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L’Assemblée nationale doit se prononcer ce mardi 12 mars sur la stratégie d’aide à l’Ukraine du gouvernement, lors d’un débat suivi d’un vote (article 50-1 de la Constitution). Après l’Assemblée, un débat similaire se tiendra au Sénat mercredi 13 mars.
Le Premier ministre Gabriel Attal donnera le coup d’envoi des débats à l’Assemblée nationale vers 16h30. Suivront les interventions des groupes politiques puis un vote, sans valeur contraignante sur l’accord de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024, qui devrait avoir lieu vers 20h30. L’organisation de ce débat, annoncé par l’Elysée dans un communiqué du 27 février dernier fait suite à une déclaration d’Emmanuel Macron, ayant évoqué le possible envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien. Une déclaration pleinement assumée et réitérée par le président français le 5 mars, lors d’un déplacement à Prague, en République tchèque.
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron assume de bousculer les Occidentaux et met en garde contre “l’esprit de défaite“
🗣"J’assume pleinement le sursaut stratégique auquel j’ai appelé" a martelé le président lors d'une conférence de presse à Prague. "On ne veut jamais voir les… pic.twitter.com/l3rBpUgXSO— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) March 5, 2024
Une position qui n’a pas manqué de faire réagir la classe politique française et une partie de la communauté internationale. “C’est une décision dont il devrait nous entretenir, avant même de l’annoncer. Là, le Parlement est incontournable, c’est dans la Constitution“, a déclaré Gérard Larcher, président du Sénat.
Plusieurs responsables d’opposition avaient également dénoncé une instrumentalisation de la question ukrainienne à des fins électorales alors que la campagne des élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024 débute. En parallèle, Berlin et Madrid notamment, mais aussi l’Otan, ont indiqué leur désaccord avec l’hypothèse d’un envoi de troupes, alors que l’Union européenne se cantonne depuis deux ans à un soutien financier et matériel.
Un moment de clarification politique
Alors qu’Emmanuel Macron a décidé de faire du conflit ukrainien un axe de la campagne pour les élections européennes, et que la majorité ne cesse de pilonner le Rassemblement National à ce sujet, ce débat a été pensé comme un moment de clarification politique. “Rien de mieux que le vote pour savoir où les gens habitent“ se félicitait un conseiller du président la semaine dernière. Ce vote, même s’il n’est que consultatif, sera donc scruté de très près par l’exécutif. “S’il est négatif, ça risque d’être plus compliqué pour le président de mener une politique au nom de la France“, anticipait-on du côté de l’Assemblée à la mi-journée hier. Les échanges s’annoncent houleux, alors que la majorité veut notamment pointer les “ambiguïtés“ du Rassemblement national et de La France insoumise à l’égard de la Russie. Samedi, le Premier ministre, Gabriel Attal avait multiplié les attaques contre “le clan Le Pen“, accusé de “faiblesses“ et de “mollesses“ face à la Russie de Vladimir Poutine.
Pourquoi le débat sur l’Ukraine à l’Assemblée nationale a tout de la première manche des européennes https://t.co/2pvL2vE1UD
— Le HuffPost (@LeHuffPost) March 12, 2024
Que vont voter les oppositions ?
Le Rassemblement National s’abstiendra
Alors que le RN entretenait encore soigneusement le suspense sur sa position hier, au prétexte qu’“on ne sait pas ce que va dire le PM“, Jordan Bardella, son président, a annoncé sur France 2 ce mardi matin que les députés de son groupe “s’abstiendront“ lors du vote. “Je ne souhaite pas qu’Emmanuel Macron dispose d’un blanc seing » a t-il déclaré en préambule. Pour justifier cette décision, le tête de liste RN aux européennes a évoqué des “lignes rouges“ parmi lesquelles l’envoi de troupes au sol et l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’Union européenne. « Nous sommes opposés à toute forme d’élargissement. “L’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne pourrait accroitre le risque d’escalade car nous devrions une assistance militaire à un pays en guerre au sein de l’Union“, a t-il expliqué, dénonçant également le “principe de dissuasion active“ évoqué dans l’accord de sécurité franco-ukrainien. Les Républicains pour leur part, n’ont pas arrêté de position et dénoncent une manœuvre politicienne.
🔴🗣️ INFO : Jordan Bardella annonce que le RN s'abstiendra sur le texte de l'accord bilatéral de sécurité France-Ukraine : "Je ne souhaite pas qu'Emmanuel Macron dispose d'un blanc-seing. Son escalade est dangereuse et irresponsable" #Les4V pic.twitter.com/gcQu3PJtly
— Telematin (@telematin) March 12, 2024
La gauche divisée
Du côté de LFI, Manuel Bompard s’était dit dans un premier temps opposé à un accord “qui contient en son sein la perspective de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan“ et à l’UE. Après s’être rassemblés en réunion de groupe, les députés de La France insoumise ont confirmé en fin de matinée, qu’ils voteront contre l’accord de sécurité franco-ukrainien qui va être débattu. “Ce débat sur l’Ukraine est un simulacre. C’est un simulacre parce qu’on ne demande pas de décider d’un accord de sécurité entre la France et l’Ukraine. Puisque cet accord a déjà été signé par Macron sans qu’on ait demandé l’avis à personne ! “, a indiqué le groupe lors d’une conférence de presse.
🏛 🇺🇦 Débat-Vote sur l'#Ukraine️ Ce sera sans eux. Après s'être rassemblés en réunion de groupe, les députés de La France insoumise @FiAssemblee ont annoncé qu'ils voteront contre l'accord de sécurité franco-ukrainien qui va être débattu à l'Assemblée nationale dans l'après-midi pic.twitter.com/j5WZa5K8iP
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) March 12, 2024
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lui aussi affirmé dimanche que son groupe voterait contre “si le discours du Premier ministre reprend les éléments qu’il y a dans le traité“, accusant le camp présidentiel de devenir “le parti de la guerre“.
Fabien Roussel annonce qu'il ne votera pas pour le plan de soutien de la France à l'Ukraine, plébiscité par Emmanuel Macron, dans #LeGrandRDV pic.twitter.com/qhC00Gwae0
— CNEWS (@CNEWS) March 10, 2024
Côté PS, le premier secrétaire du Parti Socialiste, a réaffirmé ce mardi matin l’“évidence au soutien à la résistance“ contre la Russie. “Depuis février 2022, nous n’avons jamais varié et nous avons toujours considéré qu’il y avait une évidence au soutien à la résistance ukrainienne face à un adversaire, la Russie qui n’a jamais été un partenaire fiable“ a déclaré sur France Info Olivier Faure. Une position confirmée en fin de matinée, où le député Arthur Delaporte indique que les députés socialistes “voteront pour cette résolution“. “Pour les écologistes, le vote sera favorable“pour la résolution affirmant le soutien de la France à l’Ukraine, a annoncé la présidente du groupe à l’Assemblée nationale Cyrielle Chatelain.
Débat sur l'Ukraine : les députés socialistes "voteront pour cette résolution", affirme @ArthurDelaporte.
"Nous serons aux côtés des Ukrainiens jusqu'à la victoire, c'est-à-dire jusqu'au retour de leur pleine souveraineté sur les frontières de 1991."#DirectAN pic.twitter.com/s8uX94BNfp— LCP (@LCP) March 12, 2024