Retraites : les échéances du mois de janvier

Entre de nouvelles journées et formes d’action, des réunions de concertation programmées tout au long du mois… Le mois de janvier s’annonce particulièrement décisif pour résoudre un conflit qui bat des records de longévité. Tour d’horizon des dates clés qui devraient décider de l’avenir du projet de réforme des retraites du gouvernement. 

Le chef de l’Etat a prévenu lors de ses voeux aux français : il est déterminé à “mener à bien la réforme des retraites”. Après une pause pendant les fêtes, le Premier ministre Edouard Philippe a été pressé par Emmanuel Macron de trouverun compromis rapide, alors que le conflit social bat des records de durée et qu’aucune issue n’émerge. Particulièrement dense, le calendrier de ce mois de janvier devrait permettre d’y voir plus clair sur l’avenir du projet de réforme des retraites porté par l’exécutif.

 

3  janvier : une grève glissante des professions libérales

Le collectif SOS Retraites, qui regroupe seize professions libérales dont le point commun est de disposer de régimes autonomes de retraite, appelle à une “grève glissante” à partir du 3 janvier. Le principe ? Chaque secteur se mobilise tour à tour. Dans un communiqué, les infirmiers sont invités à refuser tout nouveau soin à partir de ce vendredi, les kinésithérapeutes à cesser le travail le même jour, les médecins à fermer leurs cabinets le 6 janvier, les experts comptables à organiser une “journée du désarroi” également le 6 janvier, etc. Les avocats de leur côté entameront une semaine de grève dure, face à la création d’un régime universel, qu’ils considèrent comme une menace pour leur profession. A cette heure, 80% des barreaux se sont déclarés en grève.

6 janvier : le transport aérien se mobilise

A l’appel du Spaf, pour les pilotes, et du SNGAF,  pour les hôtesses et stewards, les personnels navigants d’Air France seront en grève au cours de la semaine du 6 janvier. Côté pilotes, “le Spaf appelle a arrêter le travail” lundi 6 et mardi 7 janvier“, a indiqué Grégoire Aplincourt, président du deuxième syndicat représentatif de pilotes chez Air France. Le Spaf avait qualifié la semaine dernière d'”enrobage imprécis et insuffisant” les annonces du gouvernement sur l’avenir de la CRPN, la caisse autonome de retraite complémentaire du personnel navigant. Le SNGAF appelle quant à lui les personnels navigants à se mettre “tous en grève” du lundi 6 janvier au jeudi 9, a-t-il annoncé dans un communiqué où il lance aussi un appel à manifester “dans les rues” et à “descendre des nuages”.

Les propositions du gouvernement la semaine dernière avaient pourtant conduit quatre autres syndicats d’hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa PNC, Unac et UNPNC) à suspendre leur appel à la grève pour ce 3 janvier, le SNPNC majoritaire expliquait alors que le gouvernement “répond, enfin, favorablement à notre demande, de conserver un régime complémentaire légal obligatoire par répartition, géré par la CRPN”. Mais pour l’intersyndicale mentionnée dans le communiqué de jeudi, il faut dire “non à toute forme d’injustice qui voudrait traiter des navigants différemment en fonction de leur date de naissance ou de leur fonction“.

Le communiqué qui mentionne aussi quatre autres syndicats de navigants, indique : le SPAF et Alter (pilotes) appellent à la grève respectivement du 6 au 7 janvier et le 9 janvier, tandis que chez les hôtesses et stewards  l’UGICT-CGT sera en grève “à partir du 3 et de manière illimitée“, la CFTC-PNC les 8 et 9 janvier, et Sud Aérien du 6 au 9 “et plus si nécessaire“.

7 janvier : la reprise des négociations 

Les rencontres entre le gouvernement et les partenaires sociaux reprendront en début de semaine. Dans un communiqué, Matignon indique que “Muriel Pénicaud, ministre du Travail, Agnès Buzyn Ministre des Solidarités et de la Santé, Laurent Pietraszewski, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, chargé des retraites et Olivier Dussopt, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics, recevront le 7 janvier les partenaires sociaux pour lancer les travaux relatifs à la pénibilité et à la gestion des fins de carrière […]“.

