Un missile d’origine inconnue pour l’heure, a touché ce mardi le territoire polonais près de la frontière avec l’Ukraine, marquant la première explosion sur le sol des membres de l’OTAN depuis le début du conflit en Ukraine. Ce que l’on sait de cette frappe.
Tout a débuté dans l’après-midi de mardi, lorsque des bruits d’explosion ont été entendus à l’Est de la Pologne, à quelques kilomètres seulement de la frontière avec l’Ukraine. Les ministères polonais des Affaires étrangères et de la Défense ont alors déclaré qu’un missile “probablement“ de fabrication russe avait atterri à 15 h 40 dans le village de Przewodów. Les détails de l’explosion n’ont pour l’heure pas encore été établis, et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a convoqué une réunion d’urgence pour discuter de la sécurité nationale.
⚠️Le premier ministre polonais a convoqué une réunion d’urgence de son conseil de sécurité nationale après que 2 missiles russes aient frappé la Pologne mardi soir. Des informations qualifiées de "Provocations“ et démenties par Moscou https://t.co/8yNxLNLL5U pic.twitter.com/zOZmbFNO7u
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) November 15, 2022
Dès mercredi, la Russie a affirmé que ses bombardements de plusieurs villes ukrainiennes dans la journée, n’avaient touché que le territoire ukrainien, ajoutant avoir identifié le missile tombé en Pologne comme un projectile tiré par un système de défense des forces de Kiev. “Nous voulons souligner que les frappes de haute précision ont été menées uniquement sur des ciblées situées en territoire ukrainien et à une distance maximale de 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise“, a précisé le ministère de la défense russe, dans un communiqué.
Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont déclaré qu’ils enquêtaient mais qu’ils ne pouvaient pas confirmer une information selon laquelle des missiles russes égarés auraient atterri dans le village. Les ambassadeurs de l’OTAN se réunissent ce mercredi à Bruxelles, à la demande de la Pologne, en vertu de l’article 4 du traité de l’Alliance, pour des consultations entre alliés, ont confirmé des sources de l’OTAN.
Missile tombé en Pologne : une réunion d'urgence de l'Otan se tient ce mercredi matin à Bruxelles, à la demande de la Pologne, en vertu de l’article 4 du traité, pour des consultations entre alliés, ont confirmé des sources de l’OTAN#PolandMissileStrike pic.twitter.com/GKdyQjq4Do
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) November 16, 2022
Les hypothèses
Un “message de la Russie au G20“, estime Zelensky
La chute d’un missile en Pologne “n’est rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20“, a déclaré mercredi le président ukrainien par visioconférence devant les dirigeants du groupe des 20 réunis à Bali. Il y a “un Etat terroriste parmi vous, contre lequel il faut se défendre“, a averti Volodymyr Zelensky, désignant la Russie, selon le texte du discours vu par l’AFP.
Un “tir de la défense anti-aérienne ukrainienne“ ?
Mais une autre vérité se fait jour : l’explosion qui a tué deux personnes dans l’est de la Pologne pourrait être “le résultat de systèmes ukrainiens de défense anti-aérienne, utilisés pour contrer des missiles russes“. Quelques minutes après le début de la réunion d’urgence ouverte à l’OTAN ce mercredi, Moscou a en effet annoncé avoir identifié les débris des missiles abattus en Pologne : “ils ont été identifiés de manière catégorique par des spécialistes russes comme un élément d’un missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes“, a précisé le ministre russe de la Défense. Une théorie reprise par le ministre belge de la Défense dans un communiqué. “Les investigations se poursuivent, actuellement rien n’indique qu’il s’agisse d’une attaque délibérée“ a ajouté Ludivine Dedonder.
Based on current information, the strikes in #Poland seem to be a result of Ukrainian air defense. Pieces of Russian missiles and a Ukrainian interception missile are said to have landed in Poland. To be confirmed by ongoing investigations.
