Plan de relance économique : le gouvernement “abat ses cartes“

Le Premier ministre, Jean Castex, a présenté ce jeudi les grands axes du plan de relance de l’économie française. Intitulé “France Relance“, ce plan de 100 milliards d’euros fait la part belle à la transition écologique. Avec une “priorité absolue“, l’emploi, et un objectif “ambitieux“, retrouver en 2022 le “niveau de richesse d’avant la crise“. Explications.

Après le temps de l’urgence, vient le temps des annonces. Ce jeudi, le Premier ministre, Jean Castex, accompagné des ministres de l’Économie, du Travail et de la Transition écologique, a dévoilé les détails du plan de relance de l’économie française, dont on connaissait déjà les grandes lignes. “France Relance« , du nouvel intitulé de ce plan, est ainsi enfin lancé.

Un plan d’“une ambition et d’une ampleur historique

Ce plan est d’“une ambition et une ampleur historique“, a annoncé le chef du gouvernement. “100 milliards, c’est près de quatre fois plus que le plan de relance mis en œuvre pour faire face à la crise de 2008“, a-t-il souligné. “C’est le plus massif annoncé a ce jour parmi les plus grand pays européens par rapport à proportion richesse nationale.“

L’objectif est clair : “retrouver dès 2022 notre niveau de richesse d’avant la crise“, a lancé Jean Castex. Si ce plan à 100 milliards d’euros sur deux ans porte ses fruits, son impact sur la dette publique sera “presque entièrement résorbé à partir de 2025“, a assuré le locataire de Matignon. “On en attend un très rapide retour sur investissement.“

Grâce à l’accord historique obtenu par le président de la République avec la chancelière“ [Merkel], la France bénéficiera d’un financement européen de ce plan de relance, “à hauteur de 40 milliards d’euros“, a annoncé le premier ministre.

Pas de hausse d’impôts

Le Premier ministre l’a certifié : “Il n’y aura pas de hausse d’impôts“. “C’est un engagement pris avec le président de la République. On ne reproduira pas l’erreur de procéder à des hausses de fiscalité qui affaibliraient la croissance et enverraient des signaux négatifs aux ménages et aux entreprises“, a t-il assuré.

Une priorité absolue : l’emploi

Pour soutenir l’emploi, “l’activité partielle de longue durée sera déployée dans des proportions inégalées“, a vanté Jean Castex, soit à hauteur de 7,6 milliards d’euros. Par ailleurs, 6,5 milliards d’euros pour la formation emploi des jeunes ont déjà été débloqués, a-t-il souligné.“ Il faut “garantir que le plan de relance bénéficiera à tous en termes d’emploi et de compétence, en termes de lutte contre la pauvreté, et pour tous les Français“, a expliqué à sa suite, la ministre du Travail Élisabeth Borne, avant d’en détailler les enjeux.

Trois chantiers principaux

L’emploi est la finalité première de ce plan, et représente un investissement total supplémentaire de plus de 15 milliards d’euros. Trois chantiers majeurs articulent son volet social.

Un plan “jeunes“ de 6,7 milliards d’euros

Présenté dès le mois de juillet, ce plan doit être une “solution pour 750.000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail“ a indiqué Me Borne. D’un montant de 6,7 milliards d’euros, il mobilise selon la ministre, “tous les leviers“ (aides à l’embauche, accompagnement, aides financières pour les jeunes en difficulté) et est “pensé avec les acteurs locaux“ (associations et collectivités territoriales), a t-elle détaillé.

Un “bouclier anti-licenciements“ de  7,6 milliards d’euros

La ministre du travail a également évoqué un “bouclier anti-licenciement“,  pour les entreprises qui subiront une baisse d’activité dans les prochains mois.“ Le but étant d’éviter qu’elles ne “se séparent de compétences dont elles auront besoin, en prolongeant l’activité partielle de longue durée“.

Enfin, un “investissement massif“ de 1,3 milliards d’euros, permettra de “maximiser l’impact en emploi en accompagnant les salariés de secteurs en difficulté vers les secteurs porteurs“. 400 millions d’euros seront consacrés dans ce cadre aux projets de reconversion.

