Agnès Buyzin devant la commission d’enquête sur le Covid 19

Quand :
30/06/2020 Jour entier
2020-06-30T00:00:00+02:00
2020-07-01T00:00:00+02:00
Où :
Assemblée nationale
126 Rue de l'Université
75007 Paris
France

L’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buyzin, est convoquée par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, mardi 30 juin à 17h00.

Plusieurs ex-ministres de la Santé doivent passer devant la commission d’enquête cette semaine : Agnès Buzyn sera suivie mercredi par Marisol Touraine (ministre de 2012 à 2017) et Roselyne Bachelot (2007-2010), avant que Xavier Bertrand (2005-2007 puis 2010-2012) ne ferme le bal jeudi.

Lors de ce grand oral, l’ancienne ministre sera interrogée par les députés sur sa gestion de la crise du coronavirus. Car de nombreuses questions restent pour l’heure en suspens : où sont passés les masques? Etait-elle au courant de la pénurie qui allait frapper la France en cas de pandémie…Autant de questions épineuses, à propos desquelles l’ancienne ministre de la Santé, présentée comme l’une des bonnes élèves du gouvernement, va devoir se justifier.

Car les armes de ses adversaires sont déjà affûtées. « Elle était responsable de la préparation du pays à la crise« , juge un membre de l’opposition. Un autre tacle : « Elle disait qu’on avait des masques, qu’on était prêts, visiblement ce n’était pas le cas« . Agnès Buzyn sera d’autant plus attendue qu’on lui a souvent reproché d’avoir quitté le ministère précipitamment. Elle avait cédé la place à Olivier Véran le 16 février, en pleine montée du risque épidémique, pour être candidate LREM aux élections municipales à Paris.

La cruciale question des stocks de masques

Ce sera à n’en pas douter, la question au coeur des débats lors de cette audition.  Comment expliquer l’évaporation du stock stratégique d’Etat de masques de protection? En avril 2010, il se montait à 1 milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de masques FFP2, plus protecteurs, a indiqué le 24 juin à la commission d’enquête Didier Houssin, directeur général de la Santé (DGS) de 2005 à 2011. Mais début 2020, ce stock s’était réduit à 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes, 40 millions de masques pédiatriques, et plus aucune réserve de FFP2. Pour l’heure, l’audition des différents protagonistes de la DGS comme de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF) a laissé de nombreuses zones d’ombre. Qui a décidé de redimensionner ce stock ? A-t-il été réduit pour des raisons budgétaires ou pour répondre à une nouvelle stratégie ? Les masques étaient-ils destinés à la population ou aux soignants ? Les hôpitaux auraient-ils dû constituer leurs propres stocks ?

Afin de tenter de « faire la lumière », les députés interrogeront sans doute Me Buzyn sur les suites données à un courrier de l’agence sanitaire Santé publique France, qui recommandait en 2018 de reconstituer le stock de masques à hauteur d’un milliard d’unités. Ce courrier avait été adressé au DGS fin septembre 2018. En octobre, Jérôme Salomon avait donné l’ordre de commander seulement 100 millions de masques. La commande n’a ensuite été effectivement passée qu’en juillet 2019 : seuls 32 millions de masques sont arrivés au cours de l’année 2019, le reste n’étant reçu qu’en février dernier, alors que l’épidémie de Covid-19 venait d’atteindre la France.

Et la situation n’est guère plus rassurante côté médicaments : selon les informations communiquées aux députés par François Bourdillon, directeur de SpF de mai 2016 à juin 2019, 95 % des antiviraux du stock stratégique étaient périmés.

L’ex ministre « impatiente de s’expliquer »

Dans la majorité, on sait bien qu’Agnès Buzyn devra aussi très certainement s’expliquer sur ses propos tenus au journal Le Monde. Elle y avait qualifié de « mascarade » la tenue du premier tour en pleine épidémie de coronavirus et et assuré qu’elle “savait que la vague du tsunami était devant nous” au moment de son départ du ministère.. Des mots qu’elle a dit regretter dans un communiqué.

« C’est vrai, j’ai exprimé mon inquiétude depuis le premier jour parce que c’était mon rôle », a déclaré l’ex-ministre de la santé, avant de rappeler et de justifier les mesures prises par le gouvernement, dont elle se dit « totalement solidaire ». « Les propos [cités dans Le Monde], recueillis en pleine crise, doivent être pris dans leur contexte. Je regrette l’utilisation du terme de “mascarade”, qui dans mes propos concernait le fait de débuter des discussions de fusions de listes électorales dans le contexte que l’on connaît. »

Agnès Buzyn se dit impatiente de s’expliquer. « C’est très important pour moi d’avoir la capacité de dire ce que j’ai fait. J’attends cette prise de parole », assure-t-elle. Pas sûr que ses colistiers partagent cet enthousiasme. Dans l’entourage de l’ex-candidate à la mairie de Paris, on concède que le calendrier est compliqué. C’est « une accumulation d’épreuves où rien ne lui sera épargné« , se désole un conseiller. Avant d’ajouter : « Ce sera l’occasion pour elle de montrer son courage et sa ténacité« . Mais un autre membre de son équipe a la défaite plus amère : « On est entré dans une phase de coma. Avant d’être définitivement débranché« .

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