Sa décision est très attendue. Le Conseil constitutionnel se prononcera ce jeudi 25 janvier sur la régularité de la controversée loi immigration, adoptée mi-décembre, a annoncé le 8 janvier son président Laurent Fabius, lors des vœux de l’institution à Emmanuel Macron. Au 26 décembre, l’institution avait enregistré quatre saisines : celle de députés et sénateurs de gauche, demandant aux Sages de se prononcer sur la constitutionnalité de ce texte, et deux autres plus inhabituelles en provenance de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et du président de la République.
🏛️ 🚨 #Loimmigration Les élus ds 4 groupes de gauche (LFI, PS, écologistes et communistes) ont officiellement saisi vendredi soir le @Conseil_constit estimant que la loi votée contient " 1 nombre record d'articles contraires aux principes constitutionnels" https://t.co/NqicrlLDYk pic.twitter.com/4No2YVWgwP
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) December 23, 2023
Dès le lendemain du vote du texte issu de la Commission mixte paritaire, le gouvernement avait annoncé qu’Emmanuel Macron le transmettrait au Conseil constitutionnel. Dans sa saisine, le locataire de l’Élysée évoque “’l’évolution du texte par rapport à sa version initiale“ et explique vouloir “que les dispositions de la loi ne puissent être mises en œuvre qu’après que le Conseil constitutionnel aura vérifié qu’elles respectent les droits et les libertés que la Constitution garantit“.
Le chef de l’État avait ensuite lui-même déclaré, le 20 décembre sur France 5 : “Je le soumettrai au Conseil constitutionnel, parce que je pense qu’il y a des dispositions qui ne sont pas conformes à notre Constitution.“ Le Conseil constitutionnel n’est pas “une chambre d’appel des choix du Parlement, il est le juge de la constitutionnalité des lois“, avait alors riposté Laurent Fabius, à l’occasion des vœux de l’institution.
Une trentaine de mesures susceptibles d’être retoquées
Cavaliers législatifs, ruptures d’égalité, atteintes aux droits fondamentaux… Au lendemain du vote du projet de loi immigration, le président de la commission des lois, Sacha Houlié (Renaissance), estimait à une “trentaine“ le nombre de dispositions votées par l’Assemblée, pouvant tomber sous le coup de l’inconstitutionnalité. Lesquelles ? Interrogée sur le sujet, Elisabeth Borne s’était contentée d’exposer : “Il peut y avoir des dispositions sur lesquelles nous avons alerté sur nos doutes, à deux titres : à la fois sur le fond et sur le fait que normalement, quand on débat d’un texte de loi, on ne peut pas y rattacher des amendements qui n’ont pas de rapport avec le texte.“ C’est ce que l’on appelle, en droit parlementaire, des “cavaliers législatifs“. Une pratique dont l’interdiction découle de l’article 45 de la Constitution.
Loi immigration : ces mesures menacées de censure par le Conseil constitutionnel – Public Sénat https://t.co/6S7pZ8yAPU
— Serge SLAMA (@combatsdh) January 24, 2024
Parmi les mesures sur la sellette, l’article premier du texte qui prévoit l’organisation d’un débat annuel au Parlement afin de fixer des quotas migratoires, ce qui pourrait représenter une rupture d’égalité. “Inconstitutionnel“, aux yeux du camp présidentiel, car cela constituerait une “injonction“ du Parlement à l’exécutif et une “discrimination“ entre étrangers dans des situations similaires, mais séparés par le “seuil“ du quota. “Demander un statut légal en France dépend de critères fixés par le législateur. Mais ces critères vous ne pouvez pas les appliquer de manière arbitraire, à géométrie variable. Si ces critères sont appliqués à une centaine d’entrants mais pas au 101e pour des raisons qui n’ont pas trait à sa situation […] C’est fondamentalement problématique“, explique Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’Université Panthéon-Assas.
Est aussi dans le viseur, le conditionnement des prestations sociales à la situation professionnelle et à la durée de résidence, renvoyant à “une préférence nationale : cinq ans de résidence en France pour ceux qui ne travaillent pas, trente mois pour les autres, pour les allocations familiales, et pour l’aide personnalisée au logement (APL), cinq ans pour ceux qui ne travaillent pas et trois mois pour les autres. Les détracteurs de la mesure y voient une rupture d’égalité devant la loi.
Même débat sur une éventuelle “rupture d’égalité“ de la “caution étudiant.“ Imaginée et poussée par les sénateurs Les Républicains lors du vote de la loi à la chambre haute, la caution retour sera un préalable pour les étudiants étrangers souhaitant obtenir un titre de séjour. Ils devront déposer une somme, sur un compte bloqué, visant à couvrir d’éventuels frais d’éloignement. Une somme qui leur sera restituée quand ils quitteront le pays.
Le durcissement des conditions de regroupement familial
La réponse du Conseil sera également scrutée sur le durcissement du regroupement familial, dont la nécessité pour le demandeur de disposer d’une assurance maladie, ou que son conjoint à l’étranger ait 21 ans au minimum plutôt que 18 ans.
