Déclaration de politique générale : Michel Barnier dévoile sa feuille de route

Trois semaines après sa nomination à Matignon, Michel Barnier doit passer ce mardi 1er octobre le traditionnel test du discours de politique générale. Le Premier ministre déroulera devant les députés, les grandes lignes de sa feuille de route. Et pour l’heure, le flou demeure sur son plan d’action. Seule certitude, cette déclaration devrait être dominée par les questions budgétaires.

C’est un exercice périlleux auquel le chef du gouvernement doit se livrer ce mardi 1er octobre. Le nouveau Premier ministre montera à la tribune de l’hémicycle peu après 15 heures, afin de dérouler sa feuille de route pour les prochains mois. Un discours d’une heure seulement à l’issue duquel Michel Barnier, ne se soumettra pas à un vote de confiance, comme l’a annoncé lundi Matignon.

La complexité de la déclaration de politique générale du Premier ministre ne tient pas seulement à l’état du paysage politique actuel, elle est inhérente à l’exercice lui-même. Un exercice qui s’annonce doublement délicat pour le Premier ministre, compte tenu de sa majorité très relative et des divisions qui traversent le socle commun des partis politiques qui le soutiennent. “Je suis là depuis 20 jours, je ne sais pas pour combien de temps“, a d’ailleurs fait remarquer Michel Barnier, lors de sa première sortie officielle, à Mâcon, au congrès des sapeurs-pompiers.

“Embargo total“

Quelle politique le Premier ministre entend-il suivre dans un contexte inédit et une situation budgétaire alarmante ? “Embargo total “, répondent ses équipes qui se savent attendues au tournant dans une situation que Matignon n’hésite pas à qualifier d’“exceptionnelle.“ Pour l’heure, peu de choses ont en effet filtré depuis la nomination de Michel Barnier le 5 septembre, sur les lignes directrices qu’il entend donner à sa politique. Rien ou si peu, n’a ainsi été dévoilé à la suite des nombreuses consultations menées à Matignon avec les syndicats ou les dirigeants des partis du “socle commun.“  Tout au plus à la suite d’un séminaire gouvernemental vendredi, le Premier ministre a-t-il esquissé quelques pistes fiscales dans une interview au Parisien.

Au cours de ce même séminaire gouvernemental, le Premier ministre a demandé aux membres du gouvernement de travailler sur cinq thématiques, qui pourraient être les cinq piliers du discours de politique général qu’il prononcera ce mardi à l’Assemblée nationale. Ces cinq sujets sont le niveau de vie des Français, le territoire et les services publics, la sécurité, l’immigration et la transition écologique.

A en croire enfin Le Parisien, le chef du gouvernement n’a pas l’intention de dérouler un catalogue de mesures, mais a choisi de se concentrer sur quelques priorités : la situation financière et l’immigration. D’autres thèmes comme “la préservation du niveau de vie“, “la dette financière et écologique“ ou “le maintien de l’attractivité des entreprises“, seront également abordés, selon le quotidien. D’après La Tribune Dimanche, le locataire de Matignon  se sait également attendu sur les questions de la fin de vie ou de la proportionnelle, en particulier dans la majorité. Le MoDem, par la voix de Marc Fesneau, le président du groupe à l’Assemblée, a ainsi prévenu qu’il ne “renoncera pas à avancer“ sur cette question.

La question budgétaire au coeur des enjeux

Cette déclaration de politique générale sera à n’en pas douter, dominée par les questions budgétaires, alors que l’exécutif cherche des pistes pour faire baisser un déficit des comptes publics qui pourrait dépasser les 6 % cette année. Une équation complexe, alors que Michel Barnier se retrouve sous la pression d’une partie de ses soutiens, qui redoutent de le voir proposer une hausse de la fiscalité pour résorber le déficit public. Signe de la sensibilité du sujet, vingt-sept députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) ont publié dès samedi soir un texte dans La Tribune Dimanche s’opposant à toute augmentation des impôts.

A la suite du séminaire gouvernemental à Matignon, Michel Barnier a indiqué qu’il “protégerait de toute augmentation fiscale ceux qui sont sur le terrain, qui travaillent, qui produisent“. Mais pour faire face à un contexte budgétaire très dégradé, le chef du gouvernement envisage de faire contribuer davantage ceux qui le peuvent “de manière exceptionnelle et temporaire.“ Selon les informations du journal Le Monde, il pourrait ainsi proposer “une taxe exceptionnelle sur les grands groupes“ qui pourrait rapporter 8 milliards d’euros, et une autre sur “les rachats d’actions“.  Un “alourdissement de l’écotaxe automobile“ et “un durcissement de la fiscalité sur les meublés de type Airbnb“, seraient aussi envisagés. L’impôt sur le revenu, lui, resterait stable.

Autre interrogation : le Premier ministre annoncera-t-il un projet de loi rectificative pour corriger les comptes de 2024 avec des nouvelles coupes budgétaires, alors que le déficit devrait dépasser les 6% du PIB ?

Le sujet qui crispe

Michel Barnier va-t-il reprendre à son compte les multiples pistes avancées en matière d’immigration par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ? Sur la table : la réduction de l’Aide médicale d’Etat (AME), le retour de la double peine (l’expulsion des étrangers condamnés après que leur peine a été purgée), ou encore l’extension de la durée maximale de la rétention pour les personnes soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) fixée à 90 jours. Le nouveau locataire de Matignon les reprendra t-il à son compte ? Une chose est sûre, le Premier ministre compte bien rectifier le tir sur la question de l’Etat de droit. D’abord silencieux, le cabinet de Barnier a pris ses distances avec les propos du ministre hier soir. Matignon ne manquait pas de rappeler qu’il s’agissait de “positions personnelles“ de la part de Bruno Retailleau. “Ce qui fera foi, c’est ce que dira le Premier ministre lors de sa DPG“, insistait, au téléphone, un conseiller.

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