Sortie de confinement : à quoi s’attendre ?

Emmanuel Macron doit annoncer mardi soir, lors d’une allocution télévisée, ses arbitrages pour une sortie progressive du confinement.  Un “retour à la liberté“ par paliers selon les indications données ce week-end par le porte-parole du gouvernement. La première devrait se concentrer sur la réouverture des petits commerces. Pour le reste, le chef de l’état devrait évoquer un allègement progressif des contraintes et des perspectives. Explications.

Il ne faut pas s’attendre à une “levée d’écrous“, immédiate et collective. Pas question en effet d’un déconfinement à court terme, mais plutôt d’un assouplissement des mesures en place. Quatre semaines après avoir mis l’Hexagone sous cloche, le président de la république en présentera les modalités, ce mardi à 20 heures, lors d’une nouvelle allocution télévisée.

De la cohérence, de la clarté, un cap

Deux jours avant une prise de parole très attendue, Emmanuel Macron entend poser quelques certitudes pour lutter contre le doute qui s’installe chez les français. Dans un entretien au Journal Du Dimanche, le chef de l’état dit vouloir mettre fin à “l’incertitude“ sur la crise sanitaire. “Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin“, déclare t-il au JDD. Le chef de l’état veut apporter “de la clarté“ et “un cap, savoir ensemble où nous allons et comment y aller.“ Mais cette fois ci, il ne promettra pas le “retour des jours heureux“, comme il l’avait fait en avril, lors du déconfinement.

Pas question de lever toutes les restrictions

Pour l’exécutif, il s’agit avant tout de ne pas reproduire les erreurs commises lors du premier déconfinement en juin dernier. “Soyons clairs : le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi“, déclare au JDD, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Une position que confirme Olivier Véran, cité lui aussi dans le journal. “Aujourd’hui, le niveau de circulation du virus dans le pays est le même qu’au moment du couvre-feu. Il n’est pas question de déconfiner“ averti le ministre de la Santé qui a toutefois indiqué lors de son point sanitaire, jeudi 19 novembre, que “les indicateurs s’améliorent“ et que “la dynamique épidémique s’est réduite“, ces derniers jours.

Durant la semaine du 9 au 15 novembre, tous les indicateurs étaient à la baisse : les cas de contamination confirmés (182.783 contre 305.135 la semaine précédente), le taux de résultats positifs (16,2% contre 19,7%), les hospitalisations (17.390 contre 19.940), les admissions en réanimation (2.761 contre 3.037), et, dans une moindre mesure, les décès (3.756 contre 3.817 la précédente).

 

Une première étape au 1er décembre

Si l’exécutif a répété à l’envi ces derniers jours, qu’un déconfinement était exclu, Emmanuel Macron s’apprête bien à desserrer l’étau. Les assouplissements (…) se feront en trois étapes au regard de l’évolution sanitaire et des risques liés à certaines activités : d’abord autour du 1er décembre, puis avant les congés de fin d’année, puis à partir de janvier 2021“, explique au JDD, Gabriel Attal. S’il est encore difficile de dire quelles seront les modalités des deux dernières étapes, plusieurs pistes se précisent autour de l’assouplissement des contraintes le 1er décembre.

Une réouverture de certains commerces

Dans l’immédiat, cette réouverture semble quasi-acquise. Elle a été évoquée par le Premier ministre, lors d’un déplacement à Dijon samedi. “Effectivement nous rouvrirons les commerces qui ne sont pas de première nécessité autour du 1er décembre“, avec des protocoles adaptés a indiqué Jean Castex. “N’attendez pas ce matin de moi une date précise, parce que mon indicateur, ce sont les critères sanitaires“, a t-il ajouté.

Pour les bars et restaurants en revanche, il faudra patienter. “Nous ne rouvrirons pas autour du 1er décembre les restaurants et les bars. On ne peut pas“, a précisé le locataire de Matignon. Mais le gouvernement poursuit “la discussion avec eux pour leur donner de la visibilité et les accompagner“, a-t-il poursuivi.