Restriction du droit du sol
Des dispositions comme “la restriction du droit du sol pour les enfants d’étrangers nés en France“ pourraient aussi être considérées comme des “cavaliers législatifs“, sans lien avec le projet de loi.
La déchéance de nationalité pour les meurtriers de policiers
Autre point à surveiller : la déchéance de nationalité pour les Français binationaux condamnés pour meurtre d’un policier. Une dangereuse rupture de l’égalité devant le droit, pour le sénateur Yan Chantrel : “À partir du moment où vous différenciez deux types de ressortissants dans le droit français, vous faites une distinction au sein même de la communauté nationale“. Si cette mesure entrait dans la loi, elle risquerait ainsi d’ouvrir “une brèche qui pourra être utilisé plus tard pour des délits de droit commun. “Il est là le danger“, alerte l’élu.
La loi #immigration prévoit la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour le meurtre d'un policier. Pour @YanChantrel, cela ouvre "une brèche" : "On ne peut pas s’amuser à faire les apprentis sorciers pour flatter un électorat extrémiste."#ParlementHebdo pic.twitter.com/bcSxj578O5
— Public Sénat (@publicsenat) December 22, 2023
Emmanuel Macron est attendu ce jeudi en Inde, où il sera vendredi, l’invité d’honneur du Republic Day, la fête nationale indienne. invité initialement par le Premier ministre indien, Narendra Modi, l’Américain Joe Biden, a décliné. Un choix interprété comme un signe de réprobation après la tentative d’assassinat d’un militant séparatiste sikh sur le sol américain, que les Etats-Unis attribuent aux services secrets indiens.
Le président Macron est accompagné des ministres des Armées Sébastien Lecornu, de la Culture Rachida Dati, des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et d’une quinzaine de chefs d’entreprise, dont les PDG d’EDF, Dassault Aviation, Naval Group et Cap Gemini, ainsi que de l’astronaute français Thomas Pesquet.
Jaipur et New Dehli
Une troisième visite éclair de 36 heures dans le pays pour Emmanuel Macron qui retrouvera dans la matinée le Premier ministre indien Narendra Modi, à Jaipur, au Rajasthan. Aucun président français ne s’était rendu dans l’État jusqu’à présent. Côté indien aussi, on vante cette étape où le chef du gouvernement indien accueillera Emmanuel Macron dans un observatoire astronomique afin de célébrer la coopération spatiale entre les deux pays. Auparavant, le locataire de l’Élysée rencontrera des artistes et échangera avec de jeunes Indiens dans l’imposant décor du Fort d’Amber.
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Au programme également un “Road Show” conduisant dans la soirée Macron et Modi jusqu’au Palais des Vents de Jaipur, suivie d’un dîner en tête-à-tête dans cette ancienne résidence royale transformée en palace.
Mais le point d’orgue de cette visite sera la parade militaire du Republic Day, vendredi à New Delhi. Comme en miroir du dernier défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées, ouvert par 240 militaires indiens, un contingent français s’illustrera dans la grande parade militaire marquant le 75e anniversaire de la Constitution indienne.
Au son de 21 coups de canons. Emmanuel Macron rejoindra au préalable la tribune d’honneur à bord d’un fiacre. Un contingent de 150 légionnaires ainsi que deux chasseurs Rafale et un avion ravitailleur français seront aussi à l’honneur, entre régiments de chars indiens et cavalerie à dos de chameau.
Dans le détail, à 6 heures (heure de Paris), le président français assistera au défilé en l’honneur du 75e anniversaire du “Republic Day“. Il déjeunera ensuite avec des investisseurs indiens, puis participera, à 11h30, à la réception du “High Tea“ à l’invitation de Droupadi Murmu, présidente de l’Inde au Palais présidentiel. À 13 heures, il prononcera un discours à l’occasion de la réception en l’honneur de la communauté résidant en France. Il aura un entretien bilatéral avec Droupadi Murmu, à 15 heures, puis dînera avec elle et Narendra Modi, au palais présidentiel, à 15h35. Il visitera, à 16h45, le Mausolée soufi de Nizamuddin.
Une visite aux multiples enjeux
La géopolitique au coeur des discussions
Au-delà du faste, les crises internationales, les deux dirigeants vont avoir des discussions sur l’Ukraine, le Moyen-Orient et la Chine ainsi que sur la coopération bilatérale en matière de défense, précise-t-on de source diplomatique indienne. Adepte du “muli-alignement“, New Delhi entretient de bonnes relations avec la Russie, refusant de la sanctionner pour son invasion de l’Ukraine et allant même jusqu’à lui acheter le pétrole que les Européens boycottent. La France entend de son côté être un acteur de la zone Asie-Pacifique et se veut une puissance d’équilibre, passerelle entre le Nord et le Sud. “L’Inde est, dans le contexte actuel, un partenaire clé pour contribuer à la paix et la sécurité internationales“, souligne la présidence française.
