Alors que l’organisateur de l’exposition universelle de 2030, tient son assemblée générale à Paris les 20 et 21 juin, les trois candidats en lice, l’Arabie saoudite avec Riyad, la Corée du Sud avec Busan, et Rome pour l’Italie ont fait le déplacement dans la capitale française. A commencer par la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, venue soutenir la candidature de la ville éternelle.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, rencontre ce mardi à l’Élysée, Emmanuel Macron. Cet entretien avec le président français n’est pourtant pas la raison principale de son déplacement . Si Me Meloni est à Paris, c’est avant tout pour soutenir la candidature de Rome à l’Exposition universelle 2030 lors de l’assemblée générale du Bureau international des expositions (BIE) qui se tient aujourd’hui et demain dans la capitale. Cette réunion est la dernière du BIE avant qu’une décision finale ne soit prise en novembre par les délégués des 179 pays membres de l’instance qui participent au vote.
Rome est en concurrence avec Riyad (Arabie saoudite), Busan (Corée du Sud) et Odessa (Ukraine) pour accueillir l’événement de 2030, mais la candidature ukrainienne a été suspendue compte tenu de la guerre en cours. Après la visite vendredi du prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salman, c’est au tour de la présidente du Conseil italien de défendre la candidature de Rome. Ce sera ensuite le tour du président sud-coréen arrivé également ce mardi dans la capitale française où il devrait rester 48 heures,
Opérations séductions
Les trois pays candidats officiels organisent chacun un événement avec des délégués du BIE et des responsables gouvernementaux à Paris pour promouvoir leur candidature. Lundi, c’est l’Arabie saoudite qui organisait une réception au Grand palais éphémère, un lieu prestigieux à deux pas de la Tour Eiffel. en présence du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). L’ambassade d’Italie accueille son événement avec la cheffe du gouvernement, ce mardi soir, tandis que la Corée organisera son événement mercredi au Palais des Sports Robert Charpentier, en périphérie de Paris.
The participation of HRH the #CrownPrince provides a big boost to the Kingdom's efforts to host Expo-2030. 🇸🇦 https://t.co/yW0Xxcwdp8
— Adel Aljubeir عادل الجبير (@AdelAljubeir) June 19, 2023
Meloni en ambassadrice de charme
L’Italie a présenté la candidature de la Ville éternelle, pour une Exposition universelle qui mêlera technologie, culture et poésie. Sous le thème “Personnes et territoires : Régénération urbaine, inclusion et innovation“.“ Bien que le vote n’aura lieu qu’en novembre, l’assemblée du BIE est une occasion de lobbying précieuse. Et puis du fait du sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé par Emmanuel Macron jeudi et vendredi, de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement sont dans la capitale cette semaine. Avec cette visite à Paris, la présidente du Conseil italien entend donc jouer les ambassadrices de charme pour tenter de convaincre les pays qui voteront en novembre prochain. Et surtout, leur envoyer un signal clair : l’exposition version italienne sera sous le signe des “droits humain et de l’inclusion“, afin de se démarquer de sa concurrente la plus sérieuse, la candidature saoudienne.
MBS déterminé
Le thème retenu par l’Arabie Saoudite, “l’ère du changement : ensemble pour un avenir clairvoyant“ met en avant la nécessité d’innover pour un avenir meilleur. L’exposition devrait se tenir dans le Wadi al-Sulai, au nord de Riyad. Pour le prince héritier d’Arabie Saoudite, accueillir cette dernière est une affaire personnelle, un enjeu de prestige : Mohammed ben Salmane (MBS) s’est donc lancé dans une intense opération de communication et de lobbying pour décrocher cet événement planétaire 2030, qui coïncide avec le terme de son vaste plan de modernisation baptisé Vision 2030.
Visite de Mohammed ben Salmane en France : l'Exposition universelle 2030 est dans le viseur du chef d'état saoudien.
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— franceinfo plus (@franceinfoplus) June 19, 2023
Devant les membres du BIE mardi, la délégation saoudienne, menée par plusieurs ministres mais sans MBS, a vanté un évènement vert – “des paysages naturels de niveau mondial“, “l’exposition la plus durable“, “la première exposition carbo-négative“ dans un pays pourtant aride, parmi les premiers producteurs de pétrole au monde et l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant.
Busan ne recule devant rien
De son côté, la Corée du Sud a déposé un dossier de candidature pour accueillir l’exposition dans la ville de Busan. Le thème choisi est “Transformer notre monde, naviguer vers un avenir meilleur“, avec trois axes : “Faire face à la crise climatique et vivre en harmonie avec la nature“, mettre “la technologie au service de l’humanité“ et “réduire les différents écarts qui existent entre les pays et entre les populations.“ Les coréens mettent en avant toutes les qualités qui leur ont permis de devenir un pays avec lequel il faut compter depuis plusieurs décennies : les innovations technologiques, la robotique et évidemment l’importante puissance culturelle. L’autre argument de la candidature sud-coréenne reste sa réussite économique.
Paris adoube la candidature saoudienne
Alors que les institutions européennes se sont rangées du côté de Rome, ce n’est pas le cas de la France. Pour Georgia Meloni l’objectif n’est donc pas de gagner le soutien de Paris qui a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’elle soutiendrait Riyad, tout comme d’ailleurs Israel et plusieurs pays africains comme le Maroc, l’Algérie et le Cap-Vert. Car si Emmanuel Macron a pris soin de s’entretenir avec les dirigeants de chaque pays candidat — il a reçu MBS vendredi à l’Elysée, déjeune ce midi avec le président coréen et rencontre ce mardi la Première ministre italienne —, en réalité, le président a déjà fait son choix. La France soutiendra la candidature de l’Arabie Saoudite.
“Ça fait un peu bizarre qu’un pays européen comme la France soutienne [la candidature] de l’Arabie Saoudite“, observait dimanche dernier la ministre italienne Daniela Santanchè. Une opinion partagée par d’autres diplomates européens, d’autant que l’UE a accordé un soutien informel à la candidature italienne.
EU supports Rome's bid to host Expo 2030.@Expo2030Roma #Expo2030Romahttps://t.co/DXZULUmDLp https://t.co/3Wt8ipbytf
— Ansa English News (@ansa_english) March 21, 2023
L’Italie n’a toutefois pas renoncé et mène aussi campagne à Bruxelles, d’où elle tâche de mettre la pression à Paris. Le gouvernement italien a ainsi proposé d’évoquer ce mardi la candidature de Rome à l’Expo 2030, dans le cadre d’une réunion des ministres européens de l’Environnement. “Avec le soutien de tous les États membres de l’UE, le choix de Rome serait un succès pour l’ensemble de l’Union européenne“, peut-on lire sur un document qui circule parmi les diplomates des 27 pays.