Déficit, fiscalité, immigration, réforme des retraites… : ce qu’il faut retenir des annonces de Michel Barnier

Au cours d’un discours d’une heure trente, Michel Barnier, a déroulé sa feuille de route et les priorités de son gouvernement pour les prochains mois. Ce qu’il faut retenir de la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Impassible, Michel Barnier a égrené pendant plus d’une heure dans un hémicycle chahuté, les grands chantiers de son gouvernement pour les prochains mois. Près d’un mois après sa nomination, le Premier ministre a exposé devant l’Assemblée nationale ses cinq “chantiers prioritaires“ : “Niveau de vie “, “services publics “, école et santé en tête, “sécurité“, “immigration“ et “fraternité“. Tour d’horizon des principales annonces.

Déficit public : “un effort ciblé, limité dans le temps “ auprès des plus fortunés

Alors que le déficit est attendu à 6 % en 2024, Michel Barnier souhaite le “ramener à 5 % en 2025 “ avec une trajectoire qui doit permettre de “revenir sous le plafond de 3 % en 2029 “. Pour remettre les comptes d’équerre, le premier ministre a cité trois pistes.  Le “premier remède“  doit être “la réduction des dépenses“. Une baisse massive qui comptera pour les deux tiers de l’effort attendu en 2025, a indiqué Michel Barnier. Selon le locataire de Matignon, la situation “demande aujourd’hui un effort ciblé, limité dans le temps, un effort partagé dans une exigence de justice fiscale“. Les grandes et très grandes entreprises “qui réalisent des profits importants“ seront ainsi mises à contribution a t-il annoncé, sans donner plus de précisions. Parallèlement, les “Français les plus fortunés“ devront s’acquitter d’une “contribution exceptionnelle“, dont les contours n’ont pas été précisés.

Pouvoir d’achat : une revalorisation  anticipée du smic de 2 % au 1er novembre

Soucieux de protéger “les plus fragiles“ premier ministre a annoncé une revalorisation anticipée du Smic. Son montant évoluera de 2%, au 1er novembre, à la place du 1er janvier, comme le prévoit la loi. M. Barnier a dénoncé également la situation de certaines branches professionnelles “dans lesquelles les minima sont inférieurs au smic“. “Ce n’est pas acceptable et cela fera l’objet de négociations rapides. L’Etat y veillera », a-t-il prévenu.

Réforme des retraites : un appel à reprendre le dialogue

Le Premier ministre a appelé “à reprendre le dialogue“ sur le sujet. S’il estime qu’il est “impératif de préserver l’équilibre durable de nos systèmes de retraite par répartition“ il déclare que “certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées“. “Il est question de retraite progressive, de l’usure professionnelle, de l’égalité entre les femmes et les hommes face à leur retraite mérite mieux que des fins de non-recevoir sur ces sujets“, a déclaré M. Barnier. “Nous proposons aux partenaires sociaux de réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi“, a-t-il affirmé.

Soulignant son souhait d’instaurer un dialogue respectueux avec les partenaires sociaux, le premier ministre a par ailleurs dit vouloir laisser la porte ouverte aux partenaires sociaux, pour négocier “dès les prochaines semaines“ sur l’emploi des seniors et l’assurance-chômage.

Immigration-intégration : combattre des politiques qui ne sont plus maîtrisées

Après avoir laissé son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, tenant d’une ligne dure, s’exprimer sur l’immigration depuis la constitution de son équipe, le chef du gouvernement a appelé à “sortir l’immigration de l’impasse idéologique où les uns et les autres l’ont mise“, faisant de ce sujet l’un de ses cinq chantiers prioritaires. Évoquant des politiques d’immigration et d’intégration qui ne sont plus maîtrisées “de manière satisfaisante“, le chef du gouvernement a indiqué ne pas s’interdire “de conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires “, avec certains pays étrangers. Michel Barnier souhaite également “faciliter la prolongation exceptionnelle“ de la rétention des étrangers sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Le premier ministre a annoncé que son gouvernement “travaillera à un traitement plus efficace et en proximité des demandes d’asile pour que les demandeurs obtiennent rapidement une décision.“

Sécurité : un troisième chantier

Le Premier ministre a affiché la sécurité comme “le troisième chantier “ de son gouvernement, se montrant toutefois peu disert sur ce volet de son action à venir. “Nous allons généraliser la méthode expérimentée pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Partout, partout, sous l’autorité des préfets et des procureurs, un plan d’action sera déployé dans chaque département par la police et la gendarmerie nationale, en liaison avec les autres acteurs locaux de la sécurité, à commencer par les polices municipales“, a-t-il déclaré. Et d’ajouter : “Les Français, tous les Français, ont besoin d’être rassurés par la présence de nos forces. Elles seront encore plus visibles et présentes sur la voie publique “.

Mode de scrutin : une possible réflexion sur la proportionnelle

A la tribune de l’Assemblée, le Premier ministre s’est dit “prêt “à “une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel“. Ce changement du mode de scrutin, réclamé notamment par le Rassemblement national et le MoDem, “déjà mis en œuvre au Sénat et dans les collectivités et pratiqué à des degrés différents, chez beaucoup de nos voisins“, a rappelé Michel Barnier.

Nouvelle Calédonie : le projet de dégel du corps électoral ne sera pas soumis au Congrès

Le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral, à l’origine des émeutes qui ont enflammé l’archipel, ne “sera pas soumis au Congrès“, a annoncé le chef du gouvernement. Le premier ministre a également annoncé le report à “fin 2025“ les élections provinciales, qui devaient initialement se tenir avant la fin de l’année.

IVG, mariage pour tous… “Aucune remise en cause

Michel Barnier a énoncé mardi ses “propres lignes rouges“ sur le plan sociétal, assurant qu’il ne tolérerait “aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans“ sur l’IVG, le mariage pour tous ou la PMA. Et assure que son gouvernement n’aurait aussi “aucune tolérance à l’égard du racisme et de l’antisémitisme“, du “communautarisme“, des “violences faites aux femmes“, ou des “accommodements sur la défense de la laïcité“.

Fin de vie : la reprise du dialogue

Michel Barnier a indiqué qu’il souhaitait “reprendre le dialogue“ avec le Parlement en début d’année 2025 sur le projet de loi sur la fin de vie, dont l’examen avait été suspendu en juin par la dissolution. Pour “accompagner les personnes en fin de vie, nous allons reprendre le dialogue avec vous, avec le Sénat, les soignants et les associations, en début d’année prochaine sur le projet de loi dont l’examen a été interrompu par la dissolution“, a annoncé le chef du gouvernement.

Le Premier ministre a également fait part du retour à l’agenda de deux autres textes : le projet de loi d’orientation agricole repris “sans délai“ et les travaux de planification sur l’énergie et le climat, qui vont selon M. Barnier “reprendre immédiatement“ sur la base de ceux déjà effectués.

Abordant la dernière ligne droite de son discours, le premier ministre a déclaré avoir “conscience des difficultés, conscience des épines“ qui l’attendent à l’Assemblée nationale. “Mais j’ai confiance en notre capacité collective à franchir des obstacles“, a-t-il assuré. “J’en appelle à toutes les formations politiques qui composent cette Assemblée. Devant l’urgence de la situation, recherchons des chemins communs, dégageons des compromis, relevons la ligne d’horizon“, a t-il conclut.

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