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La visite à haut risque de Joe Biden en Israel

Joe Biden est attendu mercredi en Israël. Une visite éclair à haut risque pour exprimer sa solidarité à son plus proche allié au Proche-Orient, et tenter de “poser des limites” à la probable offensive terrestre de Tsahal. Mais le président américain avancera sur “une ligne de crête“, l’empathie américaine n’étant pas une carte blanche à toutes formes de tueries .

C’est un déplacement à un moment critique qui pose d’énormes défis à la Maison Blanche, tant en termes de politique que de sécurité. Le président américain, Joe Biden, se rend ce mercredi 18 octobre en Israël, pour répondre à l’invitation du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Une visite “à hauts risques“

La Maison Blanche a annoncé cette visite lundi soir après que M. Biden a rencontré ses hauts responsables du renseignement et ses plus proches conseillers dans le bureau ovale pour débattre de l’opportunité d’accepter l’invitation que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a lancée ce week-end. Une visite éclair sous haute sécurité  en temps et en “zone de guerre“, qui n’est pas sans présenter des risques personnels pour le locataire de la Maison-Blanche. Le risque sécuritaire d’un tel voyage était évident lundi lorsque les sirènes avertissant de l’arrivée de roquettes ou de missiles se sont déclenchées, alors que le secrétaire d’état américain Antony Blinken, qui était en Israël pour sa deuxième visite en une semaine, rencontrait dans une base militaire M. Netanyahu.

Pour autant, les risques exceptionnels inhérents à un tel déplacement, en particulier les risques physiques à Tel Aviv ont été jugés “suffisamment faibles“, pour ne pas annuler la visite a déclaré John Kirby, le secrétaire américain à la défense.

Une double mission

C’est une double mission que s’est assigné le locataire de la Maison Blanche en Israel. D’abord, “montrer sa solidarité avec le plus proche allié de l’Amérique au Proche-Orient et marquer son soutien à la volonté israélienne d’éradiquer le Hamas“ après l’attaque sanglante du 7 octobre, dans l’espoir aussi de débloquer l’acheminement de l’aide vers la bande de Gaza, en état de siège. Lors d’une conférence de presse lundi soir, John F. Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité, a déclaré que le président américain se concentrerait sur “le besoin critique d’une aide humanitaire à Gaza, ainsi que sur la possibilité pour les innocents de sortir“.

La visite de M. Biden est avant tout une démonstration de soutien à Israël en pleine guerre, à l’image du bref voyage du président américain en Ukraine en février pour renforcer le soutien international au président Volodymyr Zelensky, souligne le New York Times. Joe Biden espère “entendre de la part d’Israël comment il mènera ses opérations de manière à minimiser les pertes civiles et à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils de Gaza d’une manière qui ne profite pas au Hamas“, a affirmé le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

Mais il s’agit aussi de tenter de “poser des limites” à la probable offensive terrestre de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Avant d’annoncer la visite de Joe Biden en Israël ce mercredi, Antony Blinken a obtenu l’engagement du Premier ministre israélien de créer une zone de sécurité pour les centaines de milliers de réfugiés palestiniens, qui ont fui le nord de Gaza vers le sud de la région. Benjamin Netanyahou a également accepté l’idée de l’acheminement d’une aide humanitaire.

Un entretien bilatéral avec le premier ministre israélien, est notamment prévu. Joe Biden devrait le mettre à profit, pour discuter du statut des otages aux mains du Hamas, ainsi que du sort de “plusieurs centaines d’Américains“, binationaux pour l’heure incapables de sortir de la bande de Gaza.

Un exercice d’équilibriste

Lors de cette visite éclair en Israel, le président américain va avancer “sur une ligne de crête, entre sa ferme volonté d’être au côté de l’Etat hébreu et le risque que constitue une opération militaire terrestre israélienne à Gaza“, explique Piotr Smolar, le correspondant du Monde à Washington. “Soutenir sans nuance le premier ministre Benyamin Nétanyahou pour mieux l’avertir des risques d’une opération terrestre à Gaza“, tel est le défi du président américain. Biden a l’obligation morale et politique d’expliquer à son allié historique au Proche-Orient que l’empathie américaine n’est pas une carte blanche à une tuerie vindicative.  Il posera des “questions difficiles“ lors de ses entretiens avec le premier ministre Benyamin Netanyahou a assuré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby, au sujet de la frappe qui a fait au moins 200 morts dans un hôpital de Gaza, et dont Tsahal nie la responsabilité.

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