Urgence climatique, soutien au pays les plus pauvres, financement : les enjeux de la COP 27

La 27e édition de la conférence internationale sur le climat s’ouvre dimanche pour deux semaines à Charm el-Cheikh, en Égypte. Intensification des phénomènes climatiques extrêmes, tensions géopolitiques, pressions des pays pauvres pour obtenir un soutien financier : tour d’horizon de la COP 27 et de ses enjeux.

Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale“. Cette phrase cinglante prononcée par le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, dans un message vidéo posté il y a une dizaine de jours, donne le ton de la COP 27. Si l’alerte sur le dérèglement climatique est sonnée depuis longtemps, elle a désormais laissé place à des impacts négatifs concrets, vécus au quotidien dans un grand nombre de pays. Le contexte dans lequel se déroule cette 27e édition de la Conférence des parties appelle donc les Etats membres à accélérer dans leur action climatique. Ce sera tout l’enjeu de la 27e conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP) qui se tient à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre.

Depuis 1994, l’Organisation des nations unies (ONU) réunit chaque année presque tous les pays de la planète pour des sommets mondiaux sur le climat ou “COP“. La première COP s’est tenue à Berlin, en Allemagne, en 1995. La dernière en date, la COP26, s’est déroulée en novembre 2021 à Glasgow, en Ecosse. La conférence sur le Climat vise à évaluer les effets des mesures prises par les parties et les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Convention-cadre, à savoir stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre “à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse (induite par l’homme) du système climatique“.

Quels participants ?

Plus de 35 000 participants au total sont attendus en Egypte du 6 au 18 novembre, dont principalement des représentants du secteur privé et de la société civile.

125 chefs d’état et de gouvernement

La liste officielle des chefs d’État et de gouvernement qui  à la tribune de la COP27 en début de semaine prochaine compte près d’une centaine de noms. Parmi ceux-ci, on compte des leaders européens, dont le président français, Emmanuel Macron, qui prendra la parole lundi 7 novembre à 15h30, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et la première ministre italienne, Giorgia Meloni. Après avoir fait planer le doute pendant une semaine, le nouveau Premier ministre britannique se rendra lui aussi à la COP 27, où il retrouvera un certain Boris Johnson.

Les principales institutions (Commission européenne et Conseil européen) seront également représentées à Charm el-Cheikh, ainsi que des délégations d’organes et d’agences de l’UE. (Comité européen des régions ou Banque européenne d’investissement...)

Outre Atlantique, le président des Etats-Unis Joe Biden, dont le pays est l’un des plus gros émetteurs de CO2 dans l’atmosphère, a indiqué le 29 octobre son souhait de participer à la prochaine conférence pour le climat. “Il s’appuiera sur le travail considérable qu’ont entrepris les Etats-Unis pour faire progresser la lutte contre le changement climatique au niveau mondial“, a précisé la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, dans un communiqué.  Le Président américain Joe Biden viendra donc, mais plus tard, après les élections sénatoriales du 8 novembre, midterms cruciales pour la poursuite de son action notamment sur le climat.

Selon la liste des orateurs publié le 31 octobre par l’hôte égyptien, l’Argentine, le Japon, la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie n’envoient pas de dirigeants. L’Indonésie sera représentée par son vice-président. L’Australien Anthony Albanese fera également l’impasse sur la rencontre. Quant au président russe, Vladimir Poutine, blacklisté par la communauté internationale, son nom ne figure pas sur la liste des invités. Jair Bolsonaro, qui reste président du Brésil jusqu’à la prise de fonction de Lula da Silva le 1er janvier, ne fera également pas le déplacement. Le nouveau président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a annoncé en revanche sa venue. Probablement au cours de la deuxième semaine, selon Reuters.

Les plus grands émetteurs du monde d’émissions de  CO2 brilleront également par leur absence. Ainsi, ni le Chinois Xi Jinping ni l’Indien Narendra Modi ne sont attendus dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh. De même, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui affiche le pire bilan d’émissions du G7, n’est pas sur la liste, a confirmé mercredi son cabinet. C’est le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui dirigera la délégation canadienne présente à la COP27.

Greta Thunberg ne fera également pas le déplacement en Egypte. L’activiste écologiste a notamment estimé dimanche que ces événements sous l’égide de l’ONU sont surtout utilisés “pour toutes sortes de greenwashing“.

La liste des intervenants

COP 27-Liste des intervenants

Quels enjeux ?