La date du 28 novembre a également été avancée. Vendredi matin, une réunion au sommet a rassemblé en visioconférence les ministres Bruno Le Maire (Economie), Olivier Véran (Santé) et Elisabeth Borne (Travail) avec les fédérations du commerce pour définir un protocole sanitaire. A ce stade, l’hypothèse d’une réouverture à compter du week-end prochain, celui du 28-29, tient sérieusement la corde. Avec néanmoins un report du Black Friday d’une semaine, au 4 décembre.

Une réouverture des lieux de culte

À la demande du conseil d’État, les lieux de culte devraient eux aussi pouvoir rouvrir dès le 1er décembre. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Jean Castex samedi, lors d’un déplacement en Côte-d’Or. Le Premier ministre a  annoncé une possible réouverture des églises à cette date.

S’appuyant sur l’obligation constitutionnelle de garantir la liberté de culte, le chef du gouvernement a admis en petit comité qu’avec les indicateurs sanitaires qui sont aujourd’hui meilleurs, il va avoir l’obligation de desserrer l’étau, pour la reprise des messes notamment. Selon les informations du “Parisien“, l’horizon du 1er décembre pourrait même être avancé au week-end prochain. Mais sous certaines conditions, avec a priori trente personnes maximum autorisées, comme pour les enterrements.

Une possible reprise du sport pour les mineurs

Mardi, Emmanuel Macron s’est également montré favorable à la reprise du sport en club pour les mineurs. Là aussi, le protocole sanitaire sera renforcé, en intérieur notamment. Du côté du sport professionnel, les stades ne pourront pas recevoir du public avant janvier.

Un maintien, voire un léger assouplissement de la règle du “une heure/un km“

Récemment, les appels se sont multipliés pour assouplir cette règle. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a ainsi saisi la justice pour réclamer un accès libre à la nature, dénonçant une atteinte grave à l’exercice d’une liberté fondamentale. Des députés pointent par ailleurs du doigt une inégalité de traitement et l’absence de bases scientifiques.

Pour autant, il ne faut pas s’attendre  le 1er décembre à pouvoir rendre visite à ses proches à l’autre bout du pays. “On n’est pas tous égaux face au rayon de 1 kilomètre […]. Mais soyons clairs : le ­confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi“, déclare au JDD Gabriel Attal. Si quelques assouplissements de la règle pourraient être tolérés, notamment pour permettre “à ceux qui ne vivent pas à proximité d’un parc d’aller y respirer“, il n’est pour l’heure pas question de déplacements sans contraintes.

Et après le 1er décembre ?

Comme l’a annoncé le Premier ministre, les assouplissements se feront en trois étapes au regard de l’évolution sanitaire et des risques liés à certaines activités : d’abord autour du 1er décembre, puis avant les ­congés de fin d’année, puis à partir de janvier 2021. Pour l’heure, il est peu probable qu’Emmanuel Macron apporte des précisions sur la deuxième et troisième étape de la sortie du confinement. Ces étapes étant très fortement conditionnées par l’évolution de l’épidémie, par nature inconnu, le chef de l’état devrait se contenter d’évoquer des perspectives.

Interrogé dimanche dans le Grand Jury de RTL, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Luc Le Drian a confirmé ce déconfinement en trois temps. “Il y aura une deuxième série de décisions qui sera prise vers le 20 décembre“, a-t-il indiqué, “puis une troisième série de décisions au début de l’année prochaine en fonction de la circulation du virus“.

Un Noël en famille ?

Pourra-t-on passer les fêtes de fin d’année avec ses proches ? Rien n’est moins sûr. “Le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi“ a averti Gabriel Attal, confirmant qu’une attestation pour se déplacer sera toujours nécessaire au-delà du 1er décembre, comme l’avait déjà indiqué le Premier ministre, Jean Castex. Un assouplissement de la règle du “une heure/un km“lors de la première étape, pourrait constituer un premier palier d’allègement du confinement. Un autre, peut-être à partir de la mi-décembre, pourrait alors concerner les fêtes de fin d’année.

Pour l’heure, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a déclaré qu’il était encore trop tôt pour savoir si l’on pourra circuler en train à Noël. Il a toutefois d’ores et déjà promis que les billets pris aujourd’hui seraient “échangeables et annulables sans frais jusqu’au dernier jour.“

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