Emmanuel Macron s’est adressé de nouveau aux Français, ce lundi 16 mars, après avoir réuni dans la journée un Conseil de défense, face à l’accélération de l’épidémie de coronavirus. Le chef de l’état a dévoilé une nouvelle série de mesures drastiques pour lutter contre la propagation du Covid 19, dont la restriction de tous les déplacements en France à partir de mardi midi et pour une durée de quinze jours au moins. Ce qu’il faut retenir de la déclaration du chef de l’état.
« Nous sommes en guerre sanitaire » “ (…), « l’ennemi est là » et cela requiert notre mobilisation générale”, a martelé le président de la République. Le ton grave, Emmanuel Macron a répété à plusieurs reprises : « Nous sommes en guerre ». « En guerre sanitaire certes, mais l’ennemi est là. Invisible, insaisissable ». Quatre jours après sa première intervention, le chef de l’état a « dégainé » une nouvelle salve de mesures pour lutter contre le coronavirus, annonçant que le gouvernement devait lutter « jour et nuit » contre cette épidémie.
Depuis l’Elysée, le président de la République a affirmé que l’épidémie de Covid-19 était devenue « une réalité immédiate » pour les Français. Déplorant les rassemblements dans les parcs et les magasins bondés observés dans la journée de dimanche, le chef de l’état a déclaré. « En bravant ces consignes, vous ne vous protégez pas vous-mêmes, mais vous ne protégez pas les autres. Même si vous ne présentez aucun symptômes vous risquez de mettre ne danger la vie de ceux qui vous sont chers ».
Des déplacements fortement réduits dès mardi midi
En évitant d’utiliser le terme de « confinement », le chef de l’état a annoncé que, dès le mardi 17 mars, à midi et pour une durée de quinze jours au moins, »nos déplacements seront très fortement réduit ». « Les regroupements extérieurs ne seront plus permis, retrouver ses amis ne sera plus possible : il s’agit de limiter les contacts au maximum au-delà du foyer », a-t-il détaillé. « Partout sur le territoire français, seuls doivent demeurer les trajets nécessaires, pour faire ses courses, en respectant les distances, pour se soigner, pour aller travailler», a-t-il ajouté. « Toutes les entreprises doivent s’organiser pour faciliter le travail à distance. Et quand ca ne sera possible, elles devront adapter leur organisation », a ajouté le chef de l’Etat, indiquant que « toute infraction sera sanctionnée ».
Christophe Castaner s’est ensuite exprimé lors d’un point presse pour détailler l’application de certaines de ces mesures. « Le mot d’ordre est clair : restez chez vous », a assuré Christophe Castaner. Ce confinement se fera « sur les modèles italiens et espagnols. Ce sont les mesures les plus restrictives aujourd’hui en vigueur en Europe», a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Des exceptions pourront être tolérées pour des déplacements domiciles-travail, pour des activités ne pouvant être interrompues. Pour des déplacements pour les courses, la première nécessité, les motifs de santé, les déplacements familiaux impérieux, les parents séparés pour aller chercher/déposer les enfants, pour des déplacements brefs. On pourra toujours pratiquer une activité physique ou sortir son chien, sans se retrouver en groupe. Je dirais qu’on pourra prendre l’air mais pas jouer un match de foot ». En revanche, se retrouver en groupe pour jouer ou se balader dans un parc sera interdit.
Plus de 100.000 policiers et gendarmes déployés pour des contrôles
Christophe Castaner a annoncé la mise en place d’un dispositif de contrôle par les forces de l’ordre par « plus de 100.000 policiers et gendarmes » sur le territoire, dès mardi à midi. Des contrôle et points de contrôles fixes et mobiles seront effectués sur les axes principaux et secondaires, a t-il indiqué. « La consigne est simple, restez chez vous » a martelé le locataire de la place Beauvau.
Toute personne circulant devra ainsi être en mesure de justifier ses déplacements. A cette fin, chacun devra se munir d’un document attestant sur l’honneur son déplacement, téléchargeable sur le site du ministère de l’Intérieur. qu’il devra remplir. Cette justification pourra aussi se faire sur papier libre pour ceux n’ayant pas d’imprimantes», a indiqué le ministre de l’Intérieur. « Ceux qui disposent de cartes professionnelles pourront être amenés à la présenter pour un contrôle. Ce sera le cas des cartes de presse car l’information jouera un rôle essentiel contre le virus ». La violation de ces consignes entraînera une amende de 38 euros, porté rapidement à un niveau supérieur de 135 euros a indiqué le ministre. « Notre objectif n’est pas de sanctionner mais d’en appeler à la responsabilité de tous (…) Trop de personnes font encore peu de cas aux consignes sanitaire exigées », a t-il conclu.