Emmanuel Macron invité d'honneur en Inde, une visite aux enjeux multiples https://t.co/EkXE4upj28 pic.twitter.com/6Eo1AkL4iZ
— RFI (@RFI) January 24, 2024
Un accord-cadre en vue pour six réacteurs EPR
Également au coeur des échanges entre les deux dirigeants, la coopération bilatérale en matière de défense, précise-t-on de source diplomatique indienne. Les deux puissances nucléaires cultivent de longue date des liens de défense, illustrés par l’intention de l’Inde d’acquérir 26 Rafale supplémentaires, outre les 36 déjà commandés. Les négociations se poursuivent sur la vente de ces 26 avions de combat destinés à la marine, tout comme sur celle de trois sous-marins Scorpène. Aucune annonce ne devrait donc intervenir durant la visite. Cette dernière sera également l’occasion de poursuivre les discussions sur les six réacteurs EPR que la France souhaite vendre à l’Inde pour sa centrale de Jaitapur, dans l’État du Maharashtra, dans le centre du pays. Ce projet, dans les tuyaux depuis quinze ans, pourrait bientôt aboutir. Selon une source indienne, un accord-cadre pourrait être conclu cette semaine.
La délicate question de la répression des minorités religieuses
La France, soucieuse de nouer des partenariats stratégiques, militaires et industriels, a ignoré jusqu’à présent les signes alarmants de la transformation de l’Inde depuis l’avènement de Narendra Modi. Les ONG, qui y dénoncent des dérives autoritaires et la répression des minorités religieuses, ont exhorté Emmanuel Macron à soulever la question durant ses entretiens. Human Rights Watch a d’ailleurs interpellé le président français, en lui demandant de ne “pas ignorer la terrifiante répression des minorités religieuses, des médias indépendants, des opposants politiques et des organisations de défense des droits humains qui a lieu actuellement en Inde“.
As Emmanuel Macron prepares to appear in Delhi as chief guest for Republic Day, critics at home accuse him of trying to be too close for comfort with Narenda Modi.https://t.co/qHgbuEHXwI
— Thorsten Benner (@thorstenbenner) January 25, 2024
L’Assemblée nationale a examiné, mercredi 24 janvier, le projet de loi constitutionnelle “relatif à la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse“ et validé la notion de “liberté garantie“ aux femmes d’avoir recours à l’IVG. Après l’adoption de son article unique par 99 voix “pour“ et 13 “contre“ dans la nuit du 24 au 25 janvier, le texte fera l’objet d’un vote solennel ce mardi 30 janvier dans l’hémicycle, après la déclaration de politique générale du Premier ministre, Gabriel Attal. Il sera transmis dans la foulée au Sénat, avant d’être soumis – si les conditions de son adoption sont réunies – à un Congrès qui serait convoqué début mars.
IVG dans la Constitution : l'Assemblée a approuvé la notion de "liberté garantie" aux femmes d’avoir recours à l'IVG. Le projet de loi constitutionnelle fera l'objet d'un vote solennel mardi prochain, avant d'être transmis au Sénat. #DirectAN A lire ⤵️ https://t.co/dD9RHvTgfH
— LCP (@LCP) January 25, 2024
Trois semaines après sa nomination par Emmanuel Macron, Gabriel Attal, prononce ce mardi 30 janvier, à 15 h à l’Assemblée nationale, sa déclaration de politique générale. Un exercice imposé pour tout Premier ministre qui entre en fonction, qui constitue une feuille de route gouvernementale des mois à venir. Ce discours sera simultanément lu au Sénat par un ministre de son gouvernement. Mais, par “grand respect“ et par “grande admiration“ pour le travail des sénateurs, le Premier ministre a annoncé qu’il se rendrait dans la foulée au Palais du Luxembourg, pour y prononcer une intervention distincte.
“Cette déclaration de politique générale, je souhaite la construire et la nourrir avec l’ensemble des forces représentées dans cet Hémicycle et au Sénat“ a déclaré le chef du gouvernement lors de sa première séance de Questions au gouvernement. Gabriel Attal a justifié le temps qu’il a décidé de prendre entre sa nomination et sa déclaration de politique générale par la volonté de “rencontrer l’ensemble des groupes représentés au Parlement, les forces vives de la nation, les organisations syndicales, les associations d’élus locaux“, ainsi que de se “rendre sur le terrain“ et d’avoir des “échanges très directs avec les Français“.
Imposer un style, une méthode
Passage obligé et moment fondateur pour tous les Premiers ministres, la déclaration de politique générale devrait permettre à Gabriel Attal d’imposer un style, voire de transformer celui ci en méthode. Avant même le déclenchement de la crise agricole, le Premier ministre qui dispose d’un réseau politique limité et s’appuie sur un quatuor de conseillers qui le suivent depuis ses débuts – s’est fait fort de se montrer à l’écoute des élus, recevant tous les partis politiques et les forces vives et allant à la rencontre des Français au cours de nombreux déplacements dès sa prise de fonction, sur tous les thèmes.
