A partir de ce vendredi, minuit, un tiers des français va être reconfiné pour un mois au moins. Travail, déplacements, sorties, commerces… Comment va s’organiser la vie des habitants de ces seize départements “mis sous cloche“. Que sera t-il possible de faire ou non dans ces territoires? Quels sont les commerces ouverts et ceux qui ferment? Le point sur les nouvelles restrictions sanitaires.
C’est un confinement d’un genre nouveau qu’a annoncé le Premier ministre, Jean Castex, lors d’une conférence de presse ce jeudi 18 mars. Outre l’Île-de-France, sont concernés : les Hauts-de-France, et les départements des Alpes-Maritimes, de la Seine-Maritime et de l’Eure.
16 départements “sous cloche“
Seize départements de France métropolitaine au total, sont confinés à partir de ce vendredi soir, minuit, et pour une durée d’au moins un mois : l’Aisne (02), les Alpes-Maritimes (06), l’Eure (27), le Nord (59), l’Oise (60), le Pas-de-Calais (62), Paris (75), la Seine-Maritime (76), la Seine-et-Marne (77), les Yvelines (78), la Somme (80), l’Essonne (91), les Hauts-de-Seine (92), la Seine-Saint-Denis (93), le Val-de-Marne (94) et le Val-d’Oise (95).
Ce qui est autorisé, ce qui est interdit
Cette troisième saison de confinement, cinq mois après la mise en place de la mesure à l’échelle nationale, implique des règles particulières. Un confinement d’un nouveau genre, “assoupli“, avec toutefois le retour des attestations et des limitations des déplacements entre les régions. Une “troisième voie“ pour “freiner l’épidémie, sans enfermer“, selon Jean Castex.
Se promener ou faire du sport : oui dans un rayon de 10 kilomètres
C’est la grande nouveauté de ce confinement “saison 3“. Comme l’a annoncé le Premier ministre jeudi, il sera possible pour les français résidant dans l’un des départements concernés, de sortir de chez soi pour “se promener, s’aérer et de faire du sport en journée“, sans aucune limitation de durée, à condition d’avoir une attestation et de rester dans un rayon de 10 kilomètres. Un assouplissement considérable, qui vient remplacer la règle “1 heure, 1 kilomètre“, qui avait prévalu lors des précédents confinements. Le ministère de l’Intérieur devrait mettre en ligne ce vendredi, une nouvelle version de l’attestation de déplacement.
Se déplacer entre 19h00 et 6h00 : non, sauf motif dérogatoire
Repoussé d’une heure, à 19 heures sur tout le territoire, afin de tenir compte de l’“arrivée de l’heure d’été“ le 28 mars, le couvre-feu, est maintenu dans les 16 départements placés en confinement, comme dans l’ensemble de l’Hexagone. Durant les heures de couvre-feu (19h00-6h00), tout déplacement reste donc interdit sous peine d’une amende de 135 euros, sauf pour l’un des motifs expressément prévus, notamment pour pour raisons professionnelles, motifs familiaux impérieux ou raisons médicales. Et à la condition de disposer d’une attestation de sortie.
Se déplacer dans une autre région : non, sauf motif impérieux ou professionnel
Le premier ministre l’a annoncé jeudi : les déplacements interrégionaux impliquant un département confiné sont interdits, sauf “motif impérieux ou professionnel“. Concrètement, changer de région, en provenance ou en direction de l’un des 16 départements confinés, n’est pas autorisé. “Ça vaut dans un sens comme dans l’autre“, a précisé ce matin Jean-Michel Blanquer sur BFMTV.
Les modalités pour les personnes actuellement en déplacement et qui souhaiteraient regagner leur région de résidence n’ont pas été détaillées lors de la conférence de presse du gouvernement. Toutefois, lors des précédents confinements, une tolérance a toujours été appliquée pour les personnes qui souhaitaient rejoindre leur domicile.
Contactés par Le Figaro, la préfecture de police et le ministère de l’Intérieur ne préfèrent pas, pour le moment, donner une liste précise des motifs impérieux, faute de décret publié. “Cela devrait se décanter avant le week-end“, précisent ces services.
Quels sont les motifs impérieux qui justifient un déplacement hors d'un département confiné? La préfecture de police et le ministère de l'Intérieur ne préfèrent pas, pour le moment, donner une liste précise, mais les contours se dessinent… https://t.co/ceHDA8vqfv
— Le Figaro (@Le_Figaro) March 19, 2021
Aller au lycée : oui, mais en demi jauge
Comme à l’automne, les écoles maternelles, élémentaires, et les collèges, conservent un fonctionnement normal. Les lycées basculent en revanche dans leur ensemble en “demi-jauge“. Cette dernière s’appliquera à l’échelle du lycée, et non pas à celui d’une classe, a précisé jeudi soir le ministère de l’Education à franceinfo. Il s’agira donc d’un “fonctionnement hybride“. Concrètement, seul un élève sur deux pourra être présent dans l’établissement. Jean Castex a précisé jeudi, que les cours d’éducation physique et sportive (EPS) reprendront “normalement“ sur le temps scolaire. Les activités extrascolaires en plein air seront également maintenues. Quant aux universités, elles continueront de fonctionner comme aujourd’hui.
