Investiture de Biden : tout ce qu’il faut savoir sur l’“Inauguration Day“

Mercredi 20 janvier, Joe Biden succédera à Donald Trump à la Maison Blanche. Le président-élu prêtera serment lors d’une cérémonie d’investiture à Washington DC, qui marquera officiellement le début de la nouvelle présidence. Tout ce que vous devez savoir sur cet « inauguration Day ».

Ce mercredi, l’Amérique va définitivement tourner la page Trump. Soixante quatorze jours après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle sur son adversaire républicain, le démocrate Joe Biden deviendra officiellement le 46e président des Etats-Unis. Le président élu et sa vice-présidente, Kamala Harris, prêteront serment, à l’extérieur du Capitole comme le veut la tradition, au cours d’une cérémonie d’investiture sous haute-surveillance, marquée par le contexte sécuritaire après l’invasion du Congrès américain par des manifestants pro-Trump.

Les contours de la cérémonie d’investiture

La prestation de serment sur la pelouse ouest du Capitole

L »‘inauguration Day » est le jour aux États-Unis où le président élu prête serment et prend officiellement ses fonctions. Selon le 20e amendement à la Constitution américaine , le mandat de chaque président élu des États-Unis commence en effet le 20 janvier de l’année suivant l’élection. Main droite levée, main gauche sur la Bible, le 46e président des États-Unis, Joe Biden, prêtera serment depuis le Capitole américain (Washington DC) à midi précise, heure de l’Est (HE), dans la foulée de sa vice-présidente Kamala Harris.

Malgré les inquiétudes croissantes concernant la sécurité de l’événement, cette prestation de serment se tiendra, comme le veut la tradition, à l’extérieur, sur le front ouest du Capitole américain . “Je pense que cela enverra une image visuelle incroyablement importante au monde sur la résilience de la démocratie américaine. Et donc notre plan et nos attentes sont que le président élu Biden mettra la main sur la Bible avec sa famille à l’extérieur du côté ouest de le Capitole le 20″, a indiqué dimanche la nouvelle directrice en charge de la communication de la Maison Blanche, Kate Bedington.

Le juge en chef , John G. Roberts Jr., de la Cour Suprême des Etats-Unis sera chargé de de faire répéter l’article II, section 1 de la Constitution américaine au président. “Moi, Joe Biden, je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des États-Unis, et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des États-Unis“.

Immédiatement après la prestation de serment, la fanfare militaire jouera quatre Ruffles and Flourishes, une courte musique avec clairon et tambour, puis le Hail to the Chief, l’hymne présidentiel. Suivront 21 coups de canon tirés à blanc. Joe Biden procédera ensuite à un examen traditionnel des troupes militaires “destiné à souligner le transfert pacifique du pouvoir“, a déclaré le comité présidentiel inaugural dans un communiqué. Le nouveau président se rendra après directement au cimetière national d’Arlington, avec trois de ses prédécesseurs : Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush. Il y déposera une gerbe sur la tombe du soldat inconnu

La réconciliation pour thème du discours

Une fois le cérémonial passé, Joe Biden prendra, pour la première fois, la parole en tant que président des États-Unis. Il adressera un discours, dont les détails ont pour l’heure été gardés secrets, mais qui devrait donner le ton de la future politique de son administration.

Le thème inaugural du discours du président élu sera “America United“ a indiqué le Comité d’organisation.  “Je pense qu’on peut s’attendre à ce que ce soit un moment où le président désigné, Joe Biden, tentera de tourner la page sur les divisions et la haine des quatre dernières années. Il exposera une vision positive et optimiste pour le pays et tracera une voie nous appelant tous à travailler ensemble“, a souligné Kate Bedington, sur les ondes de Fox News.

Pas de parade présidentielle sur Pennsylvania avenue

Après avoir prêté serment, le président participe généralement à une parade le long de Pennsylvania Avenue, du Capitole américain à la Maison Blanche. En raison de la crise sanitaire et  des récents événements survenus au Capitole, ce moment fort instauré lors de l’inauguration du second mandat de Thomas Jefferson en 1805, n’aura pas lieu.

Au lieu de la parade présidentielle le long de Pennsylvania Avenue, le nouveau président, la vice-présidente, Kamala Harris, et leurs familles se dirigeront vers la Maison Blanche distante d’un kilomètre, avec une escorte officielle composée de représentants de toutes les branches de l’armée. Pour les téléspectateurs éloignés, le comité inaugural a prévu ce qu’il appelle un défilé virtuel à travers le pays avec de la musique, des poètes et des danseurs “rendant hommage aux héros américains en première ligne de la pandémie“. Ce défilé virtuel comprendra des performances de la United States Coast Guard Band et du US Marine Corps Silent Drill Platoon, ainsi que des fanfares, des équipes de forage, des scouts, des danseurs.