Adoptant volontiers le vocabulaire de la droite la plus classiquement conservatrice – sur le travail, l’autorité, l’école – quitte à s’éloigner du macronisme originel, Gabriel Attal a esquissé un cap : celui de répondre aux attentes de la classe moyenne. Enfin, le discours de politique générale – qui durera une heure environ – devra montrer que la “méthode Attal“ est synonyme d’action rapide. Pour autant, le nouveau premier est toujours face à la même réalité politique que celle à laquelle était confrontée sa prédécesseure, Elisabeth Borne : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée. Et comme l’ont montré ses premières passes d’armes dans l’hémicycle électrique du Palais Bourbon, les oppositions sont loin d’être tombées sous son charme.
Sa déclaration de politique générale est en outre bousculée par la crise agricole, même si cette dernière peut constituer une opportunité pour gagner en épaisseur politique. Cette crise majeure peut aussi permettre au premier ministre de livrer un discours de politique générale actant une nouvelle étape du quinquennat Macron, là où cela n’allait pas de soi. Enfin, elle peut avoir le mérite d’évacuer les premiers pas difficiles du gouvernement, bousculé par les polémiques à répétition déclenchées par la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra.
Quatre grands chapitres
Quatre chapitres seront détaillés par Gabriel Attal dans la lignée du cap fixé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier dernier : “l’autorité et le régalien“, “les services publics“, avec l’école et la santé, “le travail et l’emploi“ et “l’agriculture et l’écologie.“
Lors d’un déplacement ce dimanche dans une ferme au nord-est de Tours (Indre-et-Loire), le Premier ministre a lui même évoqué son grand oral, ébauchant “trois piliers“ qui devraient structurer sa déclaration : “le travail“, “les services publics“ et la “transition écologique“. Sur le premier volet, Gabriel Attal cible les classes moyennes, “ceux qui ne peuvent compter que sur leur boulot et ont le sentiment de ne rien recevoir en retour“. L’accès aux soins, l’éducation “mère des batailles“, la sécurité et l’autorité, seront eux les thèmes centraux de la partie sur les services publics. Au chapitre écologique, le Premier ministre a dit espérer “sortir des débats stériles entre croissance et climat“, promettant de bâtir “un nouveau modèle de croissance, car l’écologie crée des emplois.“
La crise agricole sera sans surprise en filigrane du grand oral du Premier ministre. Le PM fera t-il des annonces ? Le chef du gouvernement devrait avoir des mots pour le monde agricole qui se dit écrasé par la paperasserie administrative et souffre de ne pouvoir vivre décemment de son travail. Mais selon les informations du Monde, Gabriel Attal devrait s’en tenir à un propos général pour répondre à la colère des agriculteurs, cet après-midi, lors de son discours. Aucune annonce détaillée et précise, faisant écho aux revendications des manifestants, n’est à attendre à cette occasion, alors que, depuis dimanche, Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, déclarait que des annonces devaient être faites “dès mardi“. De “nouvelles mesures seront prises dès demain“ en faveur des agriculteurs, avait annoncé, lundi, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, dans son compte rendu à la presse du conseil des ministres
#AgriculteursEnColere 🚜 la porte-parole du gouvernement @priscathevenot annonce que "de nouvelles mesures seront prises dès demain".
🗣“Il faut aller plus loin“, a-t-elle affirmé. Raison pour laquelle de “nouvelles mesures devraient être prises dès demain“ pic.twitter.com/lJmUBu89wP— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 29, 2024
Autre volet sur lequel Gabriel Attal est très attendu: la promesse de simplification. Elle est réclamée de toutes urgences par les agriculteurs, mais plus largement par l’ensemble des chefs d’entreprises, qui veulent profiter de la fenêtre de tir pour en finir avec la surrèglementation et la surtransposition des directives.
Pas de vote de confiance
La décision avait été annoncée la veille par la porte-parole du gouvernement. Le Premier ministre l’a confirmé mercredi 17 janvier : il ne demandera pas de vote de confiance à l’issue de sa déclaration de politique générale. “Est-ce qu’il y a une majorité absolue à l’Assemblée nationale ? Non, nous le savons. Est-ce qu’il y a besoin d’un vote pour le démontrer ? Non, je ne crois pas non plus“, a-t-il déclaré au Sénat, lors de la séance de Questions au gouvernement.
🚨 La porte-parole du gouvernement @priscathevenot confirme ce mercredi à l'issue du conseil des ministres que le PM @GabrielAttal ne demandera pas la confiance du Parlement après son discours de politique générale annoncé le 30 janvier. pic.twitter.com/MMOu9elokl
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 17, 2024
Les députés de gauche ont toutefois déjà fait savoir qu’ils déposeraient une motion de censure. “Une motion de défiance, en quelque sorte“ a commenté, au micro de la chaîne perlementaire LCP, le premier secrétaire du Parti socialiste et député, Olivier Faure. Comme la motion de censure déposée pour le même motif lors de l’arrivée d’Elisabeth Borne à Matignon, celle-ci n’a cependant aucune chance d’être adoptée Le groupe Les Républicains n’ayant, sauf revirement, pas l’intention de la voter.