Cette 27ème édition de la Conférence des parties sera bien sur l’occasion pour les pays participants de mesurer l’avancée des engagements pris en vue d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de 2 °C. Mais le contexte dans lequel elle se dérouleappelle surtout les Etats membres à accélérer dans leur action climatique. La présidence égyptienne a fixé quatre objectifs pour cette COP 27 :

– Atténuation: mettre en œuvre le pacte de Glasgow, revoir à la hausse les CDN

– Adaptation: progresser dans la réalisation de l’objectif mondial en matière d’adaptation, inscrire l’adaptation au cœur de l’action mondiale

– Financement: assurer le suivi des promesses et engagements existants, progresser dans la mise à disposition des 100 milliards USD annuels

– Coopération: entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.

Rehausser les objectifs climatiques

Parmi les quatre objectifs qu’elle s’est fixée, la présidence égyptienne a ainsi réaffirmé la nécessité pour les États de rehausser leurs objectifs climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris. Selon un nouveau rapport de l’Agence des Nations Unies pour le climat (CCNUCC), les efforts pour lutter contre le réchauffement climatique ne permettent pas en effet pour l’instant de “nous mettre sur la voie d’un monde à 1,5°C “. Les derniers engagements climatiques internationaux en date sont en effet “très loin“ de répondre à l’objectif de l’Accord de Paris pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle, a alerté mercredi 26 octobre la CCNUCC.

Une position soutenue par le Conseil de l’UE qui rappelle que les ambitions mondiales doivent être revues à la hausse de manière substantielle pour que l’objectif consistant à limiter à 1,5 °C l’élévation de la température de la planète “reste à notre portée, conformément à l’accord de Paris“. Les États membres de l’Union rappelant que, collectivement, les contributions déterminées au niveau national (CDN) et leurs mises à jour sont insuffisantes à ce stade.

Aider les nations les plus impactées

Le sommet doit aussi permettre aux Etats parties de réitérer leurs engagements pris lors de la COP26 en faveur d’une action mondiale renforcée en matière d’adaptation aux phénomènes météorologiques extrêmes. Seront ainsi également discutées, les différentes mesures à prendre pour parvenir à aider les sociétés à s’adapter aux bouleversements entrainés par le réchauffement climatique, notamment pour les communautés les plus vulnérables .

Lors de la COP 26, les Etats  avaient convenu d’au moins doubler le financement de l’adaptation, face aux conséquences du réchauffement climatique. De nombreux acteurs appellent aujourd’hui à ce que ces financements soient équivalents aux montants actuellement dépensés pour l’atténuation des effets du réchauffement climatique.  Selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, les besoins annuels pour l’adaptation sont désormais estimés entre 160 et 340 milliards de dollars d’ici à 2030 et entre 315 et 565 milliards d’ici 2050. Des sommes révisées à la hausse par rapport à une précédente estimation publiée il y a un an, du fait de l’augmentation des risques climatiques.

Financer l’aide aux pays les plus pauvres

La question cruciale du financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays pauvres sera au coeur de cette 27ème rencontre. Lors de la COP15 de Copenhague en 2009, les pays développés s’étaient engagés à porter à 100 milliards de dollars par an en 2020, l’aide à ces nations. Une promesse jusqu’ici non tenue : l’aide n’atteignait que 79,6 milliards de dollars en 2019. Dans un rapport publié ce jeudi, le Programme des Nations unies pour l’environnement considère que “les flux financiers internationaux destinés à l’adaptation des pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés et l’écart se creuse.“

L’Égypte, via la COP7 entend bien réaffirmer cette promesse, soulignant qu’il s’agissait d’une question de confiance entre les États du Nord et du Sud, qui montrerait “que les engagements réels sont respectés“. Car selon l’ONU, il manque encore environ 17 milliards de dollars sur ce total. En ce sens, les ONG pour le climat espèrent que les voix des États en développement seront d’autant plus entendus durant cette COP qui se déroule pour la première fois depuis six ans sur le continent africain.

Outre ces objectifs, la question des “pertes et dommages“ sera également probablement amenée sur la table. Ces “pertes et dommages“ sont les compensations financièrement accordées aux pays en développement par les pays développés pour les dégâts causés par l’augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES).

La COP27 doit enfin permettre de renforcer la promotion du partenariat et de la collaboration de l’ensemble des parties prenantes (gouvernements, secteur privé, société civile) pour atteindre les objectifs de la Convention-cadre.

Le programme

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