Sommet du G20 : la crainte de divisions sur le climat et l’Ukraine

New Dehli accueille samedi et dimanche un 18ème sommet du G20. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, espère faire valoir l’influence diplomatique croissante de son pays et faciliter le dialogue sur l’Ukraine ou le réchauffement climatique. Mais les espoirs sont minces de voir les dirigeants du groupe, s’accorder sur ces questions.

Le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 qui s’ouvre ce samedi à New Delhi, sous présidence indienne, revêt une importance primordiale dans un monde où les tensions géopolitiques ne cessent de s’amplifier. Guerre en Ukraine, lutte contre les effets du changement climatique, sécurité alimentaire, conflits commerciaux, solidarité avec les pays en développement, rivalité technologique … Autant de sujets sur lesquels les dirigeants du groupe des 20, vont tenter d’accorder leurs violons.

Sous la thématique “Une terre, une famille, un avenir“, leur hôte, Narendra Modi  espère faire valoir l’influence diplomatique croissante de l’Inde, et faciliter le dialogue sur l’Ukraine ou le réchauffement climatique en l’absence des présidents chinois et russe.

Deux grands absents

Pour la première fois, le premier, le président Xi-Jinping ne participera pas au sommet. Pékin n’a donné aucune explication officielle. Autre grand absent, le président russe, Vladimir Poutine, empêché par sa guerre en Ukraine ayant entraîné un mandat d’arrêt de la CPI, la Cour Pénale Internationale, pour crime de guerre“. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dirigera la délégation russe et le Premier ministre chinois Li Qiang conduira la délégation chinoise.

L’absence de ces deux poids lourds, qui jouent habituellement le rôle de contrepoids, devrait permettre au président américain d’occuper le devant de la scène. Joe Biden entend profiter du sommet pour faire la démonstration que le bloc, malgré ses divisions, n’en reste pas moins le principal forum de coopération économique mondiale.“Nous pensons qu’il s’agira d’un événement majeur pour la coopération mondiale à un moment critique“, a déclaré jeudi le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, à bord de Air Force One.

Reste que les dirigeants sont divisés sur des questions clés, telles que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’objectif d’élimination progressive des combustibles fossiles et la restructuration de la dette mondiale, ce qui rend difficile l’adoption d’une déclaration finale dimanche.

Un accord hypothétique sur la déclaration finale

Selon les analystes, les divisions profondes sur la guerre en Ukraine sont susceptibles de faire dérailler la coopération internationale autour de la sécurité alimentaire, le surendettement ou encore le changement climatique. “Il est difficile de prédire s’il sera possible de parvenir à un accord sur la déclaration“, a déclaré Charles Michel lors d’une conférence de presse dans la capitale indienne.  “Nous sommes toujours en train de négocier“. Selon le président du Conseil européen, l’UE souhaite avancer sur les enjeux de sécurité énergétique et alimentaire après le retrait de la Russie de l’accord sur l’export de céréales en mer Noire, un des points sensibles également à l’ordre du jour du sommet. “L’UE continuera à soutenir fermement l’Ukraine et à faire pression sur la Russie“, a t-il déclaré ajoutant “qu’en attaquant délibérément les ports ukrainiens, le Kremlin prive des gens de la nourriture dont ils ont désespérément besoin.

Des divisions profondes sur l’invasion de l’Ukraine

Le durcissement de la position sur la guerre en Ukraine a empêché jusqu’à présent un accord sur un communiqué commun lors des réunions ministérielles de la présidence indienne du G20, laissant aux dirigeants le soin de trouver une solution, si possible. L’Inde, qui préside le groupe des vingt, souhaite en effet que le communiqué final du sommet prenne également en compte les points de vue de la Russie et de la Chine, qui jusqu’alors ont bloqué toute mention d’une condamnation ferme de l’invasion de l’Ukraine.

“L’aggravation des rivalités mondiales va éclipser le sommet des plus grandes économies du monde, assure à ce titre le Wall Street Journalalors que les dirigeants chinois et russe, Xi Jinping et Vladimir Poutine restent à la maison et que les États-Unis cherchent avant tout à renforcer leurs liens avec l’Inde pour contrer Pékin.“ Au cœur de ces divisions, “la guerre en Ukraine devrait éclipser le sommet“ analyse également le Washington Post qui souligne “que les divergences de vues au sein des pays du G20 sur la guerre menée par Moscou ont déjà plombé les derniers sommets internationaux“ et qu’elles risquent bien de peser encore ce week-end à New Delhi.

Sur ce conflit, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré à son arrivée à New Delhi, vendredi, que le soutien à l’Ukraine serait son principal objectif lors du sommet. “Une fois de plus, Poutine ne s’est pas présenté au G20, mais nous nous présenterons et soutiendrons l’Ukraine“ a-t-il écrit sur X.

Des espoirs minces sur l’action climatique

Au cours de ce qui sera probablement l’année la plus chaude de l’histoire, les dirigeants du G20 vont là encore devoir trouver un consensus, pour répondre à la crise climatique. Trois questions clés seront sur la table à New Delhi : le triplement des capacités mondiales en matière d’énergies renouvelables, la réduction progressive de l’utilisation des combustibles fossiles comme le charbon, mais aussi le financement de la transition verte dans les pays en développement. Le président américain arrive à ce sujet avec des propositions très concrètes sur le financement à grande échelle du développement et de la lutte contre le réchauffement dans les pays les plus fragiles. On parle de centaines de milliards de dollars qui seraient alloués par une Banque mondiale rénovée.

Les espoirs sont toutefois minces de voir le groupe, divisé, s’accorder sur des actions ambitieuses permettant d’aboutir à des engagements solides sur le climat. Avec pour conséquence que la conférence pour le climat, la COP28, qui doit se tenir en novembre, pâtisse d’engagements revus à la baisse lors du sommet de New Dehli. Aujourd’hui, un certain nombre de pays, comme l’Inde et la France, militent pour le triplement des énergies renouvelables d’ici à 2030. Mais la Russie et l’Arabie saoudite, les deux poids lourds du marché des hydrocarbures, trainent des pieds. C’est l’une des grosses bagarres de ce G20 qui opposent non pas le Nord au Sud mais les pays pétroliers aux pays consommateurs. Une réunion des ministres de l’Énergie du G20 en juillet n’a d’ailleurs pas permis d’ébaucher un calendrier sur l’élimination progressive des énergies fossiles, ni de soutenir le consensus scientifique selon lequel les émissions de gaz à effet de serre atteindront leur pic d’ici 2025.

 

 

 

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