L’annonce du nouveau gouvernement n’en finit pas de rebondir. Elle pourrait trouver une issue ce lundi dans la soirée. Mais qui pour intégrer la nouvelle équipe gouvernementale ? Si certains ont un ticket quasi-assuré, la nomination d’autres constitue un casus belli. Le doute plane enfin sur d’autres pressentis.
Il aura fallu pas moins de trois appels et un dîner à l’Elysée hier entre Emmanuel Macron et François Bayrou pour… ne toujours pas nommer un gouvernement, malgré la promesse de Matignon d’une annonce avant Noël. Le feuilleton pourrait toutefois prendre fin ce lundi après 18 heures, du fait du deuil national décrété pour rendre hommage aux victimes du cyclone Chido à Mayotte. Mais que sait-on des possibles entrants dans le gouvernement Bayrou.
La composition d’un gouvernement répond à un subtil dosage devant notamment respecter les équilibres politiques, la parité entre hommes et femmes, et les susceptibilités de personnes. Et à ce titre, si la nomination de certains ne pose a priori pas de questions, l’entrée au gouvernement d’autres, est de nature à motiver une déclaration de guerre.
Ceux qui pourraient faire leur retour, rester ou entrer
Le nom de l’ex-première ministre Élisabeth Borne est évoqué à l’Éducation nationale. Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture), Sébastien Lecornu (Armées) ou encore, Bruno Retailleau (Intérieur) devraient conserver leur portefeuille. À gauche, l’ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé dans La Tribune dimanche être “prêt“ à rejoindre le gouvernement, vantant sa “relation de confiance“ de longue date avec François Bayrou. Autre personnalité de gauche cité, Pierre Moscovici, dont le mandat de premier président de la Cour des comptes se termine prochainement. L’ancien ministre de l’Economie et des Finances (2012 à 2014), a été reçu à Matignon le week-end dernier. “Le Premier ministre m’a demandé de venir, je suis venu“, a-t-il sobrement commenté.
#gouvernementbayrou L’ex-ministre socialiste François Rebsamen a annoncé dans un entretien à @LaTribune qu’il était prêt à rejoindre le gouvernement Bayrou. "Depuis 2012, j’ai refusé à plusieurs reprises d’être ministre. Aujourd’hui, je suis prêt à m’engager", déclare l’ancien… pic.twitter.com/r7CbxlBGgb
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) December 21, 2024
Les cas épineux
Le ministère des Affaires étrangères est de ces cas épineux. L’actuel détenteur du portefeuille, Jean-Noël Barrot, se verrait tout à fait y rester. D’autant plus qu’il est vice-président du MoDem, le parti du Premier ministre. Son problème : le ministre démissionnaire de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a publiquement fait acte de candidature pour le Quai d’Orsay. Nomination qu’il convoitait déjà il y a quelques mois. “La seule chose qui aurait un sens, ce serait d’aller au Quai d’Orsay“, avait-il confié, mi-septembre, au Parisien, alors que Michel Barnier composait son gouvernement. S’il veut ces deux-là dans son équipe, François Bayrou devra trouver au moins un lot de consolation.
Hier soir, le mystère planait toujours sur un autre pressenti, Xavier Bertrand, qui avait très tôt confié à François Bayrou les ministères dans lesquels il aimerait atterrir. Parmi ceux-ci : le ministère de l’Economie (pour lequel aucune hypothèse sérieuse ne semblait s’imposer hier), l’Education nationale ou encore, la Justice. C’est cette troisième option qui, selon plusieurs sources, tenait encore la corde hier soir. Mais, le président des Hauts-de-France et figure des Républicains (LR), est un irritant pour le Rassemblement national, qu’il a longtemps combattu. En 2021, ce dernier par exemple, se réjouissait d’avoir “desserré, pour les briser, les mâchoires du Front National“. Le parti à la flamme a certes fait savoir qu’il ne censurerait pas le gouvernement en cas d’entrée de Xavier Bertrand, mais sa nomination, surtout à un poste de premier plan, serait tout de même “un bras d’honneur“, a de nouveau averti dimanche, le député RN Sébastien Chenu. “C’est un très mauvais signe pour la ligne politique que [François Bayrou] veut suivre“, a surenchéri ce lundi matin sur RMC/BFM-TV Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale.
Gouvernement Bayrou: "Si Xavier Bertrand est dans un quelconque ministère, ce sera un bras d'honneur qui nous sera fait", selon Sébastien Chenu (RN) pic.twitter.com/1s0UvqmNch
— BFMTV (@BFMTV) December 22, 2024
Le mystère Wauquiez
Laurent Wauquiez faisait savoir dès samedi soir aux députés Droite républicaine (ex-LR) qu’il avait refusé d’intégrer la future équipe, au ministère de l’Economie comme à un autre poste qui lui a été proposé. Cette noble renonciation, motivée par un sujet de fond, ne correspond toutefois pas tout à fait à la réalité. Selon les allégations d’un conseiller ministériel, confirmées par deux sources les républicains, le chef du groupe Droite Républicaine à l’Assemblée nationale réclamait “un grand Bercy“. Soit concrètement, un portefeuille qui engloberait aussi le Budget, ce que le Premier ministre n’a pas voulu lui accorder. Laurent Wauquiez aurait décliné un autre ministère — le Travail, selon l’un des informateurs LR—, point sur lequel l’autre est resté muet, validant que seul Bercy l’intéressait.