Déclaration de politique générale de Gabriel Attal : la gauche va déposer une première motion de censurehttps://t.co/R4huK4n8Rj
— franceinfo (@franceinfo) January 30, 2024
Une fois prononcé ce discours de politique générale, la deuxième salve de nominations prévues pour boucler la nouvelle équipe gouvernementale devrait intervenir “assez rapidement“, a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.
Emmanuel Macron accompagné de son épouse, Brigitte, se rendra en Suède, les 30 et 31 janvier, à l’invitation du roi suédois Carl XVI Gustaf, ont indiqué le ministère suédois des Affaires étrangères et l’Élysée. La visite initialement programmée initialement du 23 au 25 octobre 2023, avait été reportée en raison d’un attentat perpétré à Bruxelles, revendiqué par le groupe Etat islamique. La visite ayant pour thématique principale la défense. Emmanuel Macron est accompagné du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et des PDG comme ceux d’Airbus ou de l’entreprise d’armement MBDA.
Ce sera l’un des principaux textes de la rentrée à la chambre haute : la proposition de loi “pour bâtir la société du bien-vieillir en France“, portée par la majorité présidentielle arrive au Sénat. Le texte adopté le 23 novembre 2023 par l’Assemblée nationale, est examiné en séance par les sénateurs, les mardi 30 janvier, mercredi 31 et jeudi 1er février.
Les différents volets
La prévention de la perte d’autonomie et la lutte contre l’isolement
La proposition de loi, qui a été enrichie de 146 amendements des députés et du gouvernement, comporte plusieurs volets. Tout d’abord, “la prévention de la perte d’autonomie et lutte contre l’isolement“. Le texte crée dans le cadre de cette première priorité :
- une conférence nationale de l’autonomie en charge du pilotage national de la politique de prévention de la perte d’autonomie ;
- un service public de l’autonomie à l’échelle des départements pour les personnes âgées et handicapées et les proches aidants, sorte de guichet unique afin de simplifier leur parcours usager ;
- des conférences territoriales de l’autonomie qui seront chargées de piloter le dispositif dans les départements ;
- un référent prévention.
La prévention et la lutte contre les maltraitances font l’objet d’un deuxième volet prévoyant notamment la création d’une nouvelle instance de recueil et de traitement des alertes en cas de maltraitance de personnes vulnérables au niveau départemental, sous la responsabilité des agences régionales de santé (ARS). Un mandat de protection future aux fins d’assistance est également créé.
Une carte professionnelle pour les aides à domicile
Un autre axe du texte concerne les intervenants à domicile. Ils pourront disposer au plus tard en 2025 d’une carte professionnelle afin de leur faciliter leur vie quotidienne, pour le stationnement par exemple. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) pourra aider financièrement les départements qui soutiennent la mobilité de ces professionnels, notamment pour l’acquisition de véhicules propres.
Une régulation des Ehpad
De nombreuses dispositions de la proposition de loi traitent des Ehpad. À la suite du “scandale Orpéa“, un amendement prévoit la mise en place d’une réunion régulière des représentants des autorités et des établissements et services compétents en matière de contrôle des Ehpad. Deux autres mesures visent à ne pas renouveler tacitement les autorisations des Ehpad dont l’évaluation externe ou le contrôle de l’ARS n’a pas été satisfaisant et à renforcer le contrôle des Ehpad privés lucratifs et les sanctions en cas de constat du mauvais état d’entretien d’un immeuble ou de travaux non réalisés. De son côté, le gouvernement a fait voter un amendement pour obliger les Ehpad privés lucratifs à consacrer une partie de leurs bénéfices à l’amélioration de l’hébergement et du bien-être de leurs résidents. La proposition de loi consacre en outre un droit de visite pour les proches ainsi qu’un “droit au maintien“ du lien social et de la vie familiale.
Un texte rétréci en commissions sénatoriales
Débattu en commission des affaires sociales et en commission des lois du Sénat le 17 janvier, la proposition de loi a été nettement amincie. Après une inflation notable du nombre d’articles à l’Assemblée nationale, où elle a presque quintuplé, les rapporteurs au Sénat, ont souhaité “recentrer le texte sur son contenu utile“, reprécisant certaines choses, et élaguant au passage des passages jugés superflus, “inopérants“, ou déjà satisfaits par le droit actuel.
Bien vieillir : sans enthousiasme, les sénateurs adoptent le texte en commissionhttps://t.co/t0xayX24ND
— REMOISSENET (@jeminy75341) January 19, 2024
“Pour nos salaires, contre les suppressions de postes, contre la mise en place des réformes à marche forcée“ : l’intersyndicale FSU, FNEC FP – FO, CGT Educ’Action, SUD éducation, rejointe par le SE-UNSA et le SGEN-CFDT appellent dans un communiqué commun à une journée de grèves et des manifestations ce jeudi 1er février.
