économie“, tant au niveau de la production que de la distribution ou de l’importation de carburant. Les expéditions des raffineries vers les dépôts devraient être mises en pause et pourraient être suivies d’un arrêt pur et simple des raffineries si le mouvement se prolongeait au moins trois jours. Cet appel à la grève concerne aussi “l’industrie pétrochimique, les industries pharmaceutiques, le caoutchouc et la plasturgie “, a indiqué Éric Sellini, le coordinateur CGT pour le groupe TotalEnergies.

Éducation

L’intersyndicale de l’éducation, regroupant les sept principaux syndicats enseignants, a appelé le 14 février dernier à ce que les grèves permettent de “fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services“, le 7 mars. La mobilisation des jeunes est également possible, avec des blocages sporadiques par des lycéens attendus. Il en va de même pour les facs, bien qu’elles se soient jusqu’à présent assez peu engagées.

Le nombre de grévistes, ce mardi, dans les établissements scolaires, devrait s’élever à 60% dans les écoles, annonce le  Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, premier syndicat du primaire. Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date du 19 janvier, lors de la première journée d’action, avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire selon le ministère.

Blocages sur les routes

Opérations escargot, barrages filtrants… Certains chauffeurs ont déjà commencé des opérations de blocages dans la nuit de dimanche à lundi, comme à Lesquin, dans le Nord, près de l’autoroute A1.

Propreté, ports, livreurs des plateformes … Des appels à la mobilisation dans d’autres secteurs

La CGT, majoritaire dans de nombreuses villes, a lancé mardi 14 février un appel à la grève reconductible des éboueurs et de “l‘ensemble de la filière“ , du tri et du traitement des déchets, à compter du 7 mars. Ce mardi, les éboueurs parisiens sont entrés à leur tour en grève.

La grève risque aussi de s’étendre à d’autres domaines, où des appels ont été lancés par les organisations syndicales. La CGT Transports a ainsi appelé les livreurs des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo à cesser le travail le 7 mars. Dans la fonction publique, des préavis ont également été déposés, notamment par la CGT. Également concernés par la mobilisation, les dockers, une profession dans laquelle la CGT est fortement représentée. D’autres professions pourrait s’ajouter à cette liste loin d’être exhaustive, et descendre dans la rue mardi.

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