Hommage national à Robert Badinter

Quand :
14/02/2024 Jour entier
2024-02-14T00:00:00+01:00
2024-02-15T00:00:00+01:00
Où :
Ministère de la Justice
13 Pl. Vendôme
75001 Paris
France

La mémoire de Robert Badinter sera honorée par la République, ce mercredi 14 février. Un hommage national sera rendu à l’ancien ministre de la justice, artisan de  l’abolition de la peine de mort en France, décédé  dans la nuit du jeudi 8 au 9 février, à l’âge de 95 ans. La cérémonie se déroulera à 12 heures, place Vendôme à Paris, siège du ministère de la Justice, a indiqué samedi 10 février l’Elysée.

Je crois que la Nation a perdu à coup sur un grand homme, un très grand avocat, un très grand garde des sceaux qui a conduit pour notre pays l’abolition [de la peine de mort], mais aussi des réformes importantes du code pénal (…) et puis un président du Conseil constitutionnel qui a eu un rôle essentiel à jouer dans la vie de notre démocratie durant de nombreuses années“, a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse lors d’un déplacement à Bordeaux, vendredi 9 février. “C’était aussi pour moi un sage qui a toujours permis d’éclairer les décisions les plus délicates“, a jouté le président, avant d’annoncer la tenue d’un hommage national.

Le chef de l’Etat a précisé qu’il s’exprimerait, lors de cet hommage, sur la question d’une éventuelle entrée au Panthéon de l’ancien président du Conseil constitutionnel. “Ces choses-là prennent du temps“, a-t-il toutefois affirmé.

Une figure du siècle

Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français“, a salué Emmanuel Macron, ajoutant : “Il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales.“

La combat de l’ancien garde des sceaux de François Mitterand contre la peine de mort trouve son origine au matin du 28 novembre 1972 : un de ses clients, Roger Bontems, complice d’une prise d’otages meurtrière, vient d’être guillotiné. “Je me suis juré, en quittant la cour de la Santé ce matin-là à l’aube, que toute ma vie je combattrais la peine de mort“ avait-il déclaré en 2021 à l’AFP.

Dès l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l’avocat porte le projet de loi d’abolition de la peine de mort, mettant ainsi en œuvre une promesse de campagne du président socialiste. Le 17 septembre 1981, dans un discours enflammé de plus de deux heures tenu devant l’Assemblée nationale, il déclare : “J’ai l’honneur, au nom du Gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France ». “Puis il ajoute : “Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue (…). Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort“. La loi “portant abolition de la peine de mort“ est promulguée le 9 octobre 1981. 25 ans plus tard, le 19 février 2007, l’abolition est inscrite dans la Constitution par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Robert Badinter déclare alors : “La peine de mort est vouée à disparaître de ce monde comme la torture, parce qu’elle est une honte pour l’humanité. Jamais, nulle part, elle n’a fait reculer la criminalité sanglante.

Un hommage place Vendôme

L’hommage national à Robert Badinter, débutera à 11 heures, place Vendôme à Paris, devant le ministère de la Justice. La famille de l’ancien garde des sceaux se présentera à 11h45, avant que le président de la République ne préside la cérémonie proprement dite à partir de midi. Son arrivée sera suivie par l’entrée du cercueil de Robert Badinter, en musique. L’hommage se poursuivra par un discours d’Emmanuel Macron, qui se recueillera ensuite devant le cercueil, avant qu’une minute de silence soit respectée. La sonnerie aux morts puis la Marseillaise concluront la cérémonie.

Le chef de l’État devrait s’exprimer sur l’éventualité de l’entrée au Panthéon de Robert Badinter. Selon France Inter, Emmanuel Macron qui n’est pas opposé à l’idée, a laissé l’un de ses conseillers présenter à la famille du défunt les modalités possibles pour ce faire (une plaque, un cénotaphe, une inhumation). Dans l’entourage du chef de l’Etat, on confirmait hier à demi-mot, tout en rappelant qu’il appartenait “d’abord à la famille, en liberté, de prendre le temps qu’elle jugera nécessaire pour se prononcer“. En l’absence de critères précis sur les panthéonisations, la décision est celle du président, mais le dernier mot revient en effet toujours aux proches.

Les élus LFI et RN, “persona non grata“

La veuve de l’ex-président du Conseil constitutionnel, la philosophe Elisabeth Badinter, l’a fait savoir à l’Elysée hier : ni les lepénistes, ni les mélenchonistes ne sont les bienvenus à la Chancellerie.

Un choix respecté par le RN, dont la figure historique, Marine Le Pen a indiqué mardi : “Nous participons toujours aux hommages nationaux, quelle que soit la personne à qui on rend hommage“ (…) Mais là “On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaitée, nous respectons, je ne veux pas polémiquer.“ LFI sera en revanche représentée lors de la cérémonie. “Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés par Caroline Fiat, vice-présidente de l’Assemblée nationale et Eric Coquerel, président de la Commission des Finances“, peut-on lire dans un communiqué des Insoumis.

Suivre en direct la cérémonie

L’hommage national sera retransmis en direct par les chaînes télévisées qui pour la plupart bouleversent leur programmation.

Éditions spéciales sur TF1 et France 2 

France 2 annonce une programmation spéciale dès 9 h 25. Après sa matinale, la chaîne diffusera le documentaire inédit “Robert Badinter, un cri de révolte“. Puis, à 10 h 50, une édition spéciale sera présentée par Jean-Baptiste Marteau, en direct simultané sur France 2, France Info etTV5MONDE. Le journaliste sera accompagné de Nathalie Saint-Cricq, Michèle Cotta, journaliste et écrivaine, Patrick Maisonneuve, avocat et Erik Orsenna, écrivain, académicien et ancienne plume de François Mitterrand, pour évoquer le parcours et l’héritage de Robert Badinter. Avec en parallèle, des duplex avec les envoyés spéciaux Guillaume Daret, Jeff Wintenberg et Maëva Damoy depuis la place Vendôme, et en région.

Édition spéciale également sur Tf1 à partir de 11 heures, avec une retransmission en simultané de l’hommage national sur LCI.

Programmation spéciale sur Public Sénat

La chaîne parlementaire Public Sénat bouleverse elle aussi ses programmes. La journaliste Oriane Mancini prendra l’antenne à 11h30 pour une émission spéciale, qui se poursuivra après la cérémonie. Elle sera entourée notamment en plateau de : Jean-Pierre Mignard, avocat au Barreau de Paris,  David Assouline, ancien sénateur (PS) de Paris et Pascal Perrineau, politologue, professeur à Sciences Po Paris. A la suite de cette édition spéciale, Public Sénat proposera la rediffusion d’un entretien de Robert Badinter à son domicile, mené par Rebecca Fitoussi dans l’émission “Un monde, un regard“. Un entretien enregistré en 2021, à l’occasion des 40 ans de l’abolition de la peine de mort.

 

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