Clermont-Ferrand
France
Le 53e congrès du syndicat de la Confédération générale du travail (CGT) s’ouvre ce lundi à Clermont-Ferrand, jusqu’au vendredi 31 mars. Environ un millier de délégués sont attendus dans un contexte particulier, celui d’une mobilisation contre la réforme des retraites qui a rebondi après plus de deux mois de contestation, et dans laquelle la CGT est aux avant-postes. Comme l’ensemble des syndicats, la CGT a repris des couleurs à la faveur de la mobilisation contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans, portée par une intersyndicale unie autour du duo formé par Philippe Martinez et le leader de la CFDT, Laurent Berger.
“Préparer l’avenir“
“Outre le renouvellement de la direction confédérale, cette manifestation sera surtout l’occasion de préparer l’avenir, de tracer nos perspectives, de définir notre stratégie et notre démarche syndicale pour les trois prochaines années“, écrit la confédération sur son site dédié à l’évènement. Mais durant ses huit ans de mandat, la CGT a perdu sa place de première organisation syndicale au profit de la CFDT.
“Je ne fais pas de bilan, mais je sais ce que j’ai essayé d’impulser – pas tout seul. Sur certains sujets, la CGT a avancé. L’unité syndicale en est une illustration. Sur l’ouverture à d’autres acteurs de la société civile, nous avons également progressé“, déclare au Monde Philippe Martinez. Dans le même temps, le leader cégétiste reconnaît “un échec“. “C’en est forcément un“ admet-il. “J’assume que cette rétrogradation soit intervenue durant la période où j’étais à la tête de l’organisation – même si je pense que la CGT était engagée sur cette pente avant mon élection. On peut y remédier, mais il faut accélérer sur les thèmes que je viens d’évoquer.“ Reste que M. Martinez lègue une organisation profondément divisée, au point que l’issue du congrès est incertaine aux yeux de nombre de responsables syndicaux comme d’observateurs extérieurs.
Le document d’orientation
53e congrès – Le document d’orientationQui pour succéder à Martinez ?
(le JDD): Congrès de #la #CGT : qui va succéder à Philippe Martinez ? : Le congrès de la CGT se tient à partir de lundi à Clermont-Ferrand. L’actuel leader de la confédération Philippe Martinez n’est pas candidat à sa succession… https://t.co/sJGIXo1DUJ pic.twitter.com/ZtMtDddoDd
— Titrespresse.com (@titrespresse) March 24, 2023
Le secrétaire général de la CGT devrait défiler une dernière fois sous cette casquette mardi, dans les rues de Clermont-Ferrand. Car ce congrès sonne pour lui, l’heure du départ. Pour la première fois depuis sa naissance en 1895, une femme devrait prendre la tête du syndicat à l’issue du congrès. Mais l’incertitude demeure sur le nom de celle qui succédera à l’actuel secrétaire général. Deux candidates souhaitent “faire le job“ : Marie Buisson, défiée par Céline Verzeletti, cosecrétaire générale de l’UFSE (Union fédérale des syndicats de l’État). Également sur les rangs, le secrétaire général de l’Union départementale (UD) des Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu.
(le JDD): Congrès de #la #CGT : qui va succéder à Philippe Martinez ? : Le congrès de la CGT se tient à partir de lundi à Clermont-Ferrand. L’actuel leader de la confédération Philippe Martinez n’est pas candidat à sa succession… https://t.co/sJGIXo1DUJ pic.twitter.com/ZtMtDddoDd
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Marie Buisson : la candidate adoubée par Martinez
Secrétaire générale de la Fédération Education Recherche Culture (Ferc), une petite fédération à l’échelle de la CGT, elle est la candidate adoubée par Philippe Martinez. Ce dernier disait encore d’elle il y a quelques jours: “Je pense et je suis certain que Marie Buisson incarne le mieux cette CGT qui doit évoluer, d’autres pensent qu’il faut que la CGT revienne 30 ans ou 40 ans en arrière, c’est ça un débat d’orientations, ce n’est pas un débat de chefs.“
🗣 « Je souhaite que ce soit Marie Buisson, je pense que c’est la bonne personne pour continuer » affirme Philippe Martinez à propos de sa succession à la tête de la CGT en mars prochain.
📺 #franceinfo #ViPol canal 27 pic.twitter.com/FDeUnrVwSy
— franceinfo (@franceinfo) January 26, 2023
Reste que cette candidature est loin de faire l’unanimité. Les opposants de Marie Buisson lui reprochent une faible notoriété, de ne pas avoir mené de lutte emblématique, et de s’être surtout fait connaître pour avoir représenté la CGT au sein du collectif “Plus jamais ça“. Les prises de position écologistes de la candidate n’emballeraient pas, entre autres, la branche énergie de la CGT. Plusieurs grosses fédérations industrielles ne se retrouvent pas par ailleurs dans les orientations du collectif, notamment sur le nucléaire, et critiquent l’absence de débat démocratique au sein de la CGT sur cette alliance créée en mars 2020.
✊ La CGT va bientôt changer de leader et la succession de Philippe Martinez divise la Confédération. Le nom de Marie Buisson est évoqué mais son côté féministe et écolo ne plaît pas à tout le monde. #ApollineMatin pic.twitter.com/YMPOsK5oIN
— Apolline Matin (@ApollineMatin) January 31, 2023
Céline Verzeletti, la candidate du rassemblement
Bien que n’étant pas officiellement candidate, elle a le vent en poupe. Céline Verzeletti a en effet le soutien de plusieurs puissantes fédérations de la CGT, dont celles des cheminots ou de l’énergie, qui considèrent qu’elle “semble réunir les conditions d’un large accord, d’un rassemblement de l’ensemble des organisations de la CGT, et la possibilité d’un travail collectif au sein d’un Bureau confédéral solide et d’une Commission exécutive confédérale élargie, construits collectivement“, peut-on lire dans le relevé de discussions d’une réunion qui a eu lieu le 1er mars entre différentes fédérations. A 54 ans, Céline Verzeletti, qui a travaillé comme surveillante de prison, est aujourd’hui co-secrétaire générale de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat (UFSE) et membre du bureau confédéral de la CGT.
📢Qui succèdera à Philippe Martinez à la tête de la CGT ?
💬 "Marie Buisson incarne une ligne ouverte. Céline Verzeletti incarne les fédérations industrielles. Et Olivier Mateu, lui c'est très idéologique sur une ligne de rupture totale avec le capitalisme." @Bernard_Vivier_ pic.twitter.com/YpAoJwkgUf
— Sud Radio (@SudRadio) March 26, 2023
Olivier Mateu : l’outsider
Également sur les rangs, le secrétaire général de l’Union départementale (UD) des Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu. Sa candidature ne devrait toutefois pas être retenue, car elle n’a pas été jugée conforme aux statuts. Le nom de tout candidat lors du Congrès, doit en effet dans un premier temps être intégré à la liste des 60 membres de la future Commission exécutive confédérale (CEC), constituée par la commission de candidature à partir des personnes “mises à disposition“ par les fédérations et les unions départementales. Or, Olivier Mateu ne figure pas dans cette liste provisoire. Pour autant, cette “grande gueule » assumée, tenant d’une ligne dure, assure vouloir succéder à Philippe Martinez à la tête du syndicat.