Tarification, organisation, médecins traitants… : ce qu’il faut retenir du plan santé dévoilé

Alors que les mobilisations se multiplient, Emmanuel Macron a dévoilé ce vendredi son plan, pour un système de santé qui s’enfonce dans la crise. Une nouvelle feuille de route pour apporter des “changements en profondeur“ a prévenu le chef de l’État. Tour d’horizon des principales annonces présidentielles.

C’était des annonces pour le moins très attendues, alors que les mobilisations se multiplient ces dernières semaines, pour dénoncer un système de santé “à bout de souffle“.  C’est depuis le centre hospitalier Sud francilien, dans l’Essonne, que le chef de l’État a pris la parole en fin de matinée, à l’occasion de ses vœux aux soignants. Accompagné du ministre de la Santé, François Braun, Emmanuel Macron a déroulé les mesures d’un nouveau plan santé.  En voici les principales.

 “La crise que nous vivons (…) n’est pas simplement une crise de moyens, parce qu’en fait on a déjà beaucoup répondu sur les moyens. Et, je le dis à tous les soignants que vous êtes, elle est multifactorielle, a affirmé le président en préambule. “Elle est en fait beaucoup plus complexe que si c’était simplement un problème d’argent, parce qu’on a fait le plus gros effort financier de notre histoire du système de santé au moment du Covid”. Je sais l’épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé, le sentiment au fond de passer d’une crise à l’autre”, a t-il déclaré, en appelant à “aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort et prendre des décisions radicales“. 

On a investi 19 milliards d’euros dans notre système de santé“, a affirmé le locataire de l’Élysée. “En trois ans, le budget que notre nation consacre à la santé a augmenté de 50 milliards“, a t-il ajouté, reconnaissant “un effet de rattrapage“.

Repenser l’organisation du travail

“C’est le dernier endroit où les 35 heures fonctionnent encore, c’est une hyperrigidité. Le système ne marche que par des heures sup“, a regretté Emmanuel Macron qui souhaite repenser l’organisation du travail à l’hôpital et “remettre à plat“ le système actuel d’ici le mois de juin, afin de “rebâtir un système objectivement plus cohérent avec la réalité du quotidien“ des soignants. A cette échéance, chaque hôpital devra avoir lancé des discussions pour gérer les plannings à l’échelle des services. Le président de la République a également indiqué vouloir “mettre à la tête de nos hôpitaux un tandem administratif et médical.

Sortir de la tarification à l’activité

“On doit sortir de la tarification à l’activité dès le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale” en 2023, a annoncé le chef de l’État. Emmanuel Macron souhaite aller vers “nouveau financement qu’on doit rebâtir sur la base d’un travail en profondeur et d’une concertation“, et qui repose sur une rémunération basée sur des objectifs de santé publique“Des objectifs de santé publique négociés à l’échelle d’un territoire”, a précisé le président.

Renforcer les paramédicaux

Accélérer le recrutement d’assistants médicaux

 “On a aujourd’hui près de 4 000 assistants médicaux qui ont déjà signé un contrat et ce qui est un vrai succès. (…) On doit arriver à 10 000 d’ici à la fin de l’année prochaine,“ a annoncé le chef de l’Etat. “Et ça, c’est faisable. Et donc je souhaite qu’on les généralise. On va continuer et donc on va accroître les financements pour le faire.“

Repenser les études

Plus généralement, le chef de l’État souhaite revoir l’organisation et le fonctionnement des études de santé. Un chantier qu’il veut “lancer et finaliser à l’été“. Avec un objectif à la clé : éviter que les étudiants ne cessent en cours de route. “Environ 30 % des élèves arrêtent pendant la formation et 15 % échouent à la fin. Donc quand on ouvre 100 postes, on en a 55 qui arrivent sur le terrain”, constate le président qui veut un système “plus responsabilisant en sortie d’études.“

Lutter contre les déserts médicaux

On va vivre dans les années qui viennent dans une situation qui va plutôt se dégrader en terme d’offre médicale“, a alerté le chef de l’État. “Il y a aura en 2025 environ 80 000 médecins généralistes en France“ a t-il indiqué, ajoutant que “les premiers effets de la fin du numerus clausus ne seront pas visibles avant cinq à huit ans“. Face à ce constat, “on va devoir réorganiser, décloisonner“, a prévenu Emmanuel Macron, souhaitant, pour cela, mettre en place des Conseils nationaux de la refondation (CNR) dans tous les territoires afin de “bâtir une feuille de route.“

Mieux rémunérer certains médecins

Pour répondre à la colère des généralistes – qui revendiquent un doublement de la consultation de base, de 25 à 50 euros – Emmanuel Macron mise sur l’incitation. “ Nous allons mieux rémunérer les médecins qui assurent la permanence des soins et prennent en charge de nouveaux patients“, a annoncé le président. En clair, “on sort d’un financement à l’acte pour passer à un financement à la mission“, a-t-il conclu. L’annonce de l’embauche d’assistants médicaux, afin de “libérer du temps au médical“, vise aussi à répondre à un autre problème pointé du doigt ces dernières semaines par les médecins généralistes : le temps dévolu au travail administratif.

Aider les patients atteints de maladie chronique

Le chef de l’État assure que les 600.000 Français atteints de maladie chronique, qui n’ont pas de médecin traitant s’en verront proposer un d’ici la fin 2023. “Il faut redresser, stabiliser et inciter à avoir une permanence des soins en ville. Les Français doivent [pouvoir] trouver facilement un médecin de garde“, a par ailleurs, déclaré Emmanuel Macron, qui a affirmé que “6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant.“ 

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