L’exécutif prévoit de concentrer la réunion de mardi sur “quatre objectifs” : “partager les impacts sur l’évolution des seuils relatifs à la pénibilité”, “renforcer les actions (…) de prévention de la pénibilit锓construire des dispositifs de reconversion pour les salariés exposés longtemps à la pénibilité” et “le maintien dans l’emploi des seniors”. Au cours de cette même semaine, le secrétaire d’état auprès du ministre de l’action et des comptes publics, Olivier Dussopt recevra les organisations syndicales de la fonction publique pour lancer les discussions sur la retraite progressive et ses conditions de déploiement dans la fonction publique ainsi que celles relatives à la pénibilité.

Ce 7 janvier également, un débat sur la réforme des retraites sera organisé au Sénat, à la demande de la commission des Affaires sociales. Chaque groupe politique bénéficiera d’un temps de parole de 5 minutes, à raison d’un orateur par groupe (3 minutes pour les sénateurs non inscrits). Après la réponse du gouvernement, se tiendra une séquence de 15 questions réponses.

7-10 janvier : le blocage des raffineries françaises

La fédération CGT de la chimie a appelé les salariés de la filière pétrole française à bloquer les installations du pays pendant 96 heures, du 7 au 10 janvier.”À l’issue de ces 96 heures de grève, on se posera la question de savoir si l’on passe à l’étape de l’arrêt des installations“, a expliqué Thierry Defresne, délégué central de la CGT chez Total. Une annonce qui a fait réagir Agnès Runacher, la secrétaire d’état auprès du ministre de l’Economie et des Finances, qui juge “illégal” ce blocage.

9 et 11 janvier : deux nouvelles journées de mobilisation

L’intersyndicale CGT, FO, FSU, CFE-CGC, Unef, UNL et Solidaires appelle à deux journées de manifestations interprofessionnelle, pour demander le retrait de la réforme des retraites.  A l’origine, seule la journée du 9 janvier était prévue. Mercredi 1er janvier, à l’issue des vœux d’Emmanuel Macron, le numéro 1 de la CGT, Philippe Martinez avait exhorté “tous les Français à se mobiliser, à aller aux manifestations et à se mettre en grève“.

Dans son communiqué du 3 janvier, l’intersyndicale appelle désormais à une deuxième journée de mobilisation, deux jours plus tard, le 11 janvier. Les syndicats exhortent par ailleurs à mettre en place “des assemblées générales de salariés, d’étudiants et de lycéens” dès le lundi 6 janvier, pour organiser la première journée de manifestation du jeudi 9 “et ses suites dès le lendemain“. La CFDT n’a pour l’heure pas appelé  à participer à ces deux nouvelles journées de mobilisation.

Du 13 au 17 janvier : la poursuite des négociations

Durant la deuxième semaine de janvier, plusieurs ministres rencontreront de nouveau les organisations syndicales et patronales relevant de leurs secteurs. Le 13 janvier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn lancera ainsi avec les syndicats hospitaliers le chantier de l’aménagement des fins de carrière à l’hôpital.

S’agissant de l’Education Jean-Michel Blanquer recevra à nouveau au cours de cette même semaine les organisations syndicales, pour “leur présenter la méthode et le calendrier de négociations pour les 6 mois à venir.” Avec pour “objectif de parvenir en juin 2020”, à  “un protocole d’accord sur des scénarios de revalorisation” pour les carrières des enseignants. Des promesses ont été réaffirmées par le ministre lors d’une première réunion le 13 décembre , notamment une sanctuarisation du niveau des pensions et une enveloppe conséquente qui sera consacrée aux revalorisations salariales à partir de 2021. Les syndicats attendent donc beaucoup de cette seconde réunion, notamment des précisions sur le montant de cette enveloppe et un calendrier un peu plus précis. Enfin, entre le 7 et le 17 janvier, le nouveau secrétaire d’État chargé des retraites Laurent Pietraszewski recevra les partenaires sociaux à propos de l’évolution du minimum de pension et des transitions.

 24 janvier : la présentation du texte en Conseil des ministres

 Prévu initialement le mercredi 22 janvier, la présentation du projet de réforme des retraites aura finalement lieu le vendredi 24 janvier. Pour l’heure, le cabinet du premier ministre n’a pas fourni d’explication à ce report. On ignore encore s’il s’agit d’un simple conflit d’agenda ou si le gouvernement entend laisser un peu plus de temps aux concertations.

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