Débat Attal-Bardella : “le choc des dauphins“

Ce sera le point d’orgue de la campagne des Européennes. Un choc des ambitions entre deux dauphins, figures montantes de la nouvelle génération politique. Le président du parti à la flamme, Jordan Bardella, et le Premier ministre, Gabriel Attal s’affrontent ce jeudi sur France 2. L’un peut y gagner un nouveau coup de pouce, qui l’installe encore plus au centre du jeu, l’autre, présenté comme l’arme anti-Bardella, joue sa crédibilité et va tenter de relancer une campagne atone.

Ce sera leur sixième confrontation, mais avant tout un tournant de la campagne des Européennes. A un peu plus de deux semaines du scrutin le 9 juin prochain, le Premier ministre Gabriel Attal et le président- tête de liste du RN Jordan Bardella, se retrouvent pour un débat très attendu, en prime time (à partir de 20h30), en direct sur France 2.

Le chef du gouvernement, qui a longtemps refusé de s’impliquer en faveur de la tête de liste de la majorité présidentielle, Valérie Hayer, à la peine dans les sondages, va donc tenter d’inverser, ou du moins d’atténuer le rapport de force face au Rassemblement National (RN). À trois semaines des élections européennes, A un peu plus d’une vingtaine de jours de l’élection, l’issu du scrutin semble de moins en moins incertaine pour les électeurs. Selon le dernier Euro rolling Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI, et Sud Radio du 22 mai, ils sont plus d’une majorité (52 %) à pronostiquer une victoire du Rassemblement national. Un chiffre qui augmente au fur et à mesure que l’élection se rapproche – il était de 45 % au lancement du Rolling le 8 avril. La liste emmenée par Jordan Bardella réunit à ce jour 32,5% des intentions de vote, contre 16% pour celle de la majorité présidentielle (Renaissance, Modem et UDI). De quoi pousser Emmanuel Macron à demander à son Premier ministre d’agir avant le scrutin du 9 juin. “Je souhaite qu’il s’engage au maximum dans la campagne en faisant des débats, des meetings“, a confié samedi le chef de l’Etat dans une interview accordée le 4 mai à La Tribune dimanche.

Un point d’orgue de la campagne

Tout est réuni pour faire de ce débat un point d’orgue de la campagne. S’il parvient à mettre en difficulté le président du RN, alors que rien ne semble jusqu’alors pouvoir enrayer sa campagne, le Premier ministre ne pourra qu’en sortir renforcé. Gagnant aussi pour Jordan Bardella, qui décroche l’occasion de débattre avec la tête de l’exécutif macronien, et d’être par là même reconnu comme son égal. Pour peu que la soirée ne vire pas à la débâcle, Jordan Bardella pourrait ressortir grandi de ce débat, car légitimé dans sa prétention à accéder un jour à Matignon. Du point de vue du parti présidentiel, la stratégie est claire : réactiver le clivage entre ceux appelés les “nationalistes“ d’une part, et les “progressistes“d’autre part.

Dans l’entourage de la candidate Renaissance Valérie Hayer, on évoque surtout une belle opportunité. À la fois de “parler aux Français de ce que nous avons comme bilan et projet pour les européennes “, selon les mots de Nathalie Loiseau (Horizons), numéro 5 sur la liste et porte-parole de la campagne. Mais aussi, de débusquer l’hypocrisie ou les incohérences d’un candidat qui domine outrageusement la course si l’on en croit les sondages.

Le choc des ambitions

Les deux jeunes hommes, qui ont fait connaissance en 2019, ont vu leur carrière évoluer en parallèle. Chacun se hissant en tête des enquêtes d’opinion, de moins en moins dans l’ombre de leur mentor dont ils s’émancipent progressivement.  Ils sont de la même génération, tous les deux ont la même ambition, et elle est grande. Ce jeudi, ce sera en tout cas une confrontation entre un actuel premier ministre, l’homme désigné pour régénérer le second quinquennat d’Emmanuel Macron, et un possible futur locataire de Matignon, d’ores et déjà coopté par Marine Le Pen si elle conquiert le pouvoir en 2027.

Qui sortira vainqueur de ce duel ? Un proche de Jordan Bardella résume l’équation : “Honnêtement, c’est un cadeau pour Jordan ce débat. Il a beaucoup plus à y gagner qu’Attal.“ Lequel voulait débattre avec Marine Le Pen, qui a décliné l’invitation. Dans l’entourage présidentiel, on s’affiche confiant : Attal “peut le cartonner“, déclarait hier un proche du président de la République, interrogé par Playbook. Au Palais, on a attentivement visionné la joute de Bardella face à Valérie Hayer, et décelé des “signes visibles d’arrogance, d’agacement, voire de panique“ de la tête de liste du RN. “On s’est dit qu’il était vraiment très prenable“, assurait la même source. Les stratèges du parti à la flamme ont pour leur part, parfaitement identifié le risque du procès en suffisance, raconte Le Monde. Surtout face à un PM “perçu comme sympathique“ et “pas irritant pour l’électorat” du parti à la flamme, analysait la semaine dernière l’un de ceux qui conseillent Bardella avant ses débats.

 

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