Repoussée d’une semaine par le gouvernement, la présentation du plan de relance aura lieu jeudi 3 septembre. Indépendance, écologie, solidarité et compétences : quatre grands volets composent ce plan inédit de 100 milliards d’euros, censé relancer une économie française profondément fragilisée par la Covid. Tour d’horizon des annonces déjà connues.
Reportée pour cause d’urgence liée à la situation sanitaire, l’annonce du plan de relance économique par le gouvernement aura lieu le jeudi 3 septembre. “Il est absolument bouclé“ a précisé le 26 août dernier, le Premier ministre Jean Castex, invité de la matinale de France Inter. “Gouverner, c’est savoir s’adapter aux circonstances“, a t-il justifié.
L’exécutif avait annoncé samedi 22 août dans un communiqué, qu’il décalait d’une semaine sa présentation pour consacrer toutes ses forces à la mise en place des nouvelles mesures de lutte contre la propagation du Covid-19, au moment où la circulation de l’épidémie s’accélère dans le pays.
Ce plan, a ajouté le chef du gouvernement, se fera “dans la continuité des dispositions extrêmement ambitieuses prises pour les Français“ depuis l’éclatement de la crise sanitaire et économique. S’agissant de son financement, Jean Castex a redit, au micro de France Inter, la volonté du gouvernement de ne pas augmenter les impôts. Sur les 100 milliards d’euros prévus par le plan de relance, “40 milliards d’euros vont venir de l’Europe grâce au travail d’Emmanuel Macron et de la chancelière Angela Merkel« , a réaffirmé le Premier ministre.
Un plan décliné en 4 volets
“Notre objectif est de ramener d’ici deux ans le taux de dépenses publiques à son niveau de 2019“, assure le ministre de l’Economie “Il était de 57,3 % du PIB l’année dernière. Il sera de 63,6 % cette année. Il faudra donc réduire la dépense publique d’environ 150 milliards d’euros d’ici à 2022“, a précisé Bruno Le Maire. Et pour cela, le gouvernement entend aller vite.
Décliné en quatre volets, indépendance, écologie, solidarité et compétences, le plan de relance doit permettre d’accélérer, sur deux ans, la reprise et la transformation de l’économie française. Un certain nombre d’annonces et de chiffrages ont été distillés durant l’été par le gouvernement.
Pour cela, une mission budgétaire ad hoc est créée avec trois priorités. La première concerne le verdissement de l’économie. La deuxième vise la sauvegarde de l’emploi, l’emploi des jeunes et la formation professionnelle. Enfin, un troisième volet “indépendance-compétitivité et cohésion“, est consacré au financement des entreprises, à la souveraineté technologique, au plan de soutien à l’export, à la diffusion du numérique, au soutien aux industries culturelles, aux territoires et aux personnes fragiles.
Les premières pistes connues
La présentation du plan de relance à l’Assemblée par le Premier ministre
40 milliards pour réindustrialiser le pays
Le gouvernement veut consacrer 40 milliards d’euros du plan de relance, à la réindustrialisation du pays. L’industrie française “s‘est affaiblie“, notamment dans certains “secteurs stratégiques“, comme la santé, avait estimé le Premier ministre lors de son discours de politique générale. La moitié de cette somme participera à la baisse des impôts de production annoncée de longue date par le précédent gouvernement Soit, 20 milliards d’euros sur deux ans : 10 milliards en 2021 et 10 autres milliards en 2022. “Si vous voulez qu’une usine ouvre ses portes en France ou étende son activité, il ne faut pas lui dire qu’avant même qu’elle ait fait un euro de profit, qu’elle sera taxée“, a justifié récemment le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, au micro de RTL.
3 milliards d’euros à destination des PME
Autre priorité du gouvernement, les PME. Elles devraient bénéficier d’une aide de trois milliards d’euros. Un chiffre dévoilé par Bruno Le Maire, qui sera spécifiquement réservé aux entreprises qui souhaitent investir. »Trois milliards spécifiques seront débloqués pour accompagner les PME qui voudraient investir sans mettre en danger leur situation », a déclaré le ministre de l’Economie. Selon le ministre délégué aux PME, la somme globale réservée à ces structures devrait être beaucoup plus » élevée. “Naturellement, il y aura beaucoup plus pour les TPE-PME qui représentent 95% de l’économie française“, a indiqué Alain Griset, au micro de CNews. Bercy a par ailleurs évoqué des soutiens à l’investissement dans la transition numérique des entreprises, ou encore des aides à l’export.