Aux revendications sur les salaires et conditions de travail s’ajoutent une “grande colère“ contre les déclarations de la ministre de l’Éducation sur l’école publique et des inquiétudes sur les mesures annoncées par le Premier Ministre.
Grève du 1er février : pourquoi les enseignants sont de nouveau dans la rue ce jeudi https://t.co/ObLrd6n9cI
— Le HuffPost (@LeHuffPost) February 1, 2024
Selon les remontées de ses représentants à Paris et en région, le FSU-SNUipp, premier syndicat dans le primaire table sur “une moyenne de 40 % de grévistes sur le territoire, avec 65 % de grévistes à Paris, plus de 50 % dans le Val-de-Marne, la Drôme, l’Ardèche ou encore dans les Pyrénées-Atlantiques“
Les enseignants sont appelés ce jeudi à la grève par la plupart des organisations syndicales. La FSU-SNUipp, 1er syndicat dans le primaire, table sur 40 % de grévistes en moyenne en France, 65 % à Paris, plus de 50 % dans le Val-de-Marne, la Drôme, l’Ardèche ou encore les… pic.twitter.com/JHhjIoooYx
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) February 1, 2024
Des manifestations dans toute la France
Des manifestations sont prévues aux quatre coins de l’hexagone. A Paris, rendez-vous est donné à 14 heures au Luxembourg, pour une manifestation en direction du ministère de l’Éducation nationale, rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement. A Lyon, les manifestants partiront de la place Guichard à 14 heures, en direction du rectorat. A Marseille, le rendez-vous est fixé à 10 heures aux réformés. A Nantes, une manifestation partira du Miroir d’Eau également à 10 heures. A Bordeaux, rendez-vous est donné place de la Bourse à 14 heures. A Lille, le cortège s’élancera à 14h30 de la place de Paris, à Strasbourg, de la place Keller à 14 heures. A Rennes, le départ sera donné de République à 11 heures. A Nice, à 10 heures, de la place Garibaldi.
Des manifestations sont aussi organisées en région dans les petites et moyennes villes. Pour n’en citer que quelques unes :
- Le Havre, 10h30, Franklin ;
- Caen, 10h30, Pl. du Théâtre ;
- Angers, 11h00, Place Imbach ;
- Tours, 10H00, pl. Anatole France ;
- La Rochelle, 10h30, pl. Verdun ;
- Le Mans, 14h00, boulevard Paixhans ;
- Clermont-Ferrand, 10h00, Pl. Delille ;
- Dijon, 14h00, rectorat ;
- Mulhouse, 13h30, pl. de la Bourse ;
- Chalon-sur-Saône, 14h30, pl. de Beaune ;
- Grenoble, 14h00, pl. de Verdun ;
- Le Puy-en-Velay, 10h30, DSDEN Haute-Loire ;
- Perpignan, 10h30, Pl. de Catalogne ;
- Toulon, 10h30, Pl. de la Liberté ;
- Tarbes, 11h00, Bourse du travail vers Inspection académique ;
- Bayonne, 10h30, Ecole du Grand Bayonne ;
- Limoges, 14h00, Rectorat :
- La Roche-sur-Yon, 10h30, Pl. Napoléon ;
- Caen…
📣Salaires, postes, conditions de travail : toutes et tous en grève et dans les manifestations le 1er février !
Carte des manifestations #Grève1erFévrier
➡https://t.co/3HlICSCNvD pic.twitter.com/GlUGvEIG7p— SNES-FSU (@SNESFSU) January 27, 2024
Les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union Européenne (UE) se réunissent à Bruxelles ce jeudi 1er février, pour un conseil européen extraordinaire. Les dirigeants de l’UE tenteront de trouver un accord sur le budget pluriannuel de l’Union, en particulier sur le financement d’une facilité pour l’Ukraine. Le sommet du mois de décembre n’a pas permis de prendre une décision sur la révision du budget de l’Union et sur le programme d’aide de 50 milliards d’euros à Kiev, en raison de l’objection du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Évolution du cadre financier pluriannuel de l’UE et soutien à l’Ukraine
Dans ce contexte, les vingt-sept débattront de la proposition de révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027, qui comprend la création d’une facilité pour l’Ukraine. Alors que l’UE continue d’essayer de convaincre Budapest de lever son veto au financement de l’Ukraine, les dirigeants envisagent également d’autres solutions, y compris un accord à 26, sans la Hongrie.,
Aide à l’Ukraine Alors que Bruxelles s’efforce de lever le blocage hongrois concernant l’aide à l’Ukraine depuis que le Premier ministre Viktor Orbán a opposé son veto au programme de l’UE en décembre, les diplomates européens ont élaboré un compromis qui pourrait permettre… pic.twitter.com/9W0NRQT4ep
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 28, 2024
Au menu des débats également, la plateforme “Technologies stratégiques pour l’Europe“ (STEP), qui vise à soutenir la compétitivité de l’UE dans les secteurs stratégiques.
