Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron à la Maison Blanche

Dans un contexte tendu entre européens et américains sur les négociations d’un plan de paix pour l’Ukraine, le président français, Emmanuel Macron rencontrera ce lundi à la Maison Blanche, son homologue américain, Donald Trump.

La visite en dit long sur l’inquiétude des Européens vis-à-vis des négociations engagées entre Russes et Américains sur l’Ukraine. Afin d’infléchir le cours des négociations qui s’annoncent, Emmanuel Macron s’est envolé ce dimanche en fin de journée, pour Washington, où il doit s’entretenir avec Donald Trump, le lendemain. Le président français devrait être reçu lundi par son homologue américain à la Maison Blanche à 12 heures, heure locale (18 heures, heure de Paris) pour un entretien en tête-à-tête, suivi d’un déjeuner et d’une conférence de presse conjointe à 15 heures.

Un pari difficile

La Maison Blanche a confirmé le 20 février, la venue ce lundi à Washington du président français, sur fond de dissensions quant au règlement du conflit en Ukraine. Le déplacement du chef de l’État aux États-Unis sera une première depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, alors que les incompréhensions entre la France et les États-Unis se sont multipliées ces dernières semaines. Après avoir organisé deux réunions d’urgence la semaine dernière à Paris avec les pays de l’UE et les États membres de l’OTAN pour concevoir une réponse unie au rapprochement entre Moscou et les États-Unis, l’Europe entend obtenir un siège à la table des négociations. Le sentiment d’urgence est palpable, face au soudain rapprochement entre Américains et Russes, que d’aucuns considèrent comme une sorte de “trahison“ vis-à-vis de l’Ukraine, voire un “renversement d’alliance“, selon l’expression de l’ancien chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

Au lendemain de la rencontre entre les ministres russe et américain des affaires étrangères à Riyad (Sergueï Lavrov et Marco Rubio), les Européens redoutent de voir l’administration Trump multiplier les concessions au chef du Kremlin, au détriment de l’Ukraine et de l’architecture de sécurité continentale. Les tensions se sont intensifiées entre les États-Unis et l’Ukraine depuis cette rencontre qui a exclu Kiev. Mercredi 19 février, Donald Trump a qualifié Volodymyr Zelensky de “dictateur“, ajoutant que le président ukrainien “ferait mieux d’agir vite, sinon il ne lui restera plus de pays“.

Emmanuel Macron est toutefois persuadé de pouvoir convaincre le président américain que “c’est son intérêt de travailler avec les Européens en ce moment.“ Il l’a encore affirmé, jeudi soir, lors d’un live diffusé sur les réseaux sociaux, où il a répondu aux questions des internautes. “Je vais lui dire : “Au fond, tu ne peux pas être faible face au président [Vladimir] Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, c’est pas ton intérêt.“

Mais beaucoup d’eau a coulé sous ponts depuis le premier mandat de Donald Trump. Le président américain est prêt à écouter, car, contrairement à d’autres leaders européens, il connaît Emmanuel Macron. Il estime également que la France est la mieux placée pour négocier avec lui au nom de l’Europe — davantage que l’Allemagne. Mais, Trump sait qu’il est en position de force, désormais. Il n’est plus le chef d’Etat inexpérimenté et mal préparé de son premier mandat auquel le président français pouvait servir à prouver sa crédibilité.

Les européens profondément divisés

Hormis un consensus sur la menace que la Russie représente pour la sécurité de l’Europe, l’Union européenne est profondément divisée sur la réponse à y apporter, en particulier quant à l’envoi de troupes de maintien de la paix en Ukraine. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a certes redit qu’il envisagerait de déployer des troupes en Ukraine. Mais le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré lundi, après le premier sommet de Paris, que la question des troupes étrangères était “tout à fait inappropriée“, avant qu’un plan de paix ne soit décidé.

L’inquiétude du Vieux Continent porte aussi sur les sanctions à l’égard de la Russie. Les Européens redoutent de voir un jour prochain Washington accepter de les lever, à la demande de Moscou et contre l’avis de l’UE. “Il n’est pas judicieux de renoncer à notre principal atout. Pourquoi les Russes veulent-ils la levée des sanctions ? Parce qu’elles leur font du tort et qu’ils veulent revenir à la normale“, met en garde Kaja Kallas, la vice présidente de la Commission européenne. Enfin, Au-delà du sort de l’Ukraine, les Européens redoutent l’onde de choc d’un mauvais “deal“ sur l’architecture de sécurité du continent.

Guerre en Ukraine : après les attaques de Donald Trump contre Volodymyr Zelensky, les Européens s’efforcent de peser dans les négociations qui s’annoncent

Le Monde (@lemonde.fr) 2025-02-20T05:11:11.278619+00:00

Macron, porte-voix de l’UE

Emmanuel Macron se fera aussi le porte-parole des Européens, membres de l’UE ou de l’OTAN. Le président français est bien décidé à se faire le porte-voix d’une Union européenne parfois divisée sur l’attitude à adopter vis-à-vis des Américains. Il a échangé depuis une semaine avec la quasi-totalité de leurs dirigeants, y compris avec le premier ministre hongrois, Viktor Orban, au discours prorusse. Alors en vol pour les Etats-Unis, il a indiqué dimanche sur son compte X, avoir eu des échanges avec plusieurs de ses homologues européens, dont la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l’Allemand Olaf Scholz, le Britannique Keir Starmer et le Hongrois Viktor Orban.

“Il va à Washington avec des propositions d’action qui reflètent les convergences qui se sont fait jour“  lors de ces discussions, souligne un conseiller d’Emmanuel Macron. Cela veut dire “continuer à soutenir l’Ukraine, à lui apporter le soutien militaire nécessaire, respecter sa souveraineté“ et faire en sorte que “les intérêts des Européens soient pleinement pris en compte“, détaille-t-il. Pour cela, Emmanuel Macron entend convaincre Donald Trump que la Russie constitue une “menace existentielle“, que Vladimir Poutine “ne respectera pas“ forcément un cessez-le-feu et que celui-ci devra être vérifiable.

 

 

 

 

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