#PlanDeRelance : "Au moins le quart du plan de 100 milliards bénéficieront aux PME et aux TPE, c'est un choix majeur", précise Jean Castex devant les patrons lors de son discours inaugural du #ref2020 pic.twitter.com/InAOLlhIqz
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) August 26, 2020
30 milliards d’euros consacrés à l’Ecologie
Le plan de relance devrait aussi faire la part belle à l’écologie. Après avoir annoncé que 20 milliards d’euros seraient consacrés à la transition écologique, le gouvernement a finalement fait monter la barre à 30 milliards. “Trente milliards d’euros devraient être consacrés à la transition écologique au sein du plan de relance, qui veillera dans son ensemble à favoriser la « décarbonation » de l’économie, a indiqué le ministre de l’Économie dans un entretien, publié dans le Journal du dimanche daté du 26 juillet. Une partie de ce montant se recoupera toutefois avec les 40 milliards dédiés à l’industrie.
Trois secteurs seront « prioritaires : “la rénovation énergétique, les transports et l’énergie“, avec, pour le premier, la rénovation des bâtiments privés par une augmentation des crédits du dispositif MaPrimeRénov’. “Quatre à cinq milliards“ seraient ainsi affectés au bâtiment et à la rénovation thermique, en particulier des écoles et des Ehpad, a déjà indiqué la ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon. Le rail devrait aussi bénéficier du plan, notamment le fret ferroviaire,
20 milliards d’euros pour soutenir les compétences
Le gouvernement prévoit d’investir environ 20 milliards d’euros pour soutenir les compétences. Ce volet intégrera notamment les 6,5 milliards d’euros de mesures de soutien à l’emploi des jeunes, détaillées fin juillet. C’est le cas notamment de l’aide de 4000 euros pour toute embauche d’un jeune de moins de 25 ans pour un contrat de trois mois minimum, des primes pour l’embauche de jeunes en alternance, des contrats d’insertion ou du service civique étendu.
20 milliards d’euros en soutien de la solidarité
Des mesures de soutien aux plus défavorisés et au pouvoir d’achat constituent le dernier pilier de la relance. Doté d’environ 20 milliards d’euros, ce volet regroupe entre autres les futures aides à la dépendance, aux territoires, ainsi que des mesures de stimulation de l’intéressement dans les entreprises. Mais surtout, il contient les 6 milliards d’euros “de soutien supplémentaire en investissement“ dans le système de santé.
Les dernières annonces
15 milliards d’euros pour soutenir l’innovation et les relocalisations
Emmanuel Macron l’a annoncé vendredi lors de la visite d’un laboratoire pharmaceutique à Villeneuve-la-Garenne : une partie des fonds du plan de relance seront dédiés à l’innovation et aux relocalisations. Pour surmonter les difficultés d’approvisionnement qui ont marqué la crise du Covid-19, le président français souhaite encourager le “Made in France“.
Sur les 100 milliards d’euros du plan, 15 milliards d’euros seront ainsi prévus “pour l’innovation et les relocalisations”, a révélé le chef de l’état . Sur ces 15 milliards, 1 milliard d’euros serviront à des “aides directes construites avec les industriels pour permettre sur des projets très précis d’apporter une aide de l’État”.
Deux milliards à destination de la Culture
La réponse du gouvernement à la “souffrance“ éprouvée par le secteur de la culture depuis le début de la crise sanitaire sera “inédite“, a promis le premier ministre, mercredi matin sur France Inter. Une dotation“exceptionnelle“ de 2 milliards d’euros, puisée dans le cadre du plan de relance, va être ainsi débloquée. Elle s’ajoutera aux 3,5 milliards déjà annoncés au début de l’été.
.@JeanCASTEX : "Je dis aux Françaises et aux Français d'aller au cinéma, au théâtre. On va rendre le port du masque systématique. Dans le plan de relance, la culture bénéficiera d'une dotation exceptionnelle de deux milliards d'euros." #le79inter pic.twitter.com/BKdrybEonW
— France Inter (@franceinter) August 26, 2020
Le Premier ministre a reçu jeudi 27 et vendredi 28 août les représentants du spectacle vivant et du cinéma avec la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, fin de chiffrer cette compensation et d’en définir les conditions d’attribution. Fortement touché par la crise sanitaire, le secteur du spectacle vivant va bénéficier d’une aide spécifique de 432 millions d’euros.
Le spectacle vivant obtiendra 1 aide de 432 millions d'€ a annoncé la ministre de la Culture @R_Bachelot, après une rencontre jeudi entre #Castex et les représentants du secteur. Ce montant fait partie des 2 milliards d'€ promis hier par le 1er ministre https://t.co/3MO8zfxSRe pic.twitter.com/fdnCaExMOY
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) August 28, 2020
Ces deux milliards supplémentaires vont devoir être répartis entre le théâtre, le patrimoine, les grands musées, les cinémas, les salles de concerts. La répartition de cette somme a été en partie dévoilée jeudi après-midi, après la réunion organisée au ministère de la Culture avec les représentants du spectacle vivant privé :
- 220 millions d’euros du plan de relance devrait être dirigés vers le spectacle vivant privé ;
- 220 millions d’euros devrait revenir au spectacle vivant subventionné
- 12 millions d’euros seraient investis pour l’emploi et les artistes auteurs du spectacle vivant, auquel s’ajoute un programme exceptionnel de 30 millions pour la commande artistique.