Le second tour des municipales reporté
Le chef de l’Etat a par ailleurs annoncé le report du second tour des élections municipales. « Dans ce contexte, et après avoir consulté le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale, mais également mes prédécesseurs, j’ai décidé que le deuxième tour des élections municipales serait reporté. Le premier ministre en a informé aujourd’hui même les chefs de partis représentés au Parlement », a-t-il indiqué, assurant que cette décision avait « fait l’objet d’un accord unanime ». « Le premier ministre en a informé aujourd’hui même les chefs de parti représentés au Parlement », a t-il ajouté.
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La suspension de toutes les réformes
« J’ai décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites », a annoncé Emmanuel Macron. « Cette décision a fait l’objet d’un accord unanime » avec les chef de partis, a t-il précisé. Convaincu que « toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être tournée vers le combat contre l’épidémie », le chef de l’état a indiqué que les travaux de l’Assemblée nationale et du Sénat seraient réorganisés, mais pas interrompus, afin que « la vie démocratique et le contrôle du Parlement continuent dans cette crise ». Concrètement, le président de la république réunira dès mardi un Conseil des ministres pour signer le décret d’annulation du second tour. Un autre se tiendra mercredi pour adopter un projet de loi portant à la fois sur les modalités de ce report.
"J'ai décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites", a déclaré Emmanuel Macron lors de son allocution
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« Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite »
Assurant qu' »Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite, qu’aucune Française, qu’aucun Français, ne sera laissé sans ressource », Emmanuel Macron a présenté le volet économique des mesures. « Nous mettons en place un dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien au report d’échéances bancaires, et de garantie de l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques pour les plus petites entreprises » a indiqué le président de la république. « Celles qui font face à des difficultés n’auront rien à débourser, ni les impôts, ni les cotisations sociales », a t-il précisé. Un conseil des ministres se tiendra mercredi 18 mars, pour adopter un projet de loi sur ces mesures économiques et sociales d’urgence. Le chef de l’état a par ailleurs assuré que les PME qui font face à des difficultés ne paieront plus « les factures d’eau, de gaz, d’électricité, ainsi que les loyers« .« Le dispositif de chômage partiel sera enfin massivement élargi pour les salariés ». Le gouvernement, dès mardi, précisera toutes ces mesures.
Un projet de loi pour légiférer par ordonnance
Le président Emmanuel Macron a annoncé lundi qu’un projet de loi « permettant de répondre à l’urgence », serait présenté en Conseil des ministres mercredi, puis dès jeudi devant le Parlement. Ce texte doit permettre « si nécessaire de légiférer par ordonnances dans les domaines relevant strictement de la gestion de crise», a-t-il indiqué sans davantage de précisions.
#CORONAVIRUSENFRANCE "Un projet de loi sera voté dès mercredi pour légiférer si besoin par ordonnance dans les domaines relevant de la gestion de crise", a annoncé #EmmanuelMacron pic.twitter.com/EnUzSOA1IG
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La fermeture des frontières
Emmanuel Macron a annoncé que les « frontières à l’entrée de l’Union européenne et de l’espace Schengen seront fermées » dès mardi midi pour une durée de trente jours. exception faite pour « les Français actuellement à l’étranger », qui pourront rentrer en France. « Concrètement, tous les voyages entre les pays non européens et les pays de l’UE seront suspendus pendant trente jours », a déclaré le président, exception faite pour « les Français actuellement à l’étranger », qui pourront rentrer en France.
? #Covid_19fr – @Djebbari_JB :
"Nous allons, à compter de 12h, fermer les frontières de l'UE et de l'espace Schengen mais il y aura toujours libre-circulation entre les pays de l'Union, avec parfois des contrôles aux frontières".
? @EliMartichoux #LaMatinaleLCI. pic.twitter.com/p3Z2IJLf4W
— LCI (@LCI) March 17, 2020
Des mesures sanitaires
Sur le plan sanitaire, le président de la République a annoncé différentes mesures. Elles concernent en premier les masques de protection, qui seront réservés en priorité à l’hôpital et à la médecine de ville et de campagne, et en particulier aux généralistes et infirmières. Des masques de protection seront livrés en pharmacie dès mardi soir dans les 25 départements les plus touchés par l’épidémie, a indiqué Emmanuel Macron. Dès mardi, taxis et hôtels pourront être mobilisés pour les soignants. « L’État paiera », a insisté le président. Dans le Grand Est enfin, l’un des principaux foyers de contamination dans l’Hexagone, un hôpital de campagne de santé des armées sera déployé en Alsace dans les prochains jours.