Conseil de défense sanitaire : quelles menace(s)?

Premier conseil de défense sanitaire ce mercredi, depuis l’annonce du semi-confinement de 16 départements. Alors que 26 nouveaux territoires se situent désormais dans la zone rouge, le gouvernement va t-il élargir les mesures renforcées à ces derniers? Des mesures particulières pourraient-elles être décidées pour les écoles alors que  le nombre de contaminations explose. Le point sur la situation.

Un nouveau conseil de défense ce mercredi va réévaluer une situation épidémiologique jugée préoccupante en France. Outre les 16 départements soumis à de nouvelles mesures restrictives depuis samedi dernier, la situation sanitaire dans l’ensemble du pays se rapproche en effet, voire dépasse les seuils d’alerte. Le taux d’incidence est ainsi en augmentation bien au-delà des zones récemment confinées : Ile-de-France, Hauts-de-France, Alpes-Maritimes, Eure et Seine-Maritime).

Des chiffres alarmants

Une hausse du taux d’incidence

Outre les 16 départements déjà mis sous cloche, 26 autres, au-dessus du seuil d’alerte maximale, avec un taux d’incidence supérieur à 250 nouveaux cas quotidiens pour 100.000 habitants, se situent désormais à un niveau élevé. En première ligne, la région PACA avec le Var (348), les Bouches-du-Rhône (334) , le Vaucluse (303), mais également le Rhône (375) et la Nièvre (326).

Ces départements en zone rouge, sont :

  • dans le Grand-Est, l’Aube, les Ardennes, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et la Moselle ;
  • en Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ain, l’Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie ;
  • en Bourgogne-Franche-Comté, le Doubs, le Jura, la Nièvre et l’Yonne ;
  • en Paca, les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse ;
  • en Centre-Val-de-Loire, l’Eure-et-Loir, l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher ;
  • en Occitanie, le Gard et la Lozère ;
  • en Normandie, l’Orne.

 Et la situation est également particulièrement préoccupante à Paris (504) et dans certains départements de l’Ile-de-France : Seine-Saint-Denis (incidence de 683), Val-de-Marne (591), et Seine-et-Marne (552) et par ailleurs dans le Val-d’Oise (656), dans lesquels l’effet du nouveau confinement ne se fait pas encore ressentir.

Une évolution critique des patients en réanimation

Le critère du taux d’incidence est pourtant loin de se suffire à lui seul, à entendre le professeur Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique, qui juge bien plus pertinent de se fier au nombre de patients en réanimations, pour décider d’un reconfinement. Or, là encore les chiffres ne sont pas bons. Le nombre de personnes actuellement en réanimation – le nerf de la guerre dans la gestion de cette crise – a dépassé les 4.500 et se rapproche dangereusement du pic de la deuxième vague (4.919 le 16 novembre).

De nouvelles mesures sanitaires ?

“D’autres zones pourraient être concernées“

MISE A JOUR 24.03.21 -14h30

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a annoncé ce mercredi que trois départements étaient sous la menace d’un nouveau confinement et devraient ainsi passer sous des mesures de freinage renforcées. “Des concertations vont avoir lieu cet après-midi pour trois autres départements: le Rhône, l’Aube et la Nièvre“, a précisé Gabriel Attal au sortir du conseil des ministres ce mercredi. “Face au danger, nous agissons en prenant des mesures exigentes (…) équilibrées, logiques et efficaces si elles sont pleinement appliquées“, a justifié le secrétaire d’état.

Bien qu’on ne puisse pas écarter la possibilité d’une décision présidentielle inattendue, la réunion de préparation du Conseil de défense mardi, ne laisse pas présager selon le media Politico de nouvelles mesures immédiates visant à renforcer le dispositif actuel. Et ce, même si le directeur de cabinet du Premier ministre, Nicolas Revel, s’est montré particulièrement inquiet au sujet de l’Ile-de-France.

Jean Castex a d’ailleurs donné le ton hier matin, faisant le service après-vente de la stratégie gouvernementale devant les députés de la majorité. Le Premier ministre a laissé entendre qu’il était trop tôt pour donner un nouveau tour de vis, les mesures de freinage de l’épidémie mettant en principe quinze jours à produire des effets. “On n’est pas sous la dictée des scientifiques, mais on ne cherche pas à s’écarter de leurs recommandations“ a-t-il indiqué.

