Narendra Modi, invité d’honneur du 14 juillet

Invité d’honneur de la fête nationale du 14 juillet, Narendra Modi arrive ce jeudi à Paris pour une visite officielle de deux jours. L’occasion de consolider la relation stratégique avec cet acteur international clé. Une visite qui soulève toutefois soulève autant de questions stratégiques que de problématiques liées aux valeurs démocratiques.

Deux dîners, l’un en tête-à-tête à l’Elysée ce soir, l’autre au Louvre demain avec deux cents invités, et dans l’intervalle le défilé du 14 juillet, et un entretien bilatéral avec le président français, Emmanuel Macron. Pour sa quatrième visite officielle en France depuis 2015, le Premier ministre indien, Narendra Modi, sera l’invité d’honneur des célébrations de la fête nationale.

Un programme dense

En visite officielle de deux jours dans la capitale française, le chef du gouvernement indien arrivé dans l’après-midi de ce jeudi, rencontrera la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne et le président du Sénat Gérard Larcher, puis s’adressera à la communauté indienne de France. Suivra dans la soirée, un dîner privé avec Emmanuel Macron au palais de l’Élysée.

Vendredi, Narendra Modi sera l’invité d’honneur du défilé militaire sur les Champs Élysées, auquel il assistera aux côtés du président français. Un contingent de quelques 240 militaires indiens se joindra aux forces françaises sur les Champs Elysées, et trois Rafale de l’armée indienne participeront au survol aérien de la capitale. Après divers entretiens, sa visite se conclura vendredi soir par un dîner officiel dans le prestigieux musée du Louvre auquel sont conviés plus de 200 invités, parmi lesquels des industriels, des sportifs et des représentants culturels. Suivra ensuite le traditionnel feu d’artifice parisien. Une déclaration conjointe à la presse est prévue vendredi après-midi.

Une visite hautement stratégique

Cette année marque le 25e anniversaire du partenariat stratégique franco-indien. “La visite du Premier ministre sera l’occasion d’engager une nouvelle phase du partenariat stratégique entre la France et l’Inde, en fixant de nouveaux objectifs ambitieux pour les coopérations stratégique, culturelle, scientifique, universitaire et économique, y compris dans un grand nombre de secteurs industriels“, indique le communiqué conjoint des deux pays. “Nous sommes à un tournant et nous sommes impatients de travailler à une feuille de route pour les vingt-cinq prochaines années du partenariat“ a confié M. Modi lors d’un entretien aux Echos , avant son départ pour Paris, insistant sur le niveau de confiance “sans égal“ qui existait entre les deux pays.

Annonce de contrats dans la Défense

Plusieurs annonces sont attendus dans le domaine de la défense. Car c’est bien une histoire d’armes qui est au coeur de la relation franco-indienne : l’Inde est devenue le pays qui en importe le plus sur la planète, et la France n’est autre que son deuxième pourvoyeur. Comme l’a révélé la presse indienne, New Delhi qui cherche à muscler ses capacités militaires pour contrer son voisin chinois, envisagerait d’officialiser auprès de Dassault, une nouvelle commande de Rafale Marine. Au sein de l’armée indienne, les avions de combat conçus par le géant français de l’aéronautique. ont le vent en poupe. En 2016, le constructeur français avait ainsi déjà vendu 36 Rafales, pour 8 milliards d’euros.

Si l’Elysée se montre prudent sur les éventuelles annonces qui seront faites, l’Hindustan Times ou encore L’Opinion confirme qu’un accord pour l’achat de 26 Rafale-Marine destinés aux porte-avions et de trois sous-marins sera scellé. Il sera aussi question du développement conjoint de moteurs à réaction pour des avions de combat, ou encore d’un accord sur l’accès réciproque aux bases navales de l’océan Indien. Les deux pays se rejoignant sur la nécessité de contrer l’influence chinoise.

Outre les questions de défense, “la visite sera l’occasion de marquer de nouveaux progrès, que ce soit sur la question des satellites d’observation, de la coopération en matière de vols habités, de lancements de satellites“, indique-t-on à l’Elysée.

Des pierres d’achopement

Régression démocratique

Dérouler le tapis rouge au Premier ministre indien n’est toutefois pas vu du bon œil par tout le monde. Autoritarisme de Modi, instrumentalisation de la justice, révisionnisme, complicités face à la répression des musulmans indiens, recul de la liberté d’expression : de l’avis d’observateurs indiens et internationaux, l’Inde vit une profonde régression démocratique sous la houlette de Narendra Modi. “Les valeurs de la Révolution française, que symbolise le 14-Juillet, dénotent avec le personnage invité“. Pis : “Permettre à un leader de plus en plus autoritaire d’y participer lui permet d’en tirer parti pour accroître sa popularité“, dénonce Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au CERI-Sciences Po et au CNRS. “Paris continue de faire comme si l’Inde était la plus grande démocratie du monde – même si l’on n’y croit pas – pour légitimer la profondeur de la relation que nous tissons avec elle“, ajoute t-il.

Guerre en Ukraine

Au nom d’une amitié de plus de soixante-dix ans avec Moscou, New Dehli s’est systématiquement gardée de condamner l’invasion par les forces russes de l’Ukraine. Contournant les sanctions occidentales contre la Russie, l’Inde en a même tiré grandement profit. Saisissant l’aubaine d’un baril russe à prix cassé, elle est aujourd’hui la deuxième importatrice de brut russe au monde, achetant des quantités phénoménales de pétrole russe à des prix défiant toute concurrence. Par ailleurs, la Russie demeure le premier fournisseur d’armes de l’Inde. “Nous avons une relation très importante avec la Russie, qui nous a supportés tout au long de notre histoire depuis l’indépendance. Nous ne pouvons pas changer de position vis-à-vis de Moscou du jour au lendemain“, plaide New Dehli.

 

 

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