La plateforme STEP vise à encourager le #numérique, la #neutralité carbone et les biotechnologies, et à permettre à l’industrie de réaliser les #transitions numérique et nette zéro.
Le Parlement a adopté mardi sa position sur sa mise en place 👇https://t.co/iTZdKCWYd1
— Parlement européen en France (@Europarl_FR) October 21, 2023
Le cadre de négociation prévoit une enveloppe financière supplémentaire de 64,6 milliards d’euros, qui devrait être consacrée aux nouvelles priorités suivantes:
- 50 milliards d’euros pour la facilité pour l’Ukraine (17 milliards d’euros sous la forme de subventions et 33 milliards d’euros sous la forme de prêts)
- 2 milliards d’euros pour la migration et la gestion des frontières
- 7,6 milliards d’euros pour le voisinage et le monde
- 1,5 milliard d’euros pour le Fonds européen de la défense au titre du nouvel instrument STEP
- 2 milliards d’euros pour l’instrument de flexibilité
- 1,5 milliard d’euros pour la réserve de solidarité et d’aide d’urgence
La crise agricole s’invite au sommet
La crise agricole qui secoue plusieurs Etats membres de l’UE, dont la France, s’invitera forcément dans les échanges entre les 27. Elle sera au cœur de la rencontre prévue ce jeudi en marge du sommet, entre le président français, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sous le feu des critiques. “Le président de la République va s’entretenir ce jeudi 1er février 2024 avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, des mesures à prendre en faveur des agriculteurs, alors que la profession mène une fronde dans plusieurs pays de l’Union Européenne, dont la France“, a annoncé la présidence.
Certes, l’Elysée s’est félicité hier de deux concessions déjà accordées par Bruxelles (l’assouplissement provisoire de la règlementation sur les jachères, et la limitation de l’exemption de taxes douanières pour les produits agricoles ukrainiens). Depuis la Suède, Emmanuel Macron a toutefois fait clairement savoir, qu’il comptait faire pression sur la présidente de la Commission européenne à propos de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, redouté par les agriculteurs français et condamné par les écologistes, et auquel Paris s’oppose plus que jamais.
Jachères : la Commission européenne propose une dérogation partielle pour 2024. La Commission annonce dans un communiqué qu’elle propose "à tous les agriculteurs de l’UE d’être exemptés" de l’obligation d’avoir 4 % de la surface de leur exploitation qui soit non productive (mise… pic.twitter.com/F5GjsXWy41
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) January 31, 2024
En amont du sommet, le président a d’ailleurs échangé au cours du week-end, directement avec elle, pour obtenir le report sine die des négociations de l’accord Mercosur. “Elle a pris les dispositions nécessaires pour que cet accord ne se conclue pas“, assure un proche du président, selon qui le chef de l’État a obtenu gain de cause. Le président compte porter à Bruxelles d’autres sujets au cœur de la colère des agriculteurs, notamment les 4% de jachères obligatoires imposés par la nouvelle politique agricole commune (PAC) et l’importation de produits agricoles ukrainiens.
Accord UE-Mercosur : la France intensifie la pression contre la Commission européenne https://t.co/gNgfLkbbrR
— Euractiv France (@Euractiv_FR) January 29, 2024
Dans la foulée de l’examen de la motion de censure, ce lundi matin à 10 heures à l’Assemblée nationale, Gabriel Attal s’envolera pour Berlin. Pour ce premier déplacement à l’étranger, moins d’un mois après sa nomination le 9 janvier, le Premier ministre français devrait faire un large tour d’horizon avec le chancelier Olaf Scholz. Selon Berlin, cette rencontre portera sur l“’ensemble des sujets bilatéraux, européens et internationaux ainsi que des questions de politique économique“. Olaf Scholz avait félicité le 9 janvier Gabriel Attal pour sa nomination à Matignon dans un message publié sur le réseau X, se réjouissant “de poursuivre et de renforcer (leur) coopération“, mise à mal récemment notamment sur l’énergie.
Gabriel Attal à Berlin pour tenter de redynamiser le couple franco-allemand
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Après un discours devant la communauté française à la résidence de l’ambassade de France, le chef du gouvernement français sera reçu avec les honneurs militaires à 18h00 à la chancellerie allemande, avant un entretien avec Olaf Scholz. Hydrogène décarboné, élargissement de l’Union européenne, crise agricole, montée de l’extrême droite et élections européennes, Ukraine seront notamment au menu des discussions. Les deux responsables tiendront ensuite une conférence de presse commune, puis dîneront à la chancellerie.