Une cérémonie en format restreint

Cette année en raison à la fois de la crise sanitaire et des récents événements survenus au Capitole, la taille de la célébration sera “extrêmement limitée“. Dans le passé, jusqu’à 200.000 billets étaient à gagner par les américains pour assister à la cérémonie officielle. Cette année, seuls 1000 tickets environ seront disponibles.

L’équipe de Joe Biden a d’ailleurs exhorté les Américains à ne pas se rendre dans la capitale fédérale : un appel qui a été relayé par les autorités de Washington DC après la prise d’assaut du Congrès.

Pour représenter les Américains qui ne pourront pas vivre en direct à ce bout d’histoire, 191.500 drapeaux seront installés sur la grande esplanade entre le Capitole et le Washington Monument, a fait savoir le Comité présidentiel en charge de l’inauguration. Par ailleurs, 56 colonnes lumineuses vont être disposés pour chaque État et territoire américain.

Un grand absent et des célébrités

Trump, une première depuis 1869

À chaque changement d’administration, il est de tradition que le président sortant assiste à la prestation de serment de son successeur. Donald Trump qui ne sera pas présent sur les marches du capitole deviendra ainsi le quatrième président de l’histoire des Etats-Unis à boycotter volontairement l’investiture de son successeur, dont le dernier en 1869. Bien qu’il ait déclaré qu’il était maintenant engagé dans une transition pacifique du pouvoir, le milliardaire américain  a clairement indiqué qu’il n’assisterait pas à la cérémonie. “À tous ceux qui ont posé la question, je n’irai pas à l’inauguration le 20 janvier“, a tweeté M. Trump le 8 janvier. Le vice-président Mike Pence, a lui déclaré qu’il serait présent.

Le président américain quittera Washington mercredi matin juste avant l’investiture de son successeur. Se refusant de respecter la tradition, il organisera sa propre cérémonie de départ à Joint Base Andrews dans le Maryland, avant son dernier vol à bord d’Air Force One en direction de la Floride.

Trois anciens vice-présidents

Seulement trois anciens présidents assisteront à la cérémonie, sur les cinq encore en vie. George W. Bush , a confirmé qu’il se rendrait à Washington pour le jour de l’inauguration, avec Laura Bush, son épouse. Barack Obama et Bill Clinton assisteront également à la cérémonie, ainsi que les anciennes premières dames Michelle Obama et Hillary Clinton. Jimmy Carter, qui à 96 ans est l’ancien président le plus âgé, a annoncé que lui et sa femme n’y participeraient pas.

Lady Gaga et Jennifer Lopez en « guests star »

Les deux artistes prendront part aux cérémonies d’investiture du président Biden. Dans un communiqué de presse , le comité présidentiel inaugural a déclaré que Lady Gaga,  une fervente partisane du nouveau président qui a fait campagne avec lui dans les jours précédant les élections, chanterait l’hymne national, “The Star Spangled Banner“. Jennifer Lopez chantera lors du spectacle musical de la cérémonie.

Après la prestation de serment de M. Biden, l’acteur Tom Hanks animera 90 minutes d’émission, en remplacement des bals qui se tiennent habituellement. Il mettra en vedette Jon Bon Jovi, Demi Lovato et Justin Timberlake. L’émission sera diffusé sur tous les principaux réseaux américains et plates-formes de streaming, à l’exception de Fox News, un réseau conservateur qui a principalement soutenu M. Trump pendant sa présidence.

Washington sous haute sécurité

L’Inauguration Day ne devrait ressembler à aucune autre cérémonie de transition entre deux présidents américains. Militaires déployés à tous les coins de rue, fils barbelés, imposants grillages : la capitale américaine a pris des airs de camp retranché en raison de la menace qui pèse sur la capitale, après l’assaut du Capitole. À Washington, les inquiétudes se sont accrues au cours de ce week-end. Une “zone verte“ militarisée s’est développée au centre-ville, les rues sont bloquées par des barricades en béton et des véhicules militaires patrouillent. Des clôtures en métal noir, impossibles à escalader et similaires à celles déjà utilisées autour de la Maison-Blanche ont été également érigés, pour contenir les manifestants.

Les responsables fédéraux examinent des centaines de passagers d’avion potentiels, plaçant tous ceux qui ont été identifiés parmi les manifestants violents au Capitole le 6 janvier sur une liste d’interdiction de vol.

