Crise ukrainienne : Emmanuel Macron à Moscou, puis à Kiev

Quand :
07/02/2022 – 08/02/2022 Jour entier
2022-02-07T00:00:00+01:00
2022-02-09T00:00:00+01:00
Où :
Moscou, Kiev
Moscou
Russie

Emmanuel Macron rencontre ce lundi 7 février à Moscou le président russe, Vladimir Poutine. Il s’entretiendra, mardi, avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev. Ces deux entretiens se dérouleront en tête-à-tête, a précisé l’Elysée, mais “en coordination avec les partenaires européens“.

Il s’agit de trouver le chemin d’une désescalade dans le dossier ukrainien, alors que la Russie a massé depuis trois mois autour de l’Ukraine 110.000 soldats, des centaines de missiles, blindés, hélicoptères et avions de chasse. “Nous n’allons pas obtenir de gestes unilatéraux“, a précisé Emmanuel Macron dans un entretien au Journal du Dimanche, “mais il est essentiel d’éviter une détérioration de la situation“ avant d’établir des mécanismes réciproques et des gestes de confiance.

Le président français a multiplié la semaine dernière les prises de contact. À trois reprises, il a échangé par téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, pour tenter de désamorcer la crise. Mais également, avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Selon l’Elysée, ces échanges  ont porté sur deux priorités. “La première, capitaliser sur les récentes avancées positives en format Normandie pour parvenir à une solution durable dans le Donbass. La seconde, engager la conversation sur les conditions de l’équilibre stratégique en Europe, devant permettre de constater une réduction des risques sur le terrain et garantir la sécurité sur le continent.

Le format Normandie  associe la France, l’Allemagne – toutes deux médiatrices – la Russie et l’Ukraine, et est censé mettre en œuvre les accords de paix de Minsk dans les enclaves séparatistes du Donbass.

Emmanuel Macron doit en la circonstance, s’imposer comme un interlocuteur utile. Et ce, alors que pour le maitre du Kremlin, le seul important à ses yeux est la Maison-Blanche, avec qui il peut discuter d’une priorité plus large que l’Ukraine : la réorganisation de l’architecture sécuritaire mondiale. Car, “l’objectif géopolitique de la Russie aujourd’hui n’est clairement pas l’Ukraine, mais de clarifier les règles de cohabitation avec l’Otan et l’UE“, estime le chef de l’État.

Les relations demeurent néanmoins complexes entre les deux hommes. La volonté de dialogue affichée en 2019 par le président français n’a en effet mené nulle part. S’il joue sa carte, c’est qu’à la différence d’autres dirigeants européens, Emmanuel Macron a toujours privilégié le “dialogue exigeant“ avec Moscou.

Après les nombreux soubresauts diplomatiques des dernières semaines, Vladimir Poutine semble en tout cas avoir trouvé en Emmanuel Macron un partenaire fort utile. “Je t’attends, je veux aller au fond des choses avec toi, tu es un interlocuteur de qualité“, lui a assuré Poutine au téléphone, confie-t-on à l’Élysée. Emmanuel Macron joue donc gros dans cette mission, qui pourrait s’avérer embarrassante s’il revenait les mains vides, alors que la France assure actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne.

Que peut-on espérer ?

Sur le fond du dossier, la présidence française assure qu’il “ne s’agit pas de tout régler“ mais d’établir un “accord de consensus“ avec les Russes, ainsi qu’une feuille de route des prochaines étapes. L’Elysée indique que le voyage a été motivé par certains “développements positifs récents“, pour parvenir à une solution pour le Donbass, la région contrôlée en partie par des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine. Vladimir Poutine a ainsi exprimé le souhait de progresser sur les accords de Minsk.

Emmanuel Macron espère ainsi repartir avec des signaux, voire des gages, de “désescalade“, notamment sur la ligne de front entre l’Ukraine et la Russie où des centaines de milliers de militaires sont déployés. Le président français devrait demander à son homologue d’en retirer ses troupes et de mettre fin à ses activités militaires en mer Noire, au Bélarus et dans les mers proches de l’Ecosse. “L’objectif géopolitique de la Russie aujourd’hui n’est clairement pas l’Ukraine, mais de clarifier les règles de cohabitation avec l’OTAN et l’UE”, affirme le chef de l’Etat dans son interview au JDD.

Tout en assurant que la priorité était la souveraineté de l’Ukraine, le chef de l’Etat a également laissé entendre que les occidentaux devaient rester flexibles face aux Russes : “La sécurité et la souveraineté de l’Ukraine ou de tout autre état européen ne peuvent faire l’objet d’aucun compromis de même qu’il est légitime que la Russie pose la question de sa propre sécurité“, dit-il. Emmanuel Macron n’espère pas obtenir le retrait des troupes russes à lui-seul comme il l’a expliqué hier au JDD : “Il faut être très réaliste. Nous n’obtiendrons pas de gestes unilatéraux mais il est indispensable d’éviter une dégradation de la situation“.

Dans sa besace. Le locataire de l’Elysée espère rapporter de son bref séjour moscovite au moins une bonne nouvelle au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’il rencontrera mardi. Dans ce jeu complexe, un autre chef d’Etat sert d’intermédiaire tant que Moscou et Kiev ne se parlent pas : le chancelier allemand Olaf Scholz, qui rencontre, de son côté le président américain, Joe Biden aujourd’hui.

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