Déroulé prévisionnel
15h30 : arrivée de M. Gabriel ATTAL, Premier ministre, à l’aéroport de Berlin Brandebourg
16h30 : discours du Premier ministre devant la communauté française en Allemagne, à la Résidence de France, suivi d’un temps d’échanges avec les invités
18h00 : honneur militaires à l’arrivée de M. Gabriel ATTAL, Premier ministre, à la Chancellerie fédérale d’Allemagne et accueil par M. Olaf SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne
18h10 : entretien de M. Gabriel ATTAL, Premier ministre, avec M. Olaf SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne
A l’issue de l’entretien : conférence de presse commune de M. Gabriel ATTAL, Premier ministre et de M. Olaf SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne
19h00 : dîner élargi aux délégations française et allemande.
C’est à 10 heures ce lundi 5 février, que Gabriel Attal aura à affronter sa première motion de censure à l’Assemblée, déposée le 30 janvier par les députés de la Nupes, avant même que le Premier ministre ait prononcé sa déclaration de politique générale. Il s’agit d’avoir, “puisque nous n’avons pas de vote de confiance, un vote de défiance“, avait formulé la patronne du groupe Insoumis, Mathilde Panot.
Mathilde Panot : « Nous déposerons une motion de censure qui permettra d'avoir, puisque nous n'avons pas de vote de confiance, un vote de défiance.
Ceux qui ne voteront pas la motion de censure seront de facto dans la majorité ! » pic.twitter.com/Ai4mYXWqTC
— Alexis🇨🇵φ (@_Citoyen_Alexis) January 30, 2024
Que revendiquent les députés de gauche des quatre groupes de gauche – LFI, PS, écologiste et communiste – dans leur motion ? “Sans objectif politique clair, sans portefeuilles ni périmètres ministériels définitivement actés, M. Gabriel Attal est, depuis trois semaines, le capitaine d’un bateau à la dérive“, lit-on dans leur texte. “S’affranchir du vote de confiance, c’est choisir de déroger aux principes fondamentaux d’une démocratie parlementaire“, poursuivent-ils, dénonçant “la continuation des méthodes les plus autoritaires que permet la Ve République, au service d’un mandat présidentiel crépusculaire sans majorité parlementaire, ni populaire“.
Gabriel Attal n’a pour lui qu’une majorité relative (de 170 députés Renaissance et 51 Modem), donc en théorie, ses opposants pourraient réunir le nombre de votes nécessaires. Mais il dispose de la même sécurité qui a permis à Élisabeth Borne d’échapper avant lui à une trentaine de motions de censure : la difficulté de ses adversaires à voter ensemble. Les députés signataires n’auront que peu de soutiens dans les rangs plus à droite de l’hémicycle.
Le “Non “du Rassemblement National
La motion ne sera vraisemblablement pas votée par le Rassemblement national, ainsi que l’ont expliqué Marine Le Pen ou Sébastien Chenu la semaine passée. La motion de censure de la gauche “annoncée avant même le discours (…) décrédibilise ceux qui l’ont déposée“, a ainsi estimé mardi 30 janvier la patronne des 88 députés RN. Une position confirmée par le numéro 2 du parti “Le RN ne va « probablement pas voter » la motion de censure contre le gouvernement Attal, a affirmé M. Chenu, malgré l’absence, selon lui, “d’axe politique“ dans le discours de politique générale du Premier ministre. Le Rassemblement National devrait donc passer son tour, même si le “probablement“ du vice-président de l’Assemblée nationale laisse une porte ouverte à un changement d’avis de dernière minute.
"On a eu un ensemble de mesurettes…"
Le RN ne va "probablement pas voter" la motion de censure contre le gouvernement Attal, affirme @sebchenu, malgré l'absence, selon lui, "d'axe politique" dans le discours de politique générale du Premier ministre.#le710inter pic.twitter.com/2y86CwHnjh
— France Inter (@franceinter) January 31, 2024
“Nous ne partageons en rien la vision des Insoumis“
Si la droite hésite à déposer sa propre motion de censure à une occasion prochaine, le président des Républicains a fait savoir que les députés de son parti ne voteraient pas celle d’aujourd’hui.dont le patron Éric Ciotti a clairement énoncé mercredi : “Nous ne voterons pas la motion de censure des Insoumis. Parce que nous ne partageons en rien la vision des Insoumis .“ Ce qui ne signifie pas que le groupe est fermé à toute idée de censure, mais simplement qu’il a son propre agenda. La droite fait toujours planer la menace d’en déposer une par elle-même, qui aurait a priori davantage de chances de réunir les voix suffisantes.
Reste les indépendants du groupe Liot, qui au printemps, lors du combat autour de l’âge de la retraite, avaient réussi à fédérer une opposition inédite à laquelle il n’a manqué que deux voix pour renverser Élisabeth Borne. Si sur le papier des députés Liot pourraient être sensibles aux arguments de défense de la “démocratie parlementaire“ présentés par la gauche, dans les faits la censure de ce groupe de 22 membres, dont des transfuges de la majorité relative qui restent proches des options politiques défendues par Gabriel Attal, reste peu crédible.