Se rendre dans les lieux de culte : oui
Rien ne change enfin pour les lieux de culte, qui resteront ouverts selon les protocoles en vigueur.
Ce qui est ouvert, ce qui reste fermé
Des achats limités aux biens et services “de première nécessité“
Seuls les commerces dits “de première nécessité“, resteront ouverts dans les 16 départements visés par la mesure de confinement. Dans les zones concernées, magasins de prêt-à-porter, de jouets, bijouteries ou encore parfumeries devraient donc entre autres être contraints de baisser le rideau.
“Par souci d’équité, les restrictions de vente s’appliqueront aux mêmes produits qu’ils soient vendus dans un rayon de grande surface, un commerce spécialisé ou un petit commerce de centre-ville“, a précisé le premier ministre.
Pour l’heure, et dans l’attente d’un nouveau texte, ces commerces dits “essentiels“, sont ceux visés par le décret du 29 octobre 2020. C’est-à-dire concrètement, les commerces alimentaires (boucheries, charcuteries, boulangeries, commerces de détail de produits surgelés, commerce d’alimentation générale…), les pharmacies, les vendeurs de journaux, magasins de bricolage, opticiens, tabacs, magasins de télécoms, vendeurs de cigarettes électroniques et magasins vendant de la nourriture et des fournitures pour les animaux de compagnie, ainsi que les quincailleries ou encore les produits de puériculture qui figurent sur la liste fixée par ce décret.
Interrogé sur RTL vendredi matin, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a refusé de s’étendre sur les autres commerces qui pourront rester ouverts. “Quand vous devez limiter les interactions dans les lieux clos, vous devez fermer un certain nombre de lieux. C’est difficile pour les personnes concernées, elles seront évidemment indemnisées“, a-t-il promis.
Une extension à de nouvelles activités
C’est la nouveauté de ce troisième confinement : après leur mobilisation à l’automne, les librairies et disquaires ont gardé le droit de rester ouverts. La notion de commerce essentiel est “étendue aux livres et à la musique“, a annoncé jeudi Jean Castex. Les libraires et les disquaires ont en fait rejoint la liste de ces commerces depuis la publication d’un décret au Journal officiel, le 26 février dernier, juste avant que les villes de Nice et Dunkerque ne vivent leur premier week-end confiné.
Toujours sur les ondes de RTL, Gabriel Attal a annoncé ce vendredi que “les coiffeurs pourront rester ouverts“. Une différence avec les deux derniers confinements, en mars et en octobre 2020. Cette ouverture s’accompagnera “d’un protocole sanitaire particulier“ a indiqué le secrétaire d’état. Un décret en ce sens modifiant celui du 29 octobre 2020 va être présenté.
Bercy a allongé vendredi soir la liste des commerces jugés essentiels et qui pourront rester ouverts dans les 16 départements soumis à un confinement. Un décret paru samedi au Journal officiel (JO), précisant une annonce du ministère de l’Économie, mentionne précisément les “commerces de plantes, fleurs, graines, engrais, semences, plants d’espèces fruitières ou légumières, animaux de compagnie et aliments pour ces animaux en magasin spécialisé“, les “services de coiffure“, les “services de réparation et entretien d’instruments de musique“, les “commerces de véhicules automobiles et de machines agricoles sur rendez-vous“ et les “commerces de détail de cacao, chocolats et produits de confiserie“.
Selon ce même décret, les supermarchés et autres magasins d’une surface de plus de 400 mètres carrés ne peuvent accueillir du public que pour les activités jugées essentielles, ainsi que la vente de “produits de toilette, d’hygiène, d’entretien et de produits de puériculture“. Les magasins d’alimentation générale et les supérettes peuvent quant à eux accueillir du public pour l’ensemble de leurs activités. Les “click and collect“ restent possibles.
Reconfinement : la liste des commerces jugés essentiels allongée https://t.co/58uoiZSZb2
— Le Point (@LePoint) March 20, 2021
Au total, ce sont quelque 90.000 commerces qui ne pourront ouvrir, en incluant les quelque 25 000 commerces déjà fermés dans les centres commerciaux sur l’ensemble du territoire, précise un communiqué du gouvernement.