Pour autant, s’il l’a évoqué hier comme une hypothèse, Emmanuel Macron n’exclut pas des mesures renforcées à d’autres départements en situation d’alerte. Le chef d’Etat a indiqué en effet ce mardi que d’autres zones pourraient bientôt être concernées par ces mesures. “Le gouvernement sera sans doute amené à prendre d’autres règles peut-être pour des territoires qui basculeraient en situation difficile“, a-t-il expliqué.  Une position défendue par plusieurs membres du Conseil scientifique. “Ces mesures seraient très pertinentes dans des régions qui, aujourd’hui, sont dans un état maîtrisé, mais dans trois ou quatre semaines (…) vont se retrouver dans une situation critique“ a déclaré mardi sur BFMTV Arnaud Fontanet.

Pas d’allègement des restrictions pour Pâques

Pourra-t-on relâcher un peu la pression à Pâques ? “Il n’y aura pas d’exception pour les repas de famille“ à Pâques, a indiqué mercredi 24 mars au Parisien le Premier ministre Jean Castex. En clair, les repas sont autorisés uniquement avec les personnes habitant dans son propre foyer, mais il n’est pas question d’inviter à la fête oncles, cousins, grands-parents.

Gérald Darmanin a confirmé dans la matinée les propos du chef du gouvernement, annonçant ce mercredi sur BFMTV, qu’il n’y aurait pas d’allègement des restrictions pour le week-end pascal, “en tout cas dans les départements concernés“ (en zone rouge). “Les offices religieux pourront se tenir dans les horaires prévus avant le couvre-feu […] On encourage les citoyens à ne pas se regrouper pour ces week-ends, malheureusement, parce que cette lutte contre le Covid, chacun en a une petite victoire au bout de son comportement“, a plaidé le ministre de l’Intérieur.

Les écoles menacés de fermeture?

La pression monte médiatiquement“, reconnaissait hier en off  un conseiller d’un ministre de premier plan, faisant allusion, entre autres, à la dernière Une du Monde. Selon le media, le nombre de contaminations explose parmi les enfants : ils étaient 15 484 contaminés le 19 mars, contre 9 221 la semaine précédente, une augmentation en partie imputable à la multiplication des tests salivaires, qui atteignait 250 000 tests réalisés vendredi soir.

Les cas de Covid-19 progressent également parmi les personnels, comme l’a reconnu mardi le ministre de l’Education nationale. On y recense 1 809 cas au 19 mars, contre 1 106 il y a dix jours.

Jean Michel Blanquer l’assure pourtant, le taux de contamination dans les écoles ne dépasse pas les 0,5 %. Le ministre de l’Education plaide inlassablement contre la fermeture des établissements scolaires. Rue de Grenelle, on assume de tout faire pour l’éviter : “On veut donner le max de chances à des enfants de pouvoir rester en présentiel“ indiquait hier soir à Playbook une conseillère du ministre, consciente que la pression “va continuer à monter“, dans l’attente des “effets d’un confinement, en plus, un peu moins dur“.

 “Jusqu’à quand le gouvernement pourra-t-il tenir sa ligne ?“ L’entourage du ministre prend toutefois soin de ne pas écarter définitivement l’éventualité d’une mesure forte. “Le non à la fermeture n’est pas une posture. Tout ce qu’on peut faire avant de fermer, on le fera, c’est ça la posture“, indiquait hier la rue de Grenelle.

Outre la “gestion territorialisée des cas“ le gouvernement estime qu’il dispose encore de plusieurs leviers, dont plus d’hybridation au collège. C’est à dire, concrètement, diviser les classes et alterner les cours à distance et les cours “en présentiel. L’autre option, celle qui fâche, serait de fermer les cantines. Le sujet s’annonce compliqué : “Si vous fermez les cantines au collège ou dans les lycées, les élèves sortent manger devant l’établissement avec un sandwich dehors, c’est pas mieux. Il faut voir quelle est l’alternative“, déclare la conseillère du ministre.

 

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