— Ludivine Dedonder (@DedonderLudivin) November 16, 2022
Les réactions
La plus grande prudence chez les alliés occidentaux
La plupart des alliés occidentaux se sont réunis à Bali dans la nuit, en marge du G20. Tous font preuve d’une prudence extrême, à commencer par l’Elysée. “Nous nous prononcerons sur l’objet, sur son origine, sur les modalités de la frappe une fois que nous aurons les résultats de l’enquête“, a indiqué le château aux reporters présents sur place. Dès mercredi, le porte-parole du Pentagone a affirmé ne pas “avoir d’éléments pour corroborer“ les informations sur ds missiles russes qui auraient frappé le sol polonais. Indiquant toutefois : “Nous avons été très clairs sur le fait que nous défendrons chaque cm du territoire de l’OTAN.“
Le porte-parole du Pentagone a affirmé ne pas “avoir d’éléments pr corroborer“ les informations sur ds missiles russes qui auraient frappé le sol polonais. Il a indiqué: “Ns avons été très clairs sur le fait que nous défendrons chaque cm du territoire de l'OTAN." #Pologne pic.twitter.com/tAECapcqrY
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Des premiers éléments qui suggèrent un tir de défense ukrainien
Il y a quelques heures, le président américain a déclaré qu’il était “peu probable“, étant donné les premières informations sur la trajectoire du missile, qu’il ait été tiré depuis la Russie. Joe Biden a assuré que les États-Unis et les pays de l’OTAN mèneraient une enquête approfondie avant d’agir. D’après Associated Press, des responsables américains estiment que les premiers éléments de l’enquête suggèrent qu’il s’agirait d’un missile tiré par l’Ukraine à destination d’un missile russe. Une thèse également défendue par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour qui l’explosion en Pologne mardi a été vraisemblablement provoquée par un missile de la défense antiaérienne ukrainienne.
BREAKING: Poland’s president says that there are no indications that the missile blast in Poland that killed two people was an “intentional attack,” describing it as mostly likely an unfortunate accident. https://t.co/UKHNDDcmbn
— ABC News (@ABC) November 16, 2022
Le président polonais, Andrzej Duda, a jugé lui aussi mercredi cette hypothèse, “hautement probable“. “Rien n’indique qu’il s’agissait d’une attaque intentionnelle contre la Pologne. Il y a une forte probabilité qu’il s’agisse d’un missile qui a simplement été utilisé par la défense antimissile ukrainienne“, a-t-il déclaré à la presse. C’est “probablement un accident malheureux, hélas“, a poursuivi le chef de l’Etat.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan absent de la réunion des pays de l’OTAN a pour sa part déclaré aux journalistes à Bali qu’il croyait aux déclarations de non-implication de la Russie.
Turkish President Erdogan says there is a "general impression" that the rocket in Poland is not Russian-made and that he intends to speak to Putin.
"I don't think we should insist that this missile came from Russia. I think this would be a provocation." https://t.co/LKROI5DCUU pic.twitter.com/0H6NVsEeQE
— Bloomberg Politics (@bpolitics) November 16, 2022
L’Otan opte pour la prudence
Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a évoqué l’explosion survenue mardi sur le sol polonais à la frontière avec l’Ukraine dans une conférence de presse mercredi 16 novembre, qui s’est tenue après une rencontre entre les membres de l’Alliance atlantique. Précisant que l’Otan avait “augmenté sa vigilance sur le front de l’Est“, Jens Stoltenberg a affirmé qu’une enquête était en cours. Pour l’instant, il n’y a selon lui “aucune indication“ que cette explosion est “le résultat d’une attaque délibérée“. Il a ajouté qu’aucun élément ne pointait vers la préparation d’une “offensive militaire“ russe contre l’Otan.
Explosion d’un missile en Pologne : pour l’Otan, l’incident a « probablement » été causé par les systèmes de défense ukrainiens https://t.co/14xXVSdvy9
— Le Monde (@lemondefr) November 16, 2022