L’équipe de Joe Biden et la maire de Washington, Muriel Bowser, ont demandé à la population américaine d’éviter le centre de Washington et de suivre la cérémonie d’investiture en ligne ou à la télévision. Seules les personnes accréditées seront autorisées à circuler le long du National Mall, grand parc ouvert traversant d’Est en Ouest la capitale américaine.

25.000 soldats attendus

Quelques 25.000 soldats sont attendus dans les rues de la ville ce mercredi 20 janvier ; soit plus que le nombre combiné de troupes américaines officiellement présentes en Afghanistan et en Irak actuellement. Les responsables du Pentagone ont déclaré que 9 500 membres de la Garde nationale de 46 États et 3 territoires étaient arrivés en renfort à Washington, samedi. Le recours à ce corps de réserve de l’armée américaine, demandé par le gouvernement de Washington et la police du Capitole, a entraîné la mobilisation de réservistes venus du Minnesota, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie, et l’Illinois.

« Un million de milices »

Les forces de l’ordre américaines se préparent à de nouvelles marches des partisans de Donald Trump après l’assaut du Capitole du 6 janvier dernier. Depuis des semaines déjà, des appels à manifester le dimanche 17 janvier dans la capitale fédérale, mais également devant les capitoles de différents États, sont postés en ligne.

Sur le réseau social Parler, nouveau repère de l’extrême-droite américaine, plusieurs organisateurs évoquent une “Million Militia March“, la “marche d’un million de milices“, en référence  à la “Million Man March” qui avait rassemblé des centaines de milliers d’Africains-Américains à Washington, le 16 octobre 1995, à l’appel de Louis Farrakhan, le leader de l’organisation Nation of Islam. Une “Million Martyr March“est également évoquée, en hommage à Ashli Babbitt, vétéran de l’armée américaine, abattue par les forces de l’ordre lors de l’assaut du Capitole.

Le FBI en alerte maximale

Une note du FBI publiée lundi 11 janvier a mis en garde contre d’éventuelles manifestations armées dans les bâtiments de la capitale de l’État à partir du 17 janvier. Le bureau fédéral d’investigation prévient que des groupes armés d’extrême-droite prévoient de manifester dans les capitales des 50 États qui composent le pays, et d’attaquer des bâtiments fédéraux.

Des actions seraient également prévues à Washington, le jour de l’investiture du président-élu Joe Biden. Les autorités craignent la présence d’engins explosifs, de drones, de véhicules béliers ou encore de tireurs d’élites.

Une menace prise très au sérieux par le FBI et le Secret Service en charge de la protection du Président des Etats-Unis. Selon le Washington Post, ces derniers sont en contact permanent avec Biden et son service de sécurité. Ils recevraient des mises à jour régulières sur l’état des menaces et les opérations en cours.

Suivre en direct la cérémonie d’investiture

L’inauguration débutera à 12 h HE (18h00 en France) le mercredi 20 janvier, mais la couverture débutera plus tôt dans la journée. Tous les grands réseaux d’information américains, y compris ABC , CBS , NBC , Fox , PBS , CNN et MSNBC ,  diffuseront l’événement en direct.

En France, la cérémonie devrait être diffusée en direct par les principales chaines d’infos qui ont prévu de nombreux dispositifs spéciaux. LCI délocalisera son antenne à Washington toute la journée de mercredi. Entre 6h mercredi et jusqu’à 1h jeudi, la chaine info du groupe TF1 assurera le direct depuis les Etats-Unis pour faire vivre cette journée particulière. Franceinfo prendra l’antenne à partir de 16h30 pour une édition spéciale animée par Djamel Mazi et Lucie Chaumette. De son côté, BFMTV consacrera une édition spéciale dès 12h30 pour suivre en direct le départ de Donald Trump de la Maison Blanche. A partir de 16h, Thomas Misrachi, Pauline Simonet et Igor Sahiri prendront le relai depuis Washington pour faire vivre la cérémonie d’investiture de Joe Biden.

Si vous souhaitez suivre l’événement en version originale, des flux en direct de plusieurs organes de presse sur Twitter sont également prévus ainsi que des fils d’inauguration officiels, notamment ceux du  @JCCIC et @BidenInaugural, et sur Facebook, sur le fil du JCCIC. Le  “Joint Congressional Committee on Inaugural Ceremonies“ (JCCIC) responsable de la planification et de l’exécution des cérémonies inaugurales du président élu et du vice-président élu de la États-Unis au Capitole, proposera également la retransmission en direct de l’évènement. Le site dédié Bideninaugural.org diffuse également un streaming gratuit de la journée.

 

 

 

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