Emmanuel Macron doit s’exprimer ce lundi lors d’une allocution solennelle diffusée à 20 heures. Une première prise de parole, pour tenter de “tenir le cap“ et de relancer son mandat, après la promulgation éclair de la réforme des retraites qui a mis vent debout syndicats et oppositions .
Il prendra la parole à 20 heures lors d’une allocution télévisée enregistrée à l’avance. “Enfin“ !, respirent ses soutiens. “Encore !“, soupirent ses opposants. Après la promulgation expresse de la loi réformant les retraites, quelques heures après la décision du Conseil constitutionnel qui a validé l’essentiel du texte, Emmanuel Macron va tenter de reprendre la main, après trois mois marqués par une mobilisation massive contre sa réforme.
Retraites: Emmanuel Macron veut tourner la page sans changer de cap
Source : Le Figaro #123INFOhttps://t.co/e1QVxiuuZf— 123 INFO FRANCE (@123_INFO_FR) April 17, 2023
“Ouvrir une nouvelle séquence“
“Tirer les conclusions“ de la séquence retraites et en “ouvrir“ une nouvelle. Voilà comment l’entourage d’Emmanuel Macron présentait hier soir les objectifs de l’allocution solennelle du président. “Il dira où il souhaite nous emmener et avec quel agenda de réformes pour le gouvernement“, prévient son entourage. Il s’exprimera “dans une logique d’apaisement“, pour “faire le bilan“ des trois mois de crise et “regarder aussi ce qui a avancé à côté des retraites“, a promis, sur TF1, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran,
Reste que le président comme sa première ministre, Élisabeth Borne, le savent: les dirigeants de la gauche comme les responsables syndicaux veulent tout faire pour les empêcher de passer à autre chose. Les députés Insoumis réfléchissent à déposer une nouvelle motion de censure. Quant au patron de la CFDT, Laurent Berger, n’ambitionne-t-il pas de “casser la baraque“ le 1er mai, comme il l’a affirmé ce week-end au Parisien.
Un coup d’épée dans l’eau ?
Cette allocution intervient dans un contexte délicat, où seul son propre camp, affaibli par la majorité relative à l’Assemblée nationale, semble pleinement partager le récit et les orientations du chef de l’État. De quoi douter sur la pertinence de cette prise de parole, Emmanuel Macron ayant pour le moment écarté les différents outils de sortie de crise politique, comme la dissolution, le remaniement ou un référendum sur les retraites. Sans attendre, l’opposition craint d’ailleurs déjà un coup d’épée dans l’eau. “Il ne va rien se passer. S’il dit qu’il a compris, ça fait 25 fois qu’il dit qu’il nous a compris mais derrière, il n’y a jamais le moindre changement et pendant ce temps, la colère continue de gronder“, a tonné ce dimanche sur BFMTV le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.
L’allocution d’Emmanuel Macron, une prise de parole qui peut tomber dans le vide https://t.co/Fi1N75GPzK pic.twitter.com/ll0OLRQ7iU
— REVUE DE PRESSE (@wnewspresse) April 17, 2023
Plusieurs sujets sur la table
Loi plein emploi et autres thématiques travail
Le chef de l’Etat évoquera les politiques publiques qu’il souhaite mettre en œuvre en priorité afin de “tracer la feuille de route“ des prochains mois. Avec notamment le texte que le gouvernement et la majorité font miroiter depuis des semaines : la future loi sur le plein emploi. L’exécutif parie sur ce projet de loi pour rebondir, mais aussi pour récupérer les dispositions sociales censurées par le Conseil constitutionnel.
Sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3, Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, a donné quelques pistes sur le contenu de l’allocution. Au menu, des annonces sur la pénibilité, l’emploi des seniors ou le compte épargne temps universel, “que l’on a beaucoup vu dans les cortèges“. “Ces dernières semaines ont été difficiles pour beaucoup de Français. Il y a un besoin d’apaisement“, a-t-il reconnu. “La loi a été promulguée, le président de la République tend immédiatement la main aux syndicats.“
Élisabeth Borne a affiché samedi sa détermination pour “accélérer“ les réformes, en tendant la main aux syndicats. “Le temps des progrès sociaux n’est pas terminé“ a-t-elle lancé à la tribune du conseil national de Renaissance, à Paris, convaincue que, “le renoncement, ce serait arrêter les réformes, quand nos concitoyens attendent des réponses et des actes“.
La période qui s’ouvre doit être celle de la construction commune.
Les Français nous ont demandé de trouver des compromis. C’est avec les territoires, les partenaires sociaux et toutes les bonnes volontés, que nous devons relever ce défi démocratique devant nous.@Renaissance pic.twitter.com/LwUlPQjmoh
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 15, 2023
Le chef de l’Etat devrait en outre aborder plus largement d’autres sujets : la question du pouvoir d’achat — Elisabeth Borne a effectué un déplacement à ce sujet et a confirmé une hausse automatique du SMIC alignée sur l’inflation vendredi — du régalien ou de la fin de vie. Mais aussi les trois thèmes phares de sa campagne présidentielle, censés être les priorités du quinquennat : la santé, l’éducation, l’écologie. Emmanuel Macron pourrait également profiter de cette adresse aux Français pour “tirer des leçons politiques“. En premier lieu sur “le maintien d’Elisabeth Borne à Matignon, pour la renforcer immédiatement.
Un retour sur le terrain
Alors qu’Emmanuel Macron va passer une partie du mois de mai en déplacements à l’étranger, l’Elysée mise davantage sur un retour sur le terrain d’ici là. “Il tient sa légitimité des Français, c’est auprès d’eux qu’il faut retourner pour renouer le fil“, expliquait ainsi hier un conseiller du président. Plusieurs déplacements dans l’hexagone sont donc au programme cette semaine, une façon de “faire du contradictoire”, selon la présidence, bien consciente de l’opposition que devrait rencontrer le chef de l’Etat lors de ses visites. “Terrain, terrain, terrain, même si ça frotte“, abondait un autre proche de Macron.