Parallèlement, le gouvernement prévoit de réduire de 20 milliards d’euros en deux ans, les impôts de production, les cotisations et contributions que paient les entreprises, quel que soit leur niveau de rentabilité. “Ce n’est pas un cadeau aux entreprises“, a assuré le Premier ministre. “C’est un cadeau à la France, pour relancer l’économie et lutter contre le chômage », a t-il ajouté.

Reste que l’absence de contreparties demandée aux entreprises, est au coeur des critiques.

Un pas de géant pour la transition écologique

France relance est d’abord un plan destiné à servir le climat et la biodiversité“ a indiqué Jean Castex. Pour contrer les effets de la crise, le gouvernement prévoit d’investir lourdement dans la transition écologique. Les investissements habituels de l’État en ce domaine, “vont plus que doubler“, a promis le premier ministre.

Trente milliards d’euros affectés au verdissement de l’économie

Trente milliards d’euros vont être consacrés au verdissement de l’économie. “Un pas de géant pour la transition écologique en France“, selon la ministre de la transition écologique Barbara Pompili. “Par sa cohérence, sa force, il [ce plan] nous fait basculer dans l’écologie de demain“, s’est-elle réjouit. “Son montant, 30 milliards d’euros, représente une accélération sans précédent“, a-t-elle ajouté.

Mais les ONG dénoncent l’absence de conditions fermes aux aides versées aux entreprises, et le numéro un d’EELV Julien Bayou un “investissement ponctuel et nettement insuffisant“.

Ce volet soutient la transformation écologique des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre.  Sans surprise, les plus grosses sommes seront investies dans les transports (11 milliards d’euros), l’énergie (9 milliards) et la rénovation énergétique des bâtiments (7 milliards), dont 2 milliards de prime, intitulée “ma prime rénov“. A cela, il faut ajouter les mesures dévolues à l’agriculture et à l’alimentation (1,2 milliard d’euros, notamment pour la transition agro-écologique, le bien-être animal et le développement des circuits courts), ou encore 250 millions pour la mer.

Un vaste plan de soutien à la rénovation thermique des bâtiments

Parmi les mesures emblématiques du volet dédié à la transition écologique, figure un vaste plan de soutien à la rénovation thermique des bâtiments. Près de 7 milliards d’euros (6,7 milliards) seront ainsi alloués dans ce cadre. Un moyen de favoriser l’activité et l’emploi dans le bâtiment et d’inciter les français à puiser dans les 60 à 100 millions d’épargne de précaution accumulée ces derniers mois.

Dans le détail, sur ces 6,7 milliards : 4 milliards iront à la rénovation des bâtiments publics de l’Etat et des collectivités locales (école, universités, etc.), auxquels s’ajoutera une seconde enveloppe spécifique pour la rénovation des hôpitaux et Ehpad ; et 2 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des logements privés, sous forme d’une bonification des aides

Comme prévu, le bénéfice de “MaPrimeRénov“, la nouvelle aide aux travaux venue remplacer le crédit d’impôt pour la transition énergétique début 2020, sera étendue à tous les Français, y compris les ménages aisés et les bailleurs, qui étaient jusqu’ici exclus du dispositif. Le but affiché du gouvernement étant de simplifier ce mécanisme pour l’ouvrir au plus grand nombre.

Un investissement massif dans le ferroviaire

Les transports bénéficieront de près de 11 milliards au total dont plus de la moitié au secteur ferroviaire“, a confirmé Barbara Pompili, dont 4,7 milliards pour la SNCF afin de financer le fret ferroviaire, les petites lignes et le train de nuit. Le développement d’un futur “avion vert“ sera également encouragé.

Trois exigences de Jean Castex

En conclusion de sa conférence de presse, le Premier ministre a défini “trois exigences“. En premier, la concertation. “Le sujet sera au menu de la prochaine conférence de dialogue social que je réunirai au mois d’octobre“, a indiqué le locataire de Matignon. Ensuite, “le suivi de l’exécution“. “Nous allons mettre en place un suivi de l’exécution pour rendre compte et permettre la rapidité de sa mise en oeuvre. Les ministères seront clairement responsabilisés“, a assuré le Premier ministre.

Enfin, “la territorialisation à chaque fois que cela sera possible. Ce plan sera décliné dans tous les territoires y compris dans les territoires ultramarins. Les collectivités territoriales qui le souhaitent pourront compléter les actions engagées dans le cadre de leurs compétences respectives“, a annoncé Jean Castex.

 

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