Le premier ministre, Michel Barnier fait face ce mardi à une motion de censure déposée par l’ensemble des composantes de la gauche réunies au sein du Nouveau Front Populaire (NFP). Première d’une probable longue série, cette motion défendue par le le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, devrait échouer.
Une semaine après sa déclaration de politique générale, le premier ministre, Michel Barnier, fait face ce mardi à sa première motion de censure. Le texte déposé vendredi 4 octobre, est cosigné par 192 députés du NFP, issus des groupes Socialistes et apparentés, La France insoumise, Ecologiste et social, ainsi que Gauche démocrate et républicaine. C’est Olivier Faure, patron du PS, qui défendra ce texte dont les chances de réussite sont quasiment nulles. Le vote aura lieu le même jour à 17 heures.
🔴⚡️ Tous les démocrates doivent s’inquiéter de la dérive autoritaire de Macron et de son Premier usurpateur Michel Barnier.
Donc :
✅ Destitution de Macron.
✅ Censure de Barnier.➡️RDV mardi 8 octobre à 17h pour le vote de la #MotionDeCensure co-signée par l'ensemble du #NFP. pic.twitter.com/CmrZlN7uX2
— La France Insoumise #NFP à l'Assemblée (@FiAssemblee) October 4, 2024
“L’existence de ce gouvernement, dans sa composition et ses orientations, est une négation du résultat des dernières élections législatives“, affirment les députés de l’alliance de gauche. Second motif de censure avancé, “les orientations politiques du gouvernement Barnier“, notamment le refus de l’exécutif de revenir sur la réforme des retraites de 2023, et des textes budgétaires qui s’annoncent comme “les plus austéritaires de ces vingt-cinq années“. “Michel Barnier semble se contenter de vaines paroles sur la défense de l’environnement et du climat“, accusent en outre les députés socialistes, communistes, écologistes et insoumis.
“Voter cette motion de censure, c’est dénoncer le non-respect de la tradition républicaine avec la nomination de Michel Barnier à Matignon ; c’est préserver notre modèle social ; c’est sanctionner un gouvernement qui reprend les concepts et le vocabulaire de l’extrême droite ; c’est enfin protéger l’Etat de droit, qui est un principe intangible“, conclut le texte, dans une allusion à des propos du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) qui ont suscité un tollé.
La motion est-elle vouée à l’échec ?
La motion de censure portée par la gauche est-elle vouée à l’échec ? “ C’est vraisemblable, puisque le RN a décidé de soutenir, sans participer, ce gouvernement. Donc il y a évidemment un suspense assez mince“ , a reconnu Olivier Faure, chef de file des socialistes, interrogé à ce sujet au micro de France 2 mardi matin.
Et le Premier ministre est bien conscient de marcher sur une corde raide : “ je sais que je suis dans la main du Parlement“ , a-t-il ainsi souligné dans La Tribune Dimanche. Michel Barnier devrait pourtant survivre sans trop de difficultés au vote de la motion prévu cet après-midi dans l’Hémicycle. Car même si les 192 députés de gauche signataires votaient pour, avec certains indépendants du groupe LIOT, la barre des 289 voix nécessaires pour faire tomber le gouvernement est inatteignable sans celles des 141 députés d’extrême droite (groupe RN et ses alliés ciottistes).
Il faudrait qu’au moins 289 députés votent la #MotionDeCensure du NFP, pour faire chuter le gouvernement. La motion aura besoin du concours d’autres élus que ceux de l'alliance de gauche, pour être adoptée. Par ex des voix des députés du RN, une option pour l’instant écartée par… https://t.co/wyoBoLCJ2F pic.twitter.com/4BIhyFWqCu
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 4, 2024
Cette motion de censure aura donc besoin des voix des députés du Rassemblement national pour avoir une chance d’atteindre la majorité fixée et faire chuter le gouvernement. “ On a choisi de ne pas verser dans le chaos, de ne pas censurer immédiatement Michel Barnier pour lui donner la possibilité de développer un projet si ça ne nous convient pas on censurera“ , a fait valoir lundi sur RMC le président-délégué du groupe Sébastien Chenu.
Nous avons fait le choix responsable d'éviter le chaos politique. Mais le jour où il faudra appuyer sur le bouton de la motion de censure, nous n'aurons aucun état d'âme ! @GG_RMC pic.twitter.com/lNrS75Jre7
— Sébastien Chenu (@sebchenu) October 7, 2024
La motion pourrait cependant être votée au-delà des bancs de la gauche, par des députés du camp présidentiel. Le soutien pourrait notamment venir de l’intérieur du socle commun (MoDem, Horizons, UDI). “ Cette Motion est aussi une occasion pour les macronistes de dire s’ils acceptent ou non cette configuration“ , estime ainsi le député Benjamin Lucas (Écologiste et Social). Et c’est l’une des questions de ce scrutin : des membres ou ex-membres du camp présidentiel, heurtés par la composition très à droite du gouvernement, iront-ils jusqu’à le censurer ?
L’aile gauche de la coalition pourrait ainsi se désolidariser et s’opposer à un exécutif penchant trop à droite. Une brèche que compte exploiter la gauche. “ Je vois des députés du MoDem dire qu’ils hésitent à censurer ce gouvernement. Je vois des députés macronistes eux-mêmes qui ne se retrouvent pas dans les propos [des ministres]“ , a glissé sur RMC le député socialiste Philippe Brun qui appelle ces mêmes élus à soutenir la censure. A l’instar de Sacha Houlier, ancien pilier de l’aile gauche macroniste qui siège désormais avec les non-inscrits et menace de voter la censure, d’autres députés pourraient s’engager dans cette voix.
Un temps évoquée, Stella Dupont, qui a quitté le groupe macroniste sur fond de désaccord avec la composition du gouvernement, et notamment l’arrivée de Bruno Retailleau à l’Intérieur, a toutefois indiqué qu’elle ne censurera pas non plus à ce stade, le gouvernement.
🔴🗣️"Je pourrais être amenée à censurer le gouvernement si des mesures me semblaient en dehors de l'Etat de droit et de l'esprit français."
Après avoir claqué la porte du groupe Ensemble, @stelladupont ne s'interdit pas de voter une censure contre le Premier ministre. #Les4V pic.twitter.com/eOcZEA88Ak
— Telematin (@telematin) October 4, 2024