Planification écologique : Macron livre ses arbitrages

Après plusieurs reports, Emmanuel Macron doit présenter ce lundi les grandes lignes de la planification écologique. Sans donner de détails sur ce que contiendra le plan, l’Élysée a assuré que la feuille de route présidentielle comprenait une cinquantaine de leviers. Objectif : réduire de 138 millions de tonnes nos émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.

C’est un rendez-vous très attendu, mais nimbé de mystère. Il sera le point d’orgue d’une séquence d’une dizaine de jours sur le sujet, avec notamment la présentation le 18 septembre aux chefs de partis, de la feuille de route de l’exécutif, par la Première ministre. Pour le reste, on sait peu de choses. Si ce n’est qu’Emmanuel Macron entend faire de la planification écologique, le marqueur de son second quinquennat.

Évoquant le sujet pour la première fois à l’occasion d’un discours à Marseille, en mai 2022, le président s’était engagé à l’époque “ à mettre en place une planification écologique qui passait d’abord par des modifications de la gouvernance, des sujets d’environnement et d’écologie“. Un an et demi plus tard, et après plusieurs reports des annonces, il promet désormais un plan “très concret“ et “très opérationnel“, afin “d’être au rendez-vous européen“ de la baisse de 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se “projeter vers la neutralité carbone en 2050“.

C’est donc dans ce contexte que le chef de l’État dévoilera lundi les grandes lignes de la planification écologique. Non pas dans un lieu emblématique, comme la Cité des Sciences à Paris, dont le nom  a circulé un temps dans la presse, mais au terme du Conseil de planification écologique, réunissant la première ministre Elisabeth Borne et les ministres concernés. Un format “plus approprié“ selon un conseiller ministériel.

Une cinquantaine de leviers

On l’a dit, la séquence est entouré de mystère. L’Élysée a tout de même assuré que la planification écologique comprenait “une cinquantaine de grands leviers identifiés pour arriver à réduire de 138 millions de tonnes nos émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030“. De grands axes ont été dessinées en juillet dernier lors d’un “tableau de bord“ publié par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Ils donnent de premières pistes, secteur par secteur. Au programme : la création du Fonds vert pour les collectivités territoriales, la rénovation des bâtiments publics, notamment scolaires et universitaires, le lancement des RER métropolitains dans une dizaine de villes, la planification écologique de l’eau, le renouvellement des générations agricoles, la mise en place d’une politique de transports plus écologique, la lutte contre l’artificialisation des sols.

Lors d’un entretien accordé ce dimanche à TF1 et France 2, le président de la République a apporté deux précisions en matière de transition écologique, bien qu’il se soit bien gardé d’en dire plus sur ce qui sera dit ou même annoncé aujourd’hui. D’une part, la France va définitivement sortir du charbon en 2027. “On a encore deux centrales à charbon qui tournent. On va complètement les convertir à la biomasse. La France sera parmi les pays d’Europe, la première à sortir du charbon« , a indiqué le chef de l’État. D’autre part, Emmanuel Macron a annoncé qu’il “n’interdira pas l’installation de chaudières à gaz neuves.“ Des chaudières à gaz devenues pourtant le symbole même des difficultés auxquelles sont confrontés les leaders européens dans leurs efforts pour accélérer la baisse des émissions de CO2.

Le locataire de l’Élysée a aussi plaidé pour l’électrification. “On doit le faire en étant intelligent, en produisant chez nous les véhicules et les batteries. On est attachés à la bagnole, et moi je l’adore. Aujourd’hui, on produit entre 1 et 1,5 million de véhicules sur notre sol. Ces dernières années, on a relocalisé grâce à l’écologie. Des dizaines de milliers d’emplois industriels seront créées les prochaines années“, a t-il déclaré, évoquant également une aide pour l’acquisition d’un véhicule électrique “d’ici à la fin de l’année“.

7 milliards d’euros supplémentaires

Reste à traduire les annonces par des choix politiques. C’est tout l’enjeu de la prise de parole d’Emmanuel Macron ce lundi. La Première ministre a déjà commencé à préparer le terrain la semaine dernière, en évoquant les 10 milliards d’euros d’investissements supplémentaires que l’exécutif veut allouer à la transition écologique, dont 7 milliards qui seront engagés dans le budget 2024. Mais comment cette enveloppe va t-elle être ventilée ? Emmanuel Macron doit évoquer le sujet ce lundi, avant la présentation, dans deux jours en Conseil des ministres, du projet de budget pour 2024.

L’exécutif a déjà confirmé qu’1,6 milliard d’euros sera investi pour la rénovation des logements en 2024. Le gouvernement prévoit également d’investir 2,3 milliards d’euros en faveur de l’agriculture et de la biodiversité. Côté transports, l’enveloppe est de 1,6 milliard d’euros : 1,4 sera consacré pour les infrastructures ferroviaires, fluviales et maritimes et 200 millions pour favoriser le remplacement du parc de véhicules thermiques par des véhicules électriques légers. Une enveloppe d’1,8 milliard sera dédiée à la production d’énergie : 800 millions d’aides à l’industrie du biogaz, produit par exemple à partir des usines de méthanisation. Enfin, les collectivités bénéficieront de financements dédiés : 500 millions d’euros supplémentaires qui seront débloqués dans le cadre des “fonds verts“ et 300 millions d’euros de dotations alloués directement aux collectivités pour financer des investissements considérés comme “verts“

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