Élections législatives en Italie : le scrutin qui inquiète Bruxelles

Les élections générales se déroulent ce dimanche en Italie, de façon anticipée, pour renouveler le parlement et constituer un nouveau gouvernement. Grande favorite des sondages, Giorgia Meloni, cheffe de file du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, pourrait prendre les rennes du pays. Une perspective qui inquiète les pro-européens, en premier lieu Bruxelles.

Après une pause électorale samedi, les italiens sont appelés aux urnes ce dimanche. Des élections anticipées qui font suite à la démission, en juillet, du président du Conseil Mario Draghi, lâché par ses alliés et, la dissolution des deux chambres du Parlement italien, dans la foulée. Une femme, Giorgia Meloni, la cheffe de file du parti post-fasciste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), est en bonne position, pour devenir la prochaine Première ministre de la troisième économie du bloc européen.

Le régime parlementaire italien est assez différent du système français : Les Italiens vont choisir au cours de ce scrutin leurs représentants au sein de la Chambre des députés et du Sénat. C’est ensuite les parlementaires eux-mêmes qui accorderont leur confiance à un nouveau gouvernement.

L’extrême droite donnée gagnante

Les derniers sondages publiés placent la formation post-fasciste, Fratelli d’Italia (FdI) en bonne position. Le parti d’extrême droite qui semble se détacher assez largement a de grandes chances de remporter l’élection, via une coalition des droites menée avec l’ancien président du Conseil Silvio Berlusconi (Forza Italia) et Matteo Salvini, de la Lega (Ligue). A la tête de la FdI, Giorgia Meloni, a désormais les cartes en main pour devenir la future cheffe de gouvernement italien.

Fratelli d’Italia, et sa dirigeante elle-même, descendent en ligne directe du Mouvement social italien (MSI), la formation néo-fasciste qui, au lendemain de la guerre et de l’effondrement du régime fasciste, continua de porter la flamme des nostalgiques de Benito Mussolini. Le refus de la FdI de participer aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis 2018 et son opposition ferme, a su convaincre un Italien sur quatre. En 2021, Giorgia Meloni a fait le choix de rester en dehors grande de la coalition gouvernementale formée par Mario Draghi. Cela qui a permis à son parti d’acquérir un statut d’outsider, qui a attiré de nombreux électeurs mécontents du gouvernement.

24 à 25% des intentions de vote pour la FdI

Selon les derniers sondages qui datent d’il y a une semaine, Fratelli d’Italia est crédité de 24 à 25% des intentions de vote, devant le Parti démocrate, principale formation de centre gauche, qui obtiendrait entre 21 et 22% des suffrages (jusqu’ici, FdI avait recueilli son meilleur score aux élections européennes de 2019 avec 6,45 % des voix. Suivent le Mouvement 5 Étoiles de 13 à 15%, la Ligue à 12%, Forza Italia (FI) à 8%. La coalition des droites qui rassemble Fratelli d’Italia, Forza Italia et la Ligue, pourrait rafler entre 45% et 55% des sièges au parlement. Un tel résultat permettrait à Giorgia Meloni de prétendre au poste de premier ministre et de fixer le cap de la coalition.

Une femme à la tête du pays ?

Qui est Georgia Meloni ?

On l’a dit, Giorgia Meloni, a désormais toutes les cartes en main pour devenir la future cheffe de gouvernement italien. Mais qui est-elle ? Étoile montante de la scène politique italienne, elle a été dans sa jeunesse, militante du Mouvement social italien (MSI) fondé en 1946 par des fidèles de Benito Mussolini. Près de 10 ans plus tard, elle devient à 29 ans, la plus jeune députée de l’Histoire moderne italienne. Et sa progression ne s’arrête pas là : deux ans plus tard, en 2008, elle fait son entrée dans le gouvernement de Silvio Berlusconi en tant que ministre de la Jeunesse. En 2012, elle participe à la création de Fratelli d’Italia fin 2012. Jugée charismatique et brillante oratrice par ses soutiens, elle met en avant le credo “Dieu, famille, patrie“. 

Quel est son crédo ?

Elle est avant tout “héritière du Movimento sociale italiano (MSI), le parti fondé par les anciens membres du régime fasciste en 1946“, rappelle L’Opinion. “Sa filiation n’a rien à voir avec l’étiquette de centre droit qu’elle revendique“, déclare à son propos l’Humanité. Tenante d’une ligne souverainiste et ultra-conservatrice, qui la rend proche du pouvoir polonais et de la Hongrie de Viktor Orban, les deux bêtes noires de la Commission européenne, Giorgia Meloni prévoit, pour ne rien arranger, de gouverner avec la Lega (Ligue) europhobe du sulfureux Matteo Salvini.

Sur le plan diplomatique, “le programme commun de la coalition prévoit de respecter les accords internationaux de l’Italie, de rester dans l’Otan, de soutenir l’Ukraine […] et de ne pas quitter l’Union européenne“, détaille L’Obs.

Bien que favorable à une Europe des nations, Giorgia Meloni entend en effet revoir sa relation avec Bruxelles et les partenaires européens de l’Italie. Elle ne prône toutefois aucune rupture sèche, d’autant que Rome est la principale bénéficiaire du plan de relance européen. “Nous voulons une Italie forte, sérieuse et respectée sur la scène internationale« , a-t-elle affirmé lors d’un dernier meeting à Rome jeudi. Atlantiste, Giorgia Meloni se montre favorable à une aide militaire à l’Ukraine. Au contraire de son allié Matteo Salvini, admirateur de Vladimir Poutine et qui a régulièrement critiqué régulièrement la politique européenne dans cette crise.

Sur le plan national, elle met en avant le credo “Dieu, famille, patrie“ et s’inscrit dans la ligne politique défendue par la Lega. En pratique, son message se traduit par plus de sécurité, moins d’immigration et moins de taxes. Elle s’est aussi engagée à lancer “une réforme des institutions italiennes“, vers un régime présidentiel pour garantir la « stabilité » dans un pays connu justement pour son instabilité gouvernementale.

Giorgia Meloni, toutefois, porte en elle une profonde ambiguïté. Prudente, elle a voulu prendre ses distances avec les “nostalgiques du fascisme“, qui à l’entendre, “n’ont pas leur place“ dans sa formation. Depuis des semaines, elle tente de rassurer, surtout dans les médias internationaux, sur la rupture radicale de son parti avec ses racines dictatoriales. Mais elle ne renie rien de son passé personnel de militante néofasciste. Durant certaines réunions électorales, elle joue même volontiers avec les symboles, à demi-mot, pour mieux mobiliser ses troupes les plus radicales.

Un scrutin guetté par Bruxelles

“Personne ne doute que Fratelli d’Italia sera le vainqueur de ce scrutin”. Mais “la question est de savoir jusqu’où la barre sera placée“, résume le quotidien économique italien, Il Sole 24 Ore. Car la suite dépendra beaucoup des résultats précis de ces élections, et des rapports de force internes au sein de la coalition d’extrême droite.

Après la Hongrie, la Pologne et la Suède, c’est, cette fois, un pays fondateur de l’UE qui pourrait confier son destin à une ligne souverainiste, eurosceptique. Après la victoire spectaculaire d’un bloc de droite et d’extrême droite, le 11 septembre, aux législatives suédoises, plaçant la formation issue d’un parti néonazi au cœur de la nouvelle coalition parlementaire du pays qui assurera la prochaine présidence du Conseil de l’UE, à Bruxelles tous les yeux sont déjà tournés vers l’Italie.

Paris, Berlin et Bruxelles, se prépare  à l’arrivée au pouvoir du parti d’extrême-droite. En témoigne le message passé par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, jeudi 22 septembre. “Si les choses tournent mal en Italie, nous avons des outils, comme dans le cas de la Pologne et de la Hongrie“, a-t-elle déclaré depuis l’université de Princeton aux Etats-Unis. Faisant ainsi référence au mécanisme liant le versement des fonds européens au respect de l’état de droit.

Une nouvelle crise de la dette

Ce scrutin dans l’un des pays les plus endettés du continent est également guetté par toute la zone euro : les investisseurs redoutant de revivre une nouvelle crise de la dette comme en 2012, en cas de victoire de la favorite des sondages. La victoire annoncée de Giorgia Meloni “fait [aussi] craindre une nouvelle crise de la dette, semblable à celle que la zone euro a connue il y a dix ans“, met en avant La Croix “Son programme prévoit en effet de renégocier l’utilisation des fonds du plan de relance européen, ce qui pourrait déboucher sur un bras de fer avec Bruxelles“